Liviu aurait une tendance à la goujaterie et aux accès de violence. Quatre femmes pourraient en témoigner. Le prévenu estime, quant à lui, être victime d’un complot.
Liviu aurait fait vivre un calvaire à trois de ses petites amies et à son ancienne épouse. Cette dernière dit être encore terrorisée au point d’avoir demandé à pouvoir témoigner dans une autre salle que celle où comparaissait le prévenu jeudi 3 février après-midi.
Si elle dit vrai, l’homme de 46 ans, originaire de Roumanie, a été tout sauf tendre avec elle. Et avec sa dernière compagne. Le 21 juin 2017, Liviu aurait séquestré cette dernière dans son appartement après lui avoir fracturé un os de la main gauche au cours d’une dispute.
Il lui aurait confisqué son téléphone pour qu’elle ne puisse pas contacter la police. La victime dit avoir menti sur la nature de sa blessure à sa famille, apeurée par des menaces de la part de Liviu.
Entre le 4 et le 21 décembre de la même année, il se serait livré à des coups et blessures volontaires, notamment au marché de Noël de Strasbourg et à Colmar. Il lui est également reproché d’avoir violé sa compagne à plusieurs reprises entre novembre 2017 et fin janvier 2018.
Le prévenu nie les faits, à l’exception de la fracture de la main qui serait une blessure infligée alors qu’il se serait défendu. À la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier, Liviu a crié au complot entre son ancienne épouse Christiana et son ancienne compagne.
Le prévenu raconte avoir rencontré la victime présumée dans un avion en avril 2017. Chacun vivait chez soi, mais quand ils se retrouvaient, cela faisait des étincelles. La jeune femme avait, selon elle, peur que Liviu devienne agressif et n’osait donc rien lui refuser. Lui, il lui aurait promis de changer, a expliqué un expert psychiatre chargé de l’expertise de crédibilité de la jeune femme.
Ces promesses ne l’ont pas empêchée de se renseigner à plusieurs reprises auprès de la police avant de finalement déposer plainte et de mettre un terme à la relation. L’expert a écarté les hypothèses qui pourraient l’avoir poussée à accuser le prévenu à tort et a estimé que la victime présumée dit la vérité.
Les propos tenus par la jeune femme lors de ses dépositions sont appuyés par ceux de l’ex-femme du prévenu. «J’ai eu peur pour ma vie la plupart du temps qu’a duré notre mariage», témoigne celle-ci par vidéo.
«Il pouvait être le meilleur mari du monde, mais quand il perdait le contrôle – souvent pour de toutes petites choses –, il devenait quelqu’un de différent.» Elle espère que son long témoignage sera la dernière fois qu’elle aura à parler de Liviu. «Il me voulait pour lui tout seul. Je n’avais plus personne pour me dire si j’avais raison ou pas.»
«Inversion des rôles»
Comme la victime présumée, Christiana avait espéré que Liviu change. «Je ne m’imaginais pas être la présidente du club des femmes battues par mon ex-mari», a-t-elle lancé. Sur le banc des prévenus, Liviu baisse la tête. Son regard bleu est de moins en moins perçant au fur et à mesure qu’elle revient sur leur trois années de mariage.
La quadragénaire noircit le tableau de son ancien mari et l’enquêtrice de la police en remet une couche. Elle raconte toutes les fois où la victime s’est rendue à la police avant d’oser donner le nom du prévenu ou de déposer plainte le 26 janvier 2018.
Entendu par la police, Liviu se serait victimisé : son ancienne petite amie lui aurait fait du chantage au mariage. La jeune femme aurait confié à la police qu’il était «impulsif et très dominant».
Le mot «peur» est revenu souvent dans la bouche de la policière. Une peur qui aurait tétanisé la jeune femme et l’aurait poussée à accepter les mauvais traitements et des rapports sexuels sous la contrainte.
«Christiana et la victime présumée ne se connaissent pas, mais la manière dont elles décrivent à l’identique le prévenu est frappante», note la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le prévenu «inverse les rôles».
Après la rupture, il n’aurait pas lâché la victime présumée, lui aurait envoyé des messages jusqu’à ce qu’elle lui demande d’arrêter. Mais il n’aurait rien voulu entendre.
Une situation analogue que deux autres jeunes femmes disent avoir connue à Bruxelles et à Luxembourg en juillet 2014 et en août 2015. Selon les policiers, il leur a affirmé «avoir un don pour attirer les femmes vengeresses» sans réaliser que son attitude était à l’origine des réactions négatives de ses compagnes, décrit l’enquêtrice. «Il se présente à chaque fois comme le pacificateur qui prend les coups.»
Le procès se poursuit ce matin avec notamment le témoignage à la barre de la victime présumée.