Max semblait abattu mardi. Le jeune homme est accusé d’avoir violé une amie le soir de ses 18 ans. La veille, le procureur a requis 4 ans de prison ferme à son encontre.
Max est suspecté du viol de Sam, une amie rencontrée sur les réseaux sociaux, le soir de la fête organisée pour ses 18 ans en novembre 2017. Le jeune homme de 22 ans aujourd’hui nie les faits. Sam aurait consenti à un rapport sexuel avec lui à condition qu’il utilise un préservatif et qu’il soit doux. Voyant que l’acte aurait été douloureux pour l’adolescente, il y aurait mis un terme après deux ruades de Sam. Il n’aurait pas non plus eu de gestes déplacés envers elle à deux reprises après le viol présumé. Sam lui aurait pourtant répété à plusieurs reprises ne pas être attirée par lui et ne souhaiter qu’une amitié sincère.
L’expertise de crédibilité de la victime présumée tend à accréditer la version de la jeune fille, a estimé un psychologue lundi. Le prévenu se serait, quant à lui, discrédité auprès de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg en apportant des modifications à ses déclarations tenues aux policiers, voire carrément une nouvelle version des faits. Mal à l’aise à la barre et un brin agressif alors qu’il est mis face à ses contradictions par la présidente, il n’a pas convaincu.
De plus, des messages échangés avec Sam après les faits, dans lesquels le jeune homme s’excuserait, ont amené la représentante du ministère public à estimer que les infractions de viol et d’attentats à la pudeur étaient bien données. Elle a requis une peine de quatre ans de prison ferme à l’encontre de Max, estimant que sa seule circonstance atténuante était son casier vierge. Elle avait notamment reproché une attitude à la barre «plus que spéciale» au prévenu et souligné qu’il «ne prend pas ses responsabilités».
Les interrogations de la défense
Un réquisitoire auquel l’avocat du prévenu, Me Bingen, a répondu mardi après-midi. L’avocat essaye de comprendre pourquoi une jeune femme, victime présumée de viol, va se coucher dans le lit de son agresseur au petit matin et passe une partie de la journée qui a suivi les faits comme si rien ne s’était produit. Comme cela aurait été le cas, selon le récit de Sam et de certaines personnes présentes ces 18 et 19 novembre 2017 au domicile de la maman du prévenu. «Pourquoi Sam n’a-t-elle pas cherché à partir si elle estimait que ce que Max avait fait était mal ?», interroge l’avocat de la défense et «pourquoi a-t-elle mis 16 heures pour s’en apercevoir ?»
Le prévenu n’aurait certes pas un caractère facile, comme sa maman – fâchée – l’aurait confié aux policiers après que Sam est allée déposer plainte contre son fils, mais il essayerait de reprendre sa vie en main. Après avoir tenté diverses formations et avoir repris ses études, il aurait actuellement un travail, explique Me Bingen. Il en a appelé à la clémence de la 9e chambre criminelle si elle devait le juger coupable des faits et a plaidé en faveur d’un sursis.
Me Bingen a également contesté la demande de la partie civile. Même s’il estime qu’une victime a droit à un dédommagement, la somme de 86 000 euros réclamée par Sam serait injustifiée. Il s’est employé à la décortiquer et à soulever les incohérences en se basant sur le rapport d’expertise de crédibilité. Sam aurait, par exemple, dit avoir déjà souffert de crises d’angoisse et avoir déjà eu des tendances dépressives et des ennuis gastriques avant le viol présumé. Or, dans sa demande de partie civile, elle les attribuerait aux faits.
Me Bingen a également invoqué le dépassement du délai raisonnable. Un moyen rejeté par le parquet qui a rappelé que si du temps a été perdu, ce serait parce que son client se serait présenté sans avocat lors d’un premier procès et aurait réalisé qu’il valait peut-être mieux se faire assister. L’avocat de Max rend les coups. Max, abattu, n’a rien souhaité ajouter quand la présidente de la chambre criminelle lui a accordé le dernier mot.
Le prononcé est fixé au 24 mars prochain.