L’arrivée de «Kiki» au Spartak est actée. Et c’est bien plus monumental qu’il n’y paraît.
On attendait Christopher Martins en Bundesliga la saison prochaine. Il sera en Russie dès cet hiver. Et à bien peser l’affaire, ce n’est peut-être pas si mal. Il n’est qu’à voir l’effort consenti par le Spartak Moscou pour s’attirer les faveurs du milieu de terrain récupérateur : les médias russes évoquaient hier la somme faramineuse de 9,6 millions d’euros.
Sa valeur marchande était pourtant estimée encore récemment à seulement 3,5 millions, mais il faut croire qu’à 24 ans, «Kiki» a passé, depuis Berne, le cap qui l’empêchait encore d’entrer dans le cercle très fermé des joueurs européens qui comptent.
Son autorité, son tranchant jusque dans les rencontres de Ligue des champions face à Manchester United, Villareal ou l’Atalanta ont accéléré le temps, puisqu’il était évident que les Young Boys le lâcheraient au plus tard l’été prochain.
Et ce transfert a fait son petit effet. En tout cas, il a déjà séduit le sélectionneur, qui ne voit pas pourquoi son joueur devrait avoir le moindre regret de prendre le chemin de Moscou plutôt que celui de l’Allemagne.
«La Russie, si je ne m’abuse, est en bagarre avec la France au ranking UEFA, non?, s’interroge Luc Holtz. Elle n’est pas loin d’être un des cinq grands championnats continentaux ! Ici, forcément, on suit la Bundesliga, mais quel est le niveau réel de la Bundesliga finalement ? Hormis le Bayern Munich, les résultats européens ne sont pas grandioses. Il ne faut pas se voiler la face. Déjà, le Spartak, niveau budget, c’est du lourd. Et ses adversaires ? Krasnodar, le CSKA, le Zenit… Tous les week-ends, c’est du très haut niveau. Et dans cet effectif, il n’y a que des internationaux.»
Et quoi ? Bientôt «la Premier League»?
Il suffit, finalement, de se pencher sur la valeur des deux effectifs pour comprendre qu’effectivement, Christopher Martins a basculé dans une nouvelle dimension. Les Young Boys Berne ont certes participé à la phase de groupes de la Ligue des champions avec un effectif qui pèse 59 millions d’euros.
Mais le Spartak, club populaire, soutenu par de bruyants ultras et un stade de 45 000 places, en a lui un de… 120,35 millions, soit plus du double. Et lui a passé les poules en Europa League, laissant derrière lui Naples (avec un effectif qui pèse 505,85 millions) et Leicester (513 millions). C’est le grand monde dont on parle là, et l’ancien joueur du RFCU s’y frottera à l’occasion des 8es de finale de la C3.
La progression de Christopher Martins n’est pas achevée, qu’on se le dise. La Russie ressemble à une étape. Le Français Samuel Gigot ne vient-il pas d’être transféré à Marseille ? Luc Holtz, là aussi, a une partie de la réponse à cette question. «Il y aura forcément une prochaine étape. Quelque chose comme la Premier League», assure le sélectionneur, qui expédie déjà son poulain dans le Saint des Saints. Suffirait à Martins de conserver son rythme actuel, c’est-à-dire sans blessure.
Aller chercher une place européenne au forceps, en fin de saison, ne serait pas du luxe non plus. En attendant, le voilà joueur le plus cher de l’histoire du football luxembourgeois, alors même que Leandro Barreiro, son binôme des Roud Léiwen, est estimé de son côté à 11 millions. Le Luxembourg aurait-il désormais une paire de récupérateurs à 20 millions, alors que Sébastien Thill a de son côté raté de peu l’occasion de s’exfiltrer de Moldavie après une splendide phase de poules de C1 avec le Sheriff et que Diogo Pimentel vient lui de devenir professionnel en D2 danoise, à Jammerbugt, et de frapper un premier grand coup d’un but de cinquante mètres en amical contre Malmö.
Non mais quelle ambiance il va y avoir dans l’entrejeu, en mars… Avec en maître de cérémonie, Christopher Martins.