Max est soupçonné d’avoir eu un rapport sexuel non consenti avec Sam le soir de la fête de ses 18 ans. Quatre ans plus tard, il risque une peine de prison ferme pour viol.
Sam avait prévenu Max à de nombreuses reprises, selon elle. Elle acceptait d’assister à la fête pour ses 18 ans et de dormir sur place, mais elle ne céderait pas à ses avances. La jeune fille de 16 ans au moment des faits considérait le prévenu seulement comme un ami. Pourtant, le soir du 18 novembre 2017, le jeune homme n’aurait pas respecté la jeune femme. Il comparaissait lundi pour viol et attentat à la pudeur face à la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
La fête d’anniversaire se déroulait dans la cave du domicile de la mère du prévenu. Sam aurait mis des vêtements plus confortables dans la chambre de Max où elle devait passer la nuit. Le jeune homme y aurait vu une occasion de forcer sa chance malgré tout. Il aurait tenté d’embrasser l’adolescente à plusieurs reprises avant de glisser sa main dans son pantalon de jogging, puis de le lui enlever et de tenter de la pénétrer après l’avoir fait basculer sur le lit, a relaté une enquêtrice. La victime aurait tenté de le repousser à plusieurs reprises et lui aurait demandé d’arrêter. Ce qu’il finira par faire.
Les deux jeunes auraient rejoint les invités de la fête comme si de rien n’était. Max aurait à nouveau eu des gestes déplacés envers Sam, qui l’aurait à nouveau repoussé. Max aurait perdu patience et brisé l’ampoule de la cave. Il aurait retenté sa chance au petit matin, a poursuivi l’enquêtrice. Sur le moment, Sam aurait fait comme si de rien n’était, pas tout à fait consciente de ce qu’elle aurait subi. Elle avait craqué le lundi matin au lycée.
Max, lui, nie le viol et prétend que cela ne se serait pas passé comme Sam le dit. Pourtant, de l’aveu de sa propre mère aux policiers, le comportement de Max avec les filles ne serait pas toujours exemplaire. Sam a, quant à elle, maintenu sa version des faits à la barre avant de se constituer partie civile. Elle demande 86 000 euros de dommages et intérêts. La jeune femme souffre encore des séquelles, a confirmé l’expert psychiatre en charge d’étudier sa crédibilité. Selon lui, sa parole n’est pas à mettre en doute.
«Un parfait gentleman»
«On a fait la fête», a rapporté Pierre, qui ne se souvient pas de tensions ou de complications lors de la soirée d’anniversaire. La maman du prévenu est, quant à elle, revenue sur ses propos tenus à la police. Elle a souvent parlé des faits avec son fils. «Il m’a juré mille fois ne pas avoir violé Sam et je le crois», a-t-elle indiqué lundi. Selon elle, une victime de viol ne retourne pas dormir dans le lit de son agresseur et cherche à fuir. «Je le connais, je sais quand il ment», s’est-elle défendue.
Max a raconté avoir embrassé et caressé l’entrejambe de Sam jusqu’à ce qu’elle le repousse. Elle aurait consenti à un rapport sexuel à condition qu’il mette un préservatif. La jeune fille aurait ressenti des douleurs et le jeune homme a mis un terme à l’acte. Il ne l’a pas touchée à l’entrejambe par la suite, a-t-il avancé d’une voix tremblante. À peine lui aurait-il effleuré la cuisse. Il n’aurait pas cassé l’ampoule par dépit, ni proposé d’argent pour avoir un rapport sexuel.
Il serait tombé des nues quand la jeune fille lui a parlé de viol dans des messages. «Elle m’a repoussé deux fois et je me suis levé», a-t-il noté. La présidente de la 9e chambre criminelle a repris le jeune homme en indiquant qu’il s’agissait d’une nouvelle version des faits. «Pourquoi vous êtes-vous excusé de ce qui est arrivé dans les messages échangés le lendemain, si vous n’aviez rien à vous reprocher et qu’elle était consentante ?», l’a interrogé la juge. Le jeune homme de 22 ans peine à convaincre. Il s’emporte. La présidente le met face à ses contradictions.
Les déclarations de la victime ont toujours été constantes, selon le procureur. Elle a toujours été claire avec Max. «Elle avait le choix entre partager un canapé avec un inconnu ou un lit avec un ami», a souligné la magistrate. Elle aurait choisi la solution qui lui aurait paru la plus sûre. Quel intérêt aurait-elle à mentir ?, a demandé le procureur, «contrairement au prévenu» qui, «quatre ans après les faits, a plus de détails en tête que le lendemain des faits» et prétendrait s’être comporté «en parfait gentleman». «Dommage que nous ayons des messages», qui seraient «très parlants». Elle a requis une peine de quatre ans de prison à son encontre pour viol et attentat à la pudeur. Énervée, elle a rappelé qu’«on ne peut pas reprocher sa manière de réagir à une victime de viol» et que «la passivité due à la sidération n’est pas un consentement».
L’avocat du jeune homme prendra la parole ce mardi après-midi.