Le nouveau défenseur central de Wiltz n’a que 24 ans mais une présence qui pourrait relancer complètement la douzième défense du pays.
C’était, en quelque sorte, un amour de jeunesse. Qui a fini par se concrétiser. Robert Janssen, le directeur sportif du FC Wiltz, est tombé sur le petit Alexandre Roselli, alors aspirant à l’Olympique lyonnais, quand il écumait tout l’Est de la France et faisait la tournée des Strasbourg, Nancy, Metz… dans le cadre du championnat de National avec une future génération de cracks lyonnais, les Aouar, Tousart, Kalulu. Janssen était alors agent de joueurs et n’a plus cessé, depuis, de suivre ce défenseur central passé par la D5 espagnole (San Ignacio, Carthagène) et qui vient de boucler trois saisons en National 3, à Bourgoin-Jallieu. Roselli, nouveau binôme de Dachelet dans l’axe nordiste, était déjà passé par le Nord du Luxembourg en avril dernier, pour un essai, mais n’avait pas finalisé. Six mois plus tard, le voilà sous maillot rouge et Robert Janssen en frémit de plaisir : «Ça faisait un bout de temps que je le suivais, le petit!»
Il y avait urgence car la théorie des dominos a frappé Wiltz cet automne : le départ de son coach, Dan Huet, a entraîné la promotion au poste de David Vandenbroeck, qui a lui dû promouvoir sur le terrain, pour le remplacer, Hamza Cetinkaya qui… ne lui a pas donné satisfaction. Le reproche : il ne parlait pas. Roselli, c’est tout le contraire : «Oh vous savez, sourit le Français de 24 ans, je ne suis quand même pas du genre à gueuler la veille ou l’avant-veille! Mais le jour même, je parle, je tranquillise. Par contre, sur le terrain, je ne veux pas perdre, alors je parle. Je crie même, s’il faut. C’est ça le foot, c’est se parler». Problème réglé.
15 à 20 coups francs chaque fin de semaine
Et ce n’est pas le seul. Car Roselli est un défenseur central qui tire les coups francs. Pas pour la forme, mais pour les mettre au fond. Depuis la reprise, il en a déjà marqué deux avec les Nordistes. Pas illogique, puisque lui qui a grandi dans le club de l’un des plus grands frappeurs de l’histoire, le Brésilien Juninho, survole le domaine depuis tout jeune. «La qualité de pied, ça se travaille. La puissance, la précision… Chaque fin de semaine, j’en frappe entre une quinzaine et une vingtaine en fonction de mon énergie. Parce que ça tape sur les muscles comme activité… J’avais demandé à David (Vandenbroeck) de me mettre ça en place, il l’a fait. En règle générale, je pense qu’on a tous des dons et qu’il faut bosser dessus pour sortir du lot. Certains sont nés pour faire des trucs, moi, c’est tirer les coups francs. En Espagne, j’en ai inscrit cinq sur une saison.» Ce n’est pourtant pas pour ça que Wiltz l’a fait venir.
C’est que le garçon a été formé par les meilleurs. Dans son dernier club de Bourgoin? Par l’ancien joueur du PSG et de Lyon (plus de 400 matches de L1) Jérémy Clément. «Un coup du destin. C’est un milieu récupérateur mais lui et moi, on a besoin de la même agressivité dans les duels.» Il en a donc beaucoup appris. À Lyon? Chaque match de Youth League a donné à Roselli, Lyonnais pur sucre (il a grandi à Décines, là où est installé le nouveau stade), l’occasion de travailler avec l’ancien défenseur central brésilien Cris (17 sélections avec les Auriverde). Toutes proportions gardées, c’est un peu comme si l’on proposait à un jeune du centre de formation du Real Madrid d’être formé par Sergio Ramos ou un jeune du Milan AC d’apprendre de Paolo Maldini. «Cris, c’est un joueur mythique chez nous. Il s’occupait de nous seulement pour les matches européens mais j’en ai regardé beaucoup, de ses vidéos.» Sous les ordres du grand chauve, Roselli et ses chatoyantes bouclettes ont notamment affronté en 8es de la Youth League l’une des récentes grandes générations de l’Ajax Amsterdam, celle des van de Beek, Dolberg, De Ligt… Défaite sèche, 0-3. «C’est drôle, avoue-t-il, ce match, je l’ai regardé en vidéo il y a deux jours avec mes colocataires, Sasha Diakiese et Alexandre Ippolito. Je leur ai dit que j’avais un truc à leur montrer, ils n’y croyaient pas. Et comme souvent, je me suis pris à rechercher où en étaient tous mes anciens coéquipiers. Certains ont bien réussi, mais vu là où j’en suis, par rapport à d’autres, je suis encore dans les temps!»
Roselli, qui a disputé la finale du championnat de France U19 (perdue) contre le PSG de Nkunku en 2016, rencontré en catégories jeunes de futurs cadors comme Killian Mbappé, Marcus Thuram ou Kingsley Coman, disputé un amical avec Carthagène, un FC Barcelone du pauvre avec Ousmane Dembélé en pointe, a aussi évolué avec Christopher Martins, du côté de l’OL. «Ses apparitions en sélection l’avaient rendu plus mature que beaucoup de joueurs.» David Vandenbroeck va aider Roselli à devenir mature à son tour, à «se corriger, se rectifier». Mission maintien, mais avec hauteur de vue et, surtout, de voix.