Au lieu des 300 exemplaires habituels, le pays en recevra de 1000 à 1800, selon Christian Schock, le président du distributeur de presse Valora.
Les ventes de journaux, notamment français, ont fortement augmenté depuis les attentats. (Photos : AFP/François Aussems)
Depuis les horribles assassinats perpétrés mercredi dernier dans la rédaction de Charlie Hebdo, c’est un fait, la presse se vend très bien. Besoin de s’informer, de garder ces numéros pour leur caractère historique… Plus l’évènement impacte nos vies, plus on ressent le besoin de rattacher nos souvenir à un bien matériel. Le papier a donc de l’avenir.
Pour le symbole mais aussi pour la lutte, les rescapés de Charlie ont vite déclaré que le journal sortirait comme chaque semaine. Demain matin, les kiosquiers mettront donc en rayon des exemplaires de l’hebdo satirique. Il a déjà été annoncé qu’il en sortirait trois millions, ce qui est un chiffre gigantesque. D’autant qu’il en restera vraisemblablement bien peu lorsque le soir tombera.
Habituellement, 300 exemplaires de Charlie traversent la frontière française tous les mercredis. « Nous en recevons 300 et nous en vendons environ 200, qui sont distribués dans 60 à 80 points de vente sur les 320 que compte le pays », explique Christian Schock, le président de Valora, la société qui distribue toute la presse sur le territoire national. « Au minimum, chaque kiosque dispose de deux numéros, voire trois, de préférence », précise-t-il.
> « Nous n’en aurons pas autant que demandé »
Mais pour ce Charlie forcément spécial, dont on sait qu’il contiendra notamment les derniers dessins des caricaturistes exécutés (Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré), la demande va être énorme. Acheter ce Charlie-là sera certainement vécu comme un acte de résistance contre la sauvagerie des fondamentalistes.
Dans ce contexte, une distribution spéciale est-elle prévue au Luxembourg ? « Oui, répond Christian Schock. Mais nous n’en aurons pas autant que nous en avons demandé… »
Alors que les points de vente ont déjà réclamé des actions spéciales, la direction a demandé dix fois plus d’exemplaires que d’habitude à l’éditeur ! « Nous en avons commandé entre 2 500 et 3 000, mais nous en recevrons vraisemblablement entre 1 000 et 1 200. Avec un peu de chance, ce sera entre 1 500 et 1 800 », espère Christian Schock.
> Plus d’exemplaires, dans plus de kiosques
Tous ces exemplaires seront diffusés plus largement qu’à l’accoutumée dans le pays, puisque, cette fois, 120 à 150 kiosques seront concernés. « Nous mettrons bien sûr l’accent sur les endroits où l’on parle davantage le français : le Sud, le Centre et le long de la frontière belge. Il y a aussi des francophones le long de la Moselle, donc, nous en mettrons là aussi, mais pas dans les stations-services qui sont essentiellement fréquentées par des Allemands », détaille le président de Valora.
Dans les plus grands points de vente, comme ceux de la place d’Armes ou de la gare, une cinquantaine de Charlie Hebdo devraient être disponibles.
Il faut noter que c’est Valora qui détermine les points de vente qui seront approvisionnés et combien de numéros sont livrés à chaque adresse. C’est une mission délicate, « puisque nous ne retirons jamais des journaux qui ont été livrés à un point de vente, même si d’autres sont en rupture de stock ».
La seule possibilité pour le réapprovisionnement serait que Valora reçoive plus de 1 300 exemplaires, « car dans ce cas, nous en garderions 200 pour les redistribuer là où ils sont partis le plus vite ».
Quoi qu’il en soit, personne ne se fait d’illusions : quel que soit le nombre d’exemplaires que recevra le Luxembourg, ils partiront tous sans problème. « Je ne crois pas que nous aurons affaire à de gros retours », pronostique Christian Schock. Effectivement, rarement un journal ne portera une valeur symbolique aussi élevée.
De notre journaliste Erwan Nonet