Une semaine après l’identification d’un loup à Wincrange, tout près de la frontière belge dans le nord du Luxembourg, plusieurs questions restent en suspens quant à son installation dans le pays.
Il n’est réapparu que quatre fois depuis 1893. Alors forcément, chaque réapparition crée un phénomène au Luxembourg : le loup a été observé mi-janvier du côté de Wincrange dans le nord du pays. Marianne Jacobs, responsable de la cellule chasse et faune sauvage à l’administration de la Nature et des Forêts, nous en dit davantage.
Quel type de loup a pu être observé mi-janvier à Wincrange ?
Marianne Jacobs : Difficile à dire. En général, deux types de loups prédominent au Luxembourg : une population venue des Alpes, en France, et une autre qui vient plutôt d’Allemagne ou de Pologne. Là, à partir d’une photo, c’est impossible à déterminer, ils n’ont pas de caractéristiques physiques distinctes.
Il faudrait prélever et analyser un échantillon d’ADN pour le savoir. Nous l’avions fait pour celui de Niederanven, en 2020 par exemple, après des attaques sur des moutons.
Peut-il s’installer au Luxembourg ?
C’est possible, oui, mais il privilégie davantage les territoires transfrontaliers avec la Belgique et l’Allemagne, par exemple. Le Luxembourg est trop coupé par des routes et villages pour lui permettre de s’installer. Le nord du pays a plus de chances de voir une meute s’implanter que le Sud par exemple.
Il n’est plus présent durablement au Luxembourg depuis 1893. Il y avait des meutes auparavant, mais elles étaient en concurrence avec les humains pour la nourriture et le bétail n’était pas suffisamment bien protégé.
Pourquoi était-il là ?
On ne sait pas vraiment. Il cherchait sûrement un territoire, mais impossible de savoir s’il faisait partie d’une meute ou était solitaire. Les loups sont souvent de passage au Luxembourg.
Celui observé en 2017, par exemple, est reparti en Allemagne. Ils se réinstallent un peu partout en Europe, grâce à leur statut privilégié d’espèce protégée. Preuve que, quand on ne le tue pas, il revient.
De quoi a-t-il besoin ?
Il a besoin de nourriture et de grands espaces, c’est à peu près tout. Il mange essentiellement des chevreuils, des cerfs ou des sangliers. Il va donc privilégier les grandes forêts et des zones non habitées.
Il faut savoir que le loup a un rôle très important pour la faune : il va réguler l’écosystème en mangeant les herbivores, ce qui va permettre la régénération des forêts. Sa présence joue aussi sur le comportement de ces animaux.
Est-il dangereux pour l’homme ?
Non, aucunement. Vous avez plus de chances d’être attaqué par des sangliers que par des loups dans la forêt! C’est un animal très craintif, discret, qui ne s’approchera jamais des humains. Peut-être les très jeunes loups vont se montrer plus curieux, mais encore, ils resteront à au moins 30 mètres de vous.
C’est très rare de voir un loup. La personne qui a pris en photo celui de Wincrange a eu une grande chance. Même pour le repérer dans une forêt : on peut observer les traces de pattes, mais elles sont souvent similaires à celles du chien.
Une cohabitation est-elle possible avec l’homme ?
Oui, c’est tout à fait possible. Nous avons des exemples à l’étranger qui le prouvent, il suffit de s’en inspirer. Il faut changer nos comportements et prendre garde à celui du loup. Par exemple, le berger peut décider de sécuriser davantage son troupeau, en installant des clôtures électriques avec différentes hauteurs, ou utiliser des chiens par exemple.
Cela fonctionne. Il faut aussi savoir repérer les loups dangereux, les comportements inappropriés, pour s’adapter ensuite. La cohabitation ne sera pas toujours facile, mais elle est possible.
Toute indication de la présence d’un loup doit être signalée immédiatement à l’administration de la Nature et des Forêts par courriel à wolf@anf.etat.lu.
C’est un animal très craintif, discret, qui ne s’approchera jamais des humains.
Des clés de compréhension
Pour mieux répondre à toutes les questions que l’on se pose sur le loup, l’administration de la Nature et des Forêts a développé en 2017 un «plan loup», avec 18 autres acteurs du secteur, afin de donner quelques clés de compréhension sur le canidé. Un plan inchangé jusqu’ici.
«Quel type de loup ? Quelle maladie peut-il avoir ? Comment gérer les conflits avec lui ? Comment se prémunir d’une attaque ou se faire indemniser ?» sont autant de questions dont les réponses sont accessibles sur emwelt.lu.
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