Cinq centres de dépistages ont été déployés par l’armée dans le pays. Ils proposent des tests gratuits aux primovaccinés. Visite dans celui d’Howald
En deux jours, c’est un véritable camp militaire qui a poussé au beau milieu du P&R Sud à Howald. Mille mètres carrés de tentes kaki, entourés de barrières, l’armée a déployé les grands moyens pour répondre à cette mission : installer des centres de dépistage covid pour tous ceux qui nécessitent un test entre leurs deux injections de vaccin.
Au total, cinq espaces de ce type ont éclos au Grand-Duché entre mercredi et vendredi. Ils sont implantés sur le parking de Luxexpo-Sud à Luxembourg-Kirchberg, au P&R Sud à Howald, au parking près du rond-point Raemerich, au sein de la zone industrielle Zano au Fridhaff ainsi que près du Centre culturel de Junglinster.
«Nous sommes organisés pour réagir vite», commente le capitaine David Wickler. «Les différents endroits pour installer les centres ont été choisis en fonction des bassins de population et de leur facilité d’accès. Nous avons été également bien aidés par les communes qui nous ont fourni du matériel ainsi que de l’eau et de l’électricité.» En quelques chiffres, cela donne 40 tentes, 370 chaises, 170 tables, 40 bornes de chauffage et des centaines de mètres de câblage.
Cette opération test covid a été préparée en amont par l’état-major depuis le 3 janvier sur ordre du ministre de la Défense, François Bausch (déi gréng). Il a placé au total 20 personnels pour tout organiser et 20 réunions plus tard l’ensemble était dessiné.
Deux cents personnels de l’armée, civils et militaires sont déployés sur cette opération spéciale, soit 20 % de l’effectif total. «Cela représentante une partie importante de l’armée et nos missions internationales se poursuivent. Mais aider la population reste notre mission principale», rappelle David Wickler.
La population à laquelle se réfère le capitaine est constituée des primovaccinés. Dès ce samedi 15 janvier, le régime 3G entre en vigueur sur le lieu de travail et les tests gratuits que propose d’organiser le gouvernement, avec le concours de l’armée, ne sont destinés qu’à ceux qui ont reçu une première dose de vaccin anticovid.
Pour rappel, tout salarié résident ou frontalier se rendant sur son lieu de travail doit, maintenant, présenter obligatoirement soit un certificat de vaccination valide, soit un certificat de rétablissement valide ou un certificat de test covid-19 négatif valide.
Chacune des personnes qui se rendait, ce vendredi, au centre de Howald, avait, au préalable, reçu des codes lui permettant de fixer 20 rendez-vous pour effectuer gratuitement des autotests antigéniques certifiés dans un des cinq centres de tests gérés par l’armée luxembourgeoise.
Et cela, jusqu’à l’obtention d’un schéma vaccinal complet et ceci jusqu’au 28 février. Afin de prendre rendez-vous, tous se sont rendus sur le site covidtesting.lu, ouvert depuis le 10 janvier. Ce dispositif a été inauguré ce 14 janvier et durera jusqu’au 28 février.
Une fréquentation timide
Il est 16 h lorsque le centre de Howald ouvre pour la première fois. Ils ne sont pas nombreux, deux puis trois, à avancer silencieusement sous la toile verte soutenue par des piquets, alors que le soleil décline. Ce vendredi 14 janvier, ils sont 34 à être attendus ici ; 146 personnes dans tout le pays ont pris rendez-vous pour réaliser un test gratuit en cette fin d’après-midi.
«Pour la semaine du 14 au 21 janvier, nous attendons 2 617 personnes dans les différents centres du Grand-Duché. Mais ces chiffres peuvent encore changer, car les gens peuvent prendre rendez-vous dans la soirée pour le lendemain», rappelle le capitaine David Wickler.
Les 200 militaires et civils qui participent à l’opération ont été formés durant quatre jours afin de respecter et faire respecter les mesures sanitaires. Des notions concernant la santé et la médecine se rapportant au covid-19 leur ont également été inculquées.
À l’entrée du centre, en enfilade après le premier bureau où il est nécessaire de donner son identité, trois stands se trouvent les uns à côté des autres. Un militaire en blouse bleue se tient derrière le petit bureau que contient chacun de ses isoloirs.
«Ici, nous ne réalisons pas nous-mêmes les tests covid», explique le capitaine. «Nous observons que les personnes réalisent leur test correctement. Nous avons également appris à bien réagir en cas de malaise. En cas de réaction agressive, nous restons calmes et déplaçons la personne à l’écart pour parler avec elle. Si nous voyons que cette dernière devient violente, nous appelons la police.»
Il n’a pas été nécessaire d’en arriver là ce vendredi. Après le test, hommes et femmes doivent attendre quelques minutes sous une troisième tente, le verdict. Parmi les personnes interrogées, toutes ont reçu le sérum anticovid récemment avec plus ou moins d’envie.
Un vaccin à contrecœur
«Je me suis fait vacciner il y a une semaine, je ne voulais pas… Je suis dégoûtée, mais je ne me voyais pas payer pour me faire tester», déplore Mamadie. Cette frontalière de 37 ans qui cuisine dans une boucherie au Grand-Duché a passé le cap de la vaccination malgré ses réticences pour pouvoir continuer à travailler.
«Je pense que je n’en avais pas besoin. Mon mari est militaire. Il a fait sa seconde dose et s’est retrouvé à l’hôpital. On ne sait pas s’il y a un lien, mais ça m’inquiète», poursuit-elle.
Du côté de Carole, la raison du passage au vaccin est le même : «pour pouvoir continuer à travailler». Vaccinée fin décembre, c’est la gestion de la crise qui l’a le plus freinée. «Depuis le départ, on entend tout et son contraire, je n’ai plus confiance dans le gouvernement et je n’ai pas confiance dans le vaccin», appuie-t-elle et regrette que le comportement des vaccinés qui se croient «invincibles» mette en danger le reste de la population. «Les non-vaccinés sont finalement les plus attentifs», souffle-t-elle.
Sous la tente d’attente, c’est une colère mêlée à la résignation qui bouillonne dans les têtes. Pour Olivier, ingénieur et musicien de 46 ans, se faire injecter le sérum a été une décision compliquée. Il l’a fait, il y a quelques jours, dans un mélange d’émotions contrariées.
«Je donne un concert ce vendredi soir et j’ai senti que c’était important pour moi d’y être.» Les idées encore floues après sa décision, il estime que «c’était bien la vie de non-vacciné» mais que la vaccination lui a permis «de faire un switch total, un recentrage, lui a redonné une impression de normalité». Une impression qui a tout de même quelques limites pour celui dont les amis participaient ce vendredi à la marche blanche. «Je me sens séparé de mes copains qui ne sont pas encore vaccinés.»
Ce qu’il faut savoir sur ces centres de dépistages
– Les centres sont ouverts entre le 14 janvier et le 28 février.
– Du lundi au jeudi de 6 h à 20 h, le vendredi de 6 h à 13 h et de 16 h à 20 h. Le samedi de 6 h à 10 h et de 16 h à 20 h, ainsi que le dimanche de 6 h à 10 h et de 13 h à 20 h.
– Au total, cinq centres sont dispersés dans le pays : sur le parking de Luxexpo-Sud à Luxembourg-Kirchberg, au sein de la zone industrielle Zano au Fridhaff, au P&R Sud à Howald, au parking près du rond-point Raemerich et près du Centre culturel de Junglinster.
– Il est nécessaire de prendre rendez-vous pour faire un test gratuit via le site : covidtesting.lu
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