Benjamin Mokulu est le nouvel avant-centre du Swift. Et le Belgo-Congolais de 32 ans a une expérience dingue.
Vainqueur de la Coupe de Belgique avec Lokeren en 2012, sidéré par Djibril Cissé à Bastia en 2014/2015, invité aux entraînements de la Juve époque CR7-Pjanic en 2018/2019, suspendu pour dopage en septembre 2021, l’homme qui est censé redonner du lustre au secteur offensif a joué avec le fils de Marc Wilmots et le frère de Lorenzo Insigne et a plein de choses à raconter, quelques jours seulement après sa signature pour un an et demi (avec une année en option).
Comment êtes-vous arrivé à Hesperange ? Votre longue carrière en D2 italienne a attiré l’attention d’Aniello Parisi ?
Benjamin Mokulu : Oh non, il ne me connaissait pas. Cela vient d’un peu plus loin : avec Sofian Benzouien, on se connaît depuis mes débuts en pro au Brussels (NDLR : en 2007). On a créé un lien et on a toujours gardé le contact et on s’est dit, cet hiver, que vu ma suspension en Italie, ce serait bien que je vienne au Luxembourg. Il ne m’avait pas spécialement courtisé avant. Surtout que je ne comptais pas forcément partir d’Italie avant.
Vous acceptez de nous en parler, de cette suspension ?
En septembre 2021, j’ai été suspendu par la fédération à cause d’un test antidopage. J’avais utilisé sans le savoir une crème cicatrisante qui est interdite. Le médecin du club (NDLR : de Ravenne) ne venait que pour les matches et je manquais de soutien pour régler un problème sous l’ongle du gros orteil. À chaque fois que je jouais, en match ou à l’entraînement, je prenais énormément de coups et cela n’arrivait pas à guérir.
Alors ma femme a fini par aller à la pharmacie pour m’acheter un médicament, vu que même marcher était problématique. Et voilà, j’ai pris un an de suspension en Italie. Ils sont très stricts là-bas et mon avocat m’a dit que j’avais de la chance de ne prendre qu’un an : peu leur importe le produit, peu leur importe la quantité.
Mais c’est aussi pour ça que je veux remercier la direction du Swift de me relancer. Je suis motivé, je veux repartir du bon pied !
Le test antidopage ? J’avais utilisé sans le savoir une crème cicatrisante qui est interdite
Quand une équipe recrute un n° 9 durant la trêve hivernale, c’est que quelque chose s’est mal passé durant l’automne, non ? Et que même pour un joueur qui vient d’arriver et n’aura pas beaucoup de temps pour devenir performant, il faudra faire de la statistique, non ?
Mais je ne dirais pas que c’est une pression. À mon âge, cela fait partie du métier. C’est même plus une source de motivation que de pression. On a besoin de ça en tant qu’avant-centre.
On doit y penser au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. Et mon boulot, ce n’est pas que marquer, c’est aussi d’ouvrir des espaces à ceux qui jouent à côté de moi.
On dit souvent que les footballeurs parlent tous la même langue, mais parler l’italien, comme votre coach, qui ne maîtrise a priori que celle-là, c’est un gros avantage ?
Ah pour comprendre le message, ça aide énormément, oui. Je m’y retrouve, le message est clair. Même si Bertrand Crasson aurait aussi pu traduire. Moi, je fais partie de la génération qui a suivi ses matches à la télé. J’ai grandi avec ses exploits. Alors je vais bien l’écouter!
Il y en a beaucoup, des joueurs et des coaches que vous avez pu écouter attentivement, dans votre carrière. Claude Makélélé, qui a été votre entraîneur à Bastia, en Ligue 1, notamment…
Même chose qu’avec Crasson! Sauf que Makélélé, c’est encore un autre niveau. Quelle fierté d’avoir joué sous ses ordres. Je suis déçu que ça ait été si bref. Mais au même moment, il y avait aussi Djibril Cissé au club. Et lui, lui, c’est fou. Dans sa tête, il est un petit peu malade, mais on a besoin de joueurs comme ça dans un vestiaire. Il m’a impressionné.
À ce moment, il avait déjà une hanche de moins, il boitait tout le temps, mais quand on le voyait sur le terrain, on comprenait mieux pourquoi il avait joué à Marseille ou Liverpool. Plus jeune, je n’aimais pas le regarder jouer, mais après cette expérience, je vous le dis : c’est un des joueurs les plus forts avec lesquels je me suis entraîné.
Alex Ferguson a essayé de me recruter? Non, je ne pense pas que ce soit vrai
Vous voulez dire à part ceux de la Juventus Turin ?
Je jouais avec les U23 du club et j’ai dû faire… je ne sais pas moi, six ou sept séances avec les A. Chaque jour, trois ou quatre garçons des U23 les rejoignaient. C’est le genre d’expérience qui est difficile à expliquer, parce que chacun dans leur domaine, ils sont tous très forts. Un Dybala, balle au pied, c’est impressionnant d’élégance.
Voir que tout le monde avait peur à chaque fois que Cristiano Ronaldo prenait le ballon, que personne n’osait aller y mettre un coup d’épaule, c’était fou. Et Matuidi… Matuidi, je ne m’y attendais pas, mais il compte parmi ceux qui m’ont fait la plus forte impression. C’est simple, il ne ratait rien.
Pas un contrôle, pas une passe, rien. Et il court du début à la fin de la séance. Chiellini, lui, il défend les yeux fermés, Pjanic c’est la classe, Mandzukic faisait presque tout à deux à l’heure, mais quand il accélérait…
Vous avez préféré les entraînements avec la Juve à beaucoup de matches, dans votre carrière ?
On n’en est pas à ce point, parce que rien ne remplace le plaisir de jouer un match. Mais disons que je n’échangerais aucun de ces entraînements contre des matches supplémentaires en Serie A ou en Ligue 1.
C’était carrément exceptionnel. Maintenant, il n’y a plus que Messi qui pourrait encore parvenir à m’impressionner. J’ai vu du beau monde, mais je suis sûr que je vais apprendre encore plein de choses au Luxembourg.
Votre page Wikipédia indique qu’en 2014 Sir Alex Ferguson a tenté de vous recruter pour Manchester United, mais que vous avez décliné. Info ou intox ?
(Il rit) Vous venez de me l’apprendre ! Non, franchement, je ne sais pas si c’est vrai.
Comment ça, vous ne savez pas ?
En tout cas, mon agent ne m’en a jamais parlé. Donc je ne pense pas que ce soit vrai.
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