Thibaut Jacquel, ex du FC Metz, s’est engagé avec le club doyen après quatre années passées aux États-Unis.
Le 6 février prochain, au Deich, contre Etzella, le choc risque d’être violent pour Thibaut Jacquel. Entre janvier 2018 et janvier 2021, cet ancien pensionnaire du FC Metz a vécu au rythme du combo typique des universités américaines : pom-pom girls, The Star-Spangled Banner (l’hymne US) à pleins poumons avec athlètes un genou au sol et… prière récitée au micro par le speaker. «C’était un truc qui disait « merci Jésus de nous avoir amenés tous ici en ce lieu et de nous donner la chance de pratiquer ce sport, sourit le natif de Saverne, en Alsace. Je ne comprenais déjà pas pourquoi il fallait écouter l’hymne à chaque match, alors la prière, j’étais un peu perplexe.»
Contre Ettelbruck, il lui faudra faire sans le folklore et avec énormément de degrés de moins que les températures moyennes qui sévissent actuellement à Dallas, son dernier point de chute de l’autre côté de l’Atlantique. Mais après tout, ce n’est qu’un retour aux sources : avant Dallas, avant la Campbell University, en Caroline du Nord, Jacquel a passé un très court laps de temps à Trémery, niveau National 3 et… 1 000 habitants. Six fois moins que le seul campus universitaire (avec buildings) qu’il a fréquenté pendant trois ans, huit mille fois moins que la capitale du Texas où il a fini son épopée américaine.
Dans l’équipe type grâce aux chameaux
À 20 ans, Jacquel se retrouve bloqué chez les Grenats. Une grande partie de sa génération, notamment expulsée au stade des 8es de finale de la Coupe Gambardella par le Monaco d’un certain Kylian Mbappé («C’était trop facile pour lui, il allait déjà beaucoup trop vite pour nous»), a rejoint le Grand-Duché tôt ou tard. Roman Pierrard, Kilian Amehi, Pit Simon, Mirza Mustafic, Zachary Hadji, Moussa Seydi, Halim Meddour, Emir Bijelic…
Jacquel, lui, décide de tenter le rêve américain. Une agence le met en relation avec plusieurs universités US qui recrutent des Frenchies sur la base de leur niveau footballistique. Il se retrouve ainsi chez les «Camels» avec un garçon formé à Troyes et un autre en provenance de Monaco. On est en janvier 2018 et, pour le coup, c’est une vraie grande réussite : fin 2019, moins de deux ans plus tard, Jacquel, l’étudiant en business communication et un des capitaines de l’équipe, finit meilleur buteur et meilleur joueur de la Conference Est, allant même jusqu’à intégrer l’équipe-type nationale de la saison de NCAA. Avec 206 universités sur la ligne de départ, ce n’est pas rien.
Cette distinction l’autorise ainsi à vivre ce moment très particulier de la vie d’un sportif aux États-Unis : la draft ! «Je savais que j’étais éligible simplement parce que mon coach m’avait prévenu. Donc, le jour de la draft, en plein Covid, je me suis retrouvé assis dans mon canapé, devant la télé, à attendre de savoir si mon nom allait sortir.» Il sortira. Après deux tours de draft, c’est au milieu du troisième et dernier que Dallas s’offrira son rookie du Grand Est. «Le coach et le directeur sportif m’ont appelé le jour même et, les deux semaines suivantes, le téléphone n’a pas arrêté de sonner : médias, médecins, kinés… Tout le monde appelle pour faire connaissance. Puis tu reçois un billet d’avion, tu montes dedans et c’est parti. Tu te retrouves dans la chambre d’un hôtel situé à 200 mètres des vestiaires, dans un complexe incroyable avec 18 terrains d’entraînement…» Et à multiplier les séances à 8 h du matin parce que la température n’est que d’une trentaine de degrés au lieu des… 35 de la mi-journée. «Quand je pense qu’hier, au Galgenberg, il commençait à geler…»
C’était le Hongrois de trop
L’histoire est belle. Elle ne sera pas grandiose. Les clubs de MLS étant tenus par des quotas stricts en matière d’accueil de joueurs internationaux, il était déjà fou de voir Dallas prendre un non-Américain lors de l’un de ses trois tours de draft. Mais quand ils ont décidé de recruter Szabolcs Schön, qui sortait d’une participation à l’Euro avec la Hongrie, les Texans se sont retrouvés avec un attaquant étranger de trop. Jacquel se retrouve alors avec la réserve de North Texas, en deuxième division, à jouer au Globe Life Park, stade de baseball de 48 000 places reconverti en terrain de soccer qui sonne forcément le creux, chaque week-end.
Il y avait encore matière à se relancer. Mais deux blessures vont perturber sa saison. Jacquel inscrit tout de même quatre buts en seize matches de USL League One. North Texas finit 6e du classement, mais bute en finale de conférence sur les Chattanooga Red Wolves (2-1).
Le Français décide alors de revenir en Europe, «où le football représente quelque chose de plus fort et malgré des propositions pour rester aux États-Unis». Il se rend vite compte que «l’on n’est pas bien vu quand on a été joué là-bas : pour beaucoup de gens, dans les grands pays de football, si on est parti aux États-Unis, c’est qu’on n’avait pas le niveau pour jouer ici. Alors le Grand-Duché, c’était l’idéal. Le full package.» Pas trop loin de chez lui, mais d’un bon niveau. Il envoie ses vidéos. Plusieurs clubs reviennent tâter le terrain. Le Fola a l’avantage d’avoir vu défiler pas mal d’anciens U19 de sa génération, qui ont fait une bonne pub de l’endroit. Reste désormais au «Ricain» à retrouver des automatismes avec son ancien coéquipier, Mirza Mustafic. Jacquel se définit comme «un attaquant qui aime jouer au ballon, pas rester dans la surface. Ça devrait bien se passer.» Parole d’attacking player of the year !