Pour la seconde année consécutive, le virus empêche la plus grande manifestation sportive en salle du pays de se dérouler. Un crève-cœur.
«Ça fait ch… Mais on ne peut rien y faire.» Les mots de Pit Brandenburger sont un peu crus, mais ils résument bien la situation : il n’y aura pas d’Euro Meet cette année encore. Évidemment, la raison est simple : cette fichue pandémie qui empoisonne – pour ne pas dire autre chose – la vie de tout le monde depuis maintenant deux ans.
La nouvelle est tombée officiellement mercredi par le biais d’un communiqué des organisateurs, conduits à renoncer à la tenue de l’événement «en conséquence de la pandémie.» Et d’ajouter : «La vague Omicron actuelle implique des réglementations gouvernementales plus strictes au Luxembourg et dans nos pays voisins.»
Chez les nageurs, cette annulation n’est pas vraiment une surprise : «C’est très triste. Mais au vu de la situation, c’est probablement la meilleure décision sur le plan de la santé et de la sécurité», reconnaît Monique Olivier. «Avec tous les cas, je m’y attendais», ajoute Max Mannes.
Julien Henx, lui, espérait vraiment que la manifestation pourrait se tenir : «On a réussi à faire des championnats du monde fin décembre.» Mais le Dudelangeois fait contre mauvaise fortune bon cœur : «Je pensais vraiment qu’on nagerait à l’Euro Meet. C’est dommage, mais on va se concentrer sur l’entraînement. Et début février, on part en stage à Lanzarote.»
Quid de la saison?
Christophe Audot, l’entraîneur fédéral, est conscient qu’il aurait été difficile de maintenir l’Euro Meet : «Je me mets à la place des entraîneurs étrangers. Tu viens avec 30 nageurs d’Angleterre, tu avances de l’argent pour venir et s’il y a un cas, tu ne peux plus rentrer au pays. Est-ce que ça vaut le coup de prendre ces risques pour un week-end? Je comprends parfaitement que ce n’est pas évident de faire venir autant d’étrangers sur un petit territoire. Je ne suis pas surpris, mais c’est vrai qu’il y a un stress latent. Qu’on avait oublié depuis un petit moment. On réapprend ce stress. Personnellement, moi et toute ma famille avons été touchés. Je ne le prends pas à la légère.»
Au-delà de la simple annulation, il s’agit également d’une très mauvaise nouvelle pour la saison à venir : «Nous n’avons pas beaucoup de compétitions de haut niveau et si d’autres pays annulent leurs futurs meetings, cela nous rendra la tâche plus difficile pour préparer nos nageurs», résume Arslane Dris, autre entraîneur fédéral. En effet, si certains sont d’ores et déjà qualifiés pour les prochains championnats du monde de Fukuoka (en mai) et les Europe de Rome (en août), d’autres comptaient sur l’Euro Meet pour tenter d’aller chercher leur qualif. Une compétition de moins, c’est une opportunité en moins.
Ces énormes événements devraient, quant à eux, bien se tenir : «Ils peuvent organiser de vraies bulles sanitaires, ce qu’on ne peut pas faire avec l’Euro Meet», conclut Marco Stacchiotti, le président de la FLNS.
Tous les espoirs sont désormais reportés sur 2023. C’est peut-être dans un an qu’on verra donc débarquer l’équipe nationale américaine, qui envisage éventuellement d’installer son camp de base au Luxembourg en vue des JO de Paris-2024. Mais l’an prochain, on sera déjà tout près de cette échéance. Pour eux comme pour tous les amateurs de natation au Grand-Duché, le temps presse!
Une décision difficile à prendre, explique Marco Stacchiotti
La décision s’est imposée d’elle-même, comme l’explique Marco Stacchiotti, le président de la FLNS : «Lundi, on s’est réunis pour évoquer le sujet. Il a fallu faire plusieurs constats. Le premier, c’est le nombre d’inscriptions, en net retrait par rapport à d’habitude. Normalement, on a environ 130 équipes inscrites et avant Noël, on en a généralement 80. Cette fois, on était à une cinquantaine. La plupart étant des équipes allemandes qui viennent le matin et repartent le soir. Début janvier, on était royalement à 70. En gros, on partait sur 1 300 départs contre 3 000 en temps normal. Il y a quelque chose qui n’allait pas.»
Faire une édition d’une moindre envergure n’était pas plus facile : «Tu peux te dire que tu vas faire une édition au rabais, mais même dans ces conditions, il y a des haies à sauter. Qu’est-ce qu’on fait de ceux qui viennent d’Ukraine ou du Bélarus, nos certificats n’étaient pas valables chez eux, les leurs le seront-ils chez nous? Ensuite la plupart repartent le dimanche ou le lundi. Mais pour reprendre l’avion, il faut avoir un test PCR. Il aurait fallu se mettre en rapport avec le ministère de la Santé, qui nous aurait envoyés vers un labo qui pourrait prendre en charge ces tests en temps et en heure, mais c’était presque mission impossible. On peut le faire pour des championnats d’Europe ou du monde, mais pas pour une compétition comme l’Euro Meet.»
La mort dans l’âme, il a donc fallu renoncer : «J’ai vu que les Américains avaient aussi annulé leurs Pro Swim Series. On est tous dans le même bateau.»