Depuis la crise du coronavirus, les réseaux sociaux sont devenus de nouvelles agoras. Sans médiateur, sans filtre. Des informations les plus fiables aux théories les plus farfelues, tout s’entrechoque, s’affronte, se contredit. Ces nouveaux lieux d’échanges sont logiquement devenus le terrain de jeu des extrêmes où les visions les plus radicales peuvent prospérer et rassembler. Les autorités s’émeuvent de ces situations et agissent, poursuivant ceux qui franchissent les limites de la légalité. Car oui, les réseaux sociaux sont également soumis aux lois, n’en déplaisent à ceux qui en abusent derrière le masque d’un pseudonyme.
Les messages lancés sur les réseaux sociaux sont démultipliés, amplifiés par nos nouvelles technologies qui nous suivent partout à cause de nos smartphones. Ces messages, parfois abjects, semblent inarrêtables. Autrefois, nous pouvions être gênés par un homme accoudé au bar, légèrement aviné, qui sortait des insanités sur le gouvernement, le monde entier, le «système». Il suffisait de changer de place ou de lui demander de se calmer un peu pour stopper cette torture. Aujourd’hui, ces personnages sont des milliers accoudés à ce bar et nous cassent les oreilles où que nous soyons. Les réseaux sociaux partaient d’une bonne intention, mais ils ont été complètement dévoyés. À qui la faute? À ces tristes personnages vomissant leur haine, au gouvernement qui laisse trop faire, ou à ces grands groupes qui possèdent ces réseaux sociaux et qui s’accommodent de ces dérives pour faire tinter leur tiroir-caisse?
Le problème fondamental est le contrôle de ces réseaux. Ce ne sont finalement que des sites internet, que des entreprises, qui proposent un contenu que l’usager crée lui-même. Ce sont à ces entreprises de faire le ménage en modérant ces contenus parfois terriblement violents. Imaginez un journal publiant, sans filtre, toutes les insanités diffusées sur les réseaux sociaux. Il ne paraîtrait pas longtemps. Pourtant, les réseaux sociaux s’accommodent de cette présence nauséabonde et sont toujours accessibles. Il serait peut-être bon de distribuer des amendes élevées pour faire changer la mentalité de ces entreprises qui se goinfrent sur les haines du monde.
Laurent Duraisin