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Désembouage à Fridhaff : le projet s’enlise


L’installation expérimentale de gazéification des boues d’épuration et déchets végétaux n’est toujours pas fonctionnelle.

La situation est embourbée sur la zone d’activités, en raison de plusieurs manquements de l’entreprise chargée d’assainir le site.

Depuis 1996, la société Soil-Concept est chargée du traitement des boues épuratoires du Syndicat intercommunal de dépollution des eaux résiduaires du Nord (Siden), sur la zone d’activités de Fridhaff, via un contrat de louage d’affermage.

Mais l’entreprise ne respecterait plus franchement les termes du contrat ni la mission qui lui a été confiée, selon le député Claude Haagen (LSAP) qui s’appuie sur un communiqué de presse du Siden, le 8 octobre dernier, dans lequel le syndicat évoque «des problèmes de financement, de non-conformités et de non-commercialisation du produit fini stocké sur le site de la zone d’activité régionale» par Soil-Concept. Le député a donc décidé d’en savoir davantage en sollicitant la ministre de l’Environnement.

Dans sa réponse, Carole Dieschbourg pose d’abord le contexte d’un projet embourbé dans les problèmes depuis plusieurs années. Les activités de Soil-Concept regroupent le compostage de boues d’épuration et de déchets végétaux ainsi que la gazéification du mélange de déchets verts avec des boues d’épuration, à travers le projet «Enercom».

Ce projet, cofinancé par des fonds européens, «consistait à mettre en œuvre la partie séchage biologique des boues d’épurations mélangées à de la biomasse dans huit silos et à construire le gazéificateur et l’unité de pelletisation». En parallèle, poursuit la ministre, un projet de recherche de valorisation énergétique des boues d’épuration et des déchets verts ou organiques, soutenu par le ministère de l’Économie, s’est greffé sur les avancées du projet européen.

L’entreprise rappelée à ses obligations

Par la suite, précise la ministre, «les essais pour l’installation expérimentale de gazéification ont été limités par mesure de précaution à cinq ans». Ces essais ont commencé en septembre 2015 et étaient donc autorisés jusqu’à l’année dernière. À la demande de l’exploitant, rapporte la ministre, ils ont été prolongés jusqu’à septembre 2022.

Sachant que les autorisations d’exploitation obligent l’exploitant à transmettre des rapports intermédiaires sur les essais à l’administration de l’Environnement, celle-ci a constaté qu’il subsistait des problèmes techniques quant au fonctionnement de cette installation expérimentale de gazéification : les essais n’ont pas pu être réalisés comme prévu et des installations n’ont pas pu être livrées, entre autres.

Finalement, rapporte Carole Dieschbourg, aucun résultat «concluant» pour ce projet de recherche n’a été présenté à l’administration de l’Environnement. Et lors des dernières visites effectuées sur le site cette année, «l’installation était à l’arrêt». En outre, lors des derniers contrôles réalisés par l’administration de l’Environnement, «plusieurs non-conformités par rapport aux diverses autorisations d’exploitation en matière d’établissements classés et de déchets ont été constatées».

Parmi les manquements observés, l’entreposage d’un volume de compost de boues d’épuration largement supérieur à ce que peut contenir le site (22 000 m3 sur une surface totale de plus de 4 800 m², tandis que le volume autorisé est de 7 750 m3 sur une surface totale de 3 550 m²), ou encore des avaloirs et des canalisations ne permettant pas le libre écoulement des eaux de surface.

En conséquence, assure Carole Dieschbourg, Soil-Concept a été «sommée» par courrier recommandé avec accusé de réception en date du 20 juillet «de se conformer aux conditions des arrêtés d’exploitation dans les plus brefs délais et au plus tard pour le 31 mai 2022».

Si l’entreprise ne donne pas suite, la ministre de l’Environnement «se proposera de faire suspendre par mesure provisoire, après mise en demeure, l’exploitation de l’établissement», prévient-elle.

LQ