Le Luxembourg va connaître ses adversaires pour la prochaine campagne de Nations League. Luc Holtz est très intrigué.
La troisième édition de la Nations League s’annonce avec le tirage, aujourd’hui. Quels sont vos souhaits ?
Luc Holtz : A priori, Gibraltar serait l’équipe la moins forte dans le quatrième chapeau. Concernant la qualité des différentes équipes, il y a toujours des petites nuances. L’Estonie, par exemple, c’est plus fort. Même si on doit aussi attendre le mois de mars et les derniers barrages pour savoir si c’est le Kazakhstan ou la Moldavie, et Chypre ou l’Estonie qui seront dans ce quatrième chapeau.
Dans le troisième groupe, ce sont la Géorgie et le Kosovo qui me semblent au-dessus du lot alors que la Lituanie semble un peu moins forte. Dans le premier chapeau, par contre, il y a du lourd. L’Irlande du Nord, c’est un peu comme l’Irlande, avec beaucoup d’intensité dans les efforts, les courses, les duels.
Il y a la Bulgarie, qu’on a jouée il n’y a pas si longtemps (NDLR : en octobre 2017 quand même) mais ça évolue tellement vite au niveau international. C’est comme la Turquie : elle est assez irrégulière, mais maintenant, elle a un coach allemand (NDLR : l’ancien international Stefan Kuntz) et on sait à quel point ils sont rigoureux. De toute façon, ce n’est pas bien grave : les souhaits sont rarement respectés par les tirages.
Avez-vous déjà connu, en onze ans, un tirage qui soit un bon tirage ?
(Il rit) Non, jamais ! Rien que les dernières fois, à chaque fois que j’aurais voulu qu’on soit versés dans un groupe à six, on a eu un groupe à cinq. Donc à la base, je n’ai jamais eu ce que je voulais.
C’est pour ça que je ne vais pas vous dire que je veux tirer untel ou untel, sinon je suis sûr que j’aurai le contraire. Par contre, je sais que dans cette ligue, si on est au complet, on pourra battre tout le monde.
Le format, lui, sera spécial avec quatre matches au mois de juin. Cela vous inquiète-t-il ?
C’est une préparation qu’on commencera avec un groupe très restreint et des joueurs qui nous rejoindront au fur et à mesure. Mais disputer autant de matches en un laps de temps aussi restreint, ce ne sera clairement pas à notre avantage. Pas avec notre profondeur de banc.
On va affronter des nations qui ont peut-être 600 ou 700 professionnels alors que nous, on n’en a que 20. On n’a pas du tout les mêmes moyens. C’est pour ça que ce serait bien d’avoir Gibraltar dans le groupe, ça nous permettrait peut-être de faire tourner avant un match dans lequel on aurait besoin de toutes nos forces, d’être à fond.
Et vous risquez de devoir faire encore énormément de kilomètres quand on regarde les chapeaux…
Parfois, l’UEFA fait en sorte qu’on ne puisse pas combiner trop de kilomètres. Mais quand tous les matches sont ramassés entre le 1er et le 14 juin, tous les détails vont compter.
Aller en Azerbaïdjan, par exemple et devoir rejouer trois jours plus tard après un voyage de plus de cinq heures d’avion, c’est difficile. Il va falloir tout planifier et très bien même.
Si on est au complet, dans cette Ligue, on pourra battre tout le monde
Ce sera facile : vous avez été élu tout récemment coach de l’année par la presse luxembourgeoise. Ça devrait être dans vos cordes.
C’est quelque chose qui compte, bien sûr. Si tu es compétiteur, même étant coach tu veux gagner ce qu’il y a à gagner. Et ce titre, je veux le gagner autant que je veux gagner mes matches.
C’est une récompense du travail effectué. Mais c’est un trophée collectif que je veux partager avec tout mon staff. Pour la deuxième fois déjà.
Vous êtes-vous préparé au fait que désormais, avec le niveau qu’ont atteint vos joueurs, vous allez forcément être beaucoup plus exposé à la critique pour vos choix ?
Je ne sais pas… Peut-être pour certaines personnes, oui. Ça a toujours été comme ça et ce sera toujours comme ça. Il y aura toujours des gens qui discuteront l’un ou l’autre choix d’un onze de départ. Mais moi, en mon for intérieur, je choisis en fonction de l’organisation, de l’animation, de l’adversaire…
Mais je ne donne surtout pas dans le sentimental. Mais je sais, je connais notre pays : certains préféreraient voir sur le terrain un gars de sa région ou un de ses joueurs, ou un copain ou un membre de sa famille… Moi, je dois faire abstraction de ça, c’est ça mon job.
Le cas Sébastien Thill, le mois dernier, n’était que le début : plus vous aurez de joueurs à très haut niveau, plus il faudra faire des choix forts, contestés, commentés…
Mais j’aimerais bien avoir ce genre de soucis ! Un Dany Mota, par exemple, on espère toujours qu’il nous rejoigne parce qu’il a désormais 23 ans, il ne peut plus jouer avec les U21 portugais et s’il veut continuer en tant qu’international… Il a exactement le profil qui collerait à ce qu’on veut mettre en place et ce dont on a besoin : un gars capable de répéter les appels de balle, d’être un finisseur.
Mais je ne l’ai pas eu récemment et je ne courrai pas après lui. Il sait qu’on veut qu’il nous rejoigne. Je ne vais pas tout le temps insister. Mais si lui arrive, qu’un Vincent Thill revient, fatalement, un jour, certains gars se retrouveront autre part que sur la feuille de match, on ne pourra pas mettre tout le monde. Mais à partir de ce moment-là, on pourra aussi enfin se permettre de tourner.
Puisque vous parlez de Vincent Thill, où en est-il de son travail de rééducation ?
Ça se passe très bien. Il travaille avec nous à Mondercange et depuis peu, on augmente la cadence. Il fait tous les jours quelque chose de différent.
Courte distance, longue distance, explosivité… On n’est plus loin du 100 %. Je fais un boulot de coach de club qui implique plein de gens.
Entretien réalisé par Julien Mollereau
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