Voici, à mi-chemin dans cette saison 2021/2022, à quoi ressemble l’équipe idéale. Trois joueurs du leader dudelangeois, certes, mais aussi… dix autres clubs représentés. Petit récapitulatif des tops et des flops de quatre mois de compétition.
C’est une petite surprise aussi inexplicable que charmante : Danel Sinani, leader du championnat avec le F91, troisième meilleur buteur et meilleur passeur n’est pas, après 15 matches de championnat, le leader du classement des meilleurs joueurs de la mi-saison. Ils sont, pour l’heure, 340 joueurs de champ à avoir reçu au moins une note (c’est-à-dire à avoir joué au moins 30 minutes sur un match), mais seulement 164 à avoir disputé assez de rencontres (au moins la moitié, donc huit) pour prétendre figurer dans ce classement. Et à ce petit jeu, malgré les difficultés rencontrées par le Titus Pétange, c’est Artur Abreu qui a le plus impressionné. Comme quoi, les statistiques ne font pas tout.
Mais ce n’est pourtant pas cette petite sensation qui frappe le plus aujourd’hui. La composition de l’équipe type de cette première partie de saison, est bien plus remarquable. Parce qu’une fois n’est pas coutume, elle ne rassemble pas des garçons issus, seulement, d’un, deux ou trois clubs. Entre les titulaires et les cinq remplaçants, on dénombre pas moins de onze clubs représentés. L’interprétation qu’il faut en tirer? Que le niveau, comme le prouve le classement, s’est resserré. En marge de la proclamation de ces résultats, dressons un petit bilan intermédiaire. Voici les tops et les flops de cette première partie de saison.
TOPS
1) Perez, le très bon coup
Strassen a eu le nez creux. Avec 13 buts en 15 matches, Nicolas Perez, débauché au Swift sans que ce dernier ne sourcille alors qu’il lui manque désormais clairement un finisseur référent, est déjà presque assuré de faire mieux que son meilleur total sur une saison en carrière : les 17 unités inscrites avec Differdange en 2017/2018. Il pèse, à un but près, la moitié des buts de son équipe et en a inscrit, à lui seul, presque autant que Rodange (15). L’UNA serait-elle troisième aujourd’hui, sans lui? À jeu égal (qui est déjà très impressionnant), elle compterait sûrement six à sept points de moins.
2) Rosport, quelle jeunesse!
Rosport est 8e. S’il ne s’était pas curieusement laissé surprendre par Hamm, il serait 5e. Et les questions entourant sa capacité de nuisance dans ce championnat seraient concrètes. On pourrait à ce propos parler du retour en forme d’un garçon dont on savait déjà à quel point il était bon, Jordy Soladio. Mais ce qui se remarque, aujourd’hui, est ailleurs. Dans la lucidité de ses recrutements de jeunes Luxembourgeois. Si c’est surtout Joé Neves, 17 ans, qu’on a remarqué ces dernières semaines, Gonçalo Rodrigues, 19 ans, a fait preuve d’énormément de régularité sur toute la phase aller, Emre Erkus, 19 ans, en a profité pour être appelé en espoirs et Noah Rossler, 18 ans, dégage toujours autant de potentiel. Les couloirs du Victoria sont occupés pour un bout de temps.
3) Sinani, plus fort qu’au Fola
Son bilan l’an passé avec le Fola? Superbe : 16 buts et 13 passes décisives sur l’ensemble de la saison. En quittant le club eschois, Dejvid Sinani voulait se prouver qu’il pouvait «être décisif ailleurs». Il a déjà gagné son pari semble-t-il. Puisqu’il en est déjà à 11 buts et 10 passes décisives et qu’on voit difficilement comment il pourrait ne pas faire (beaucoup) mieux dans une équipe dudelangeois dont le rendement, avant son arrivée, était pourtant largement dépendant des couloirs. Il en fait sa chose à une vitesse irréelle et aujourd’hui, il ne lui manque plus que d’être impliqué sur 8 buts en 15 matches pour faire mieux que sa saison dernière.
4) Le Progrès a recomposé dare-dare
La direction niederkornoise s’est sentie asticotée sur le sujet, au moment de la reprise mais il y a avait de quoi : en perdant Tekiela, Habbas et Shala, le Progrès avait perdu un réservoir de 28 buts la saison passée. Il n’y avait pas que ça : le tout jeune Issa Ba est parti au dernier jour du mercato, Tim Hall un peu avant. Il a fallu recomposer beaucoup de choses alors que la plupart des milieux de terrain offensifs étaient blessés. Léoni et ses gars ont fait le dos rond et viennent de signer six victoires consécutives en DN, chose que le club n’avait plus réalisé depuis 2018.
FLOPS
1) Hamm, pire club du siècle?
Le RM Hamm Benfica est malheureusement pour lui là où on l’attendait : bardé de petits jeunes sans expérience, plombé par des joueurs déjà partis. Il a opportunément débloqué son compteur face à Rosport mais où va-t-il? Il lui faut encore un petit effort pour éviter d’être la pire équipe de DN du siècle : l’US Esch avait pris 4 pts en 2018. Mais il serait bon pour lui d’éviter également le statut de pire défense du siècle, qui appartient pour l’heure à Hostert en 2012 : 82 buts encaissés. Cela sera délicat puisque les Benfiquistes en sont déjà à -53. Il devrait par contre être possible, en 15 rencontres, de mettre encore les trois petits buts qui leur permettront de faire mieux que le minuscule +10 de Beggen en 2005.
2) Les spectateurs, c’est inquiétant
O. K., on veut bien que la pandémie ait fait énormément de tort à tous les championnats du monde en termes de fréquentations mais la BGL Ligue prend cher : 366 spectateurs en moyenne seulement depuis le début de saison, c’est famélique. Au dernier décompte pour un championnat normal, celui de 2018/2019, on en était à 470 et c’était déjà une mauvaise année. Differdange (qui a certes joué beaucoup sur le terrain du Progrès) a par exemple perdu… 250 spectateurs dans l’intervalle. Dudelange? Près de 200. Rosport? Une centaine. Etzella? Une grosse centaine. Hormis Mondorf, en fait, tout le monde perd du monde et beaucoup.
3) Le Swift, c’est toujours pas ça
Septième attaque du pays, quatrième défense et… un retard de sept points sur le podium et de neuf sur le leader. Le mieux entrevu avec l’arrivée du duo Parisi-Crasson s’est un peu tassé et deux défaites sont revenues pour mettre fin à une année sinistre après la perte du titre dans les dernières coulées de la saison passée. Et un fait ne laisse pas place au doute : son gardien, Dupire, est le meilleur joueur de l’équipe et son aboyeur et capitaine, Tom Schnell, est le plus haut placé dans la hiérarchie des joueurs de champ. Bref, c’est toujours la tenue de guerrier.
4) Les non-vaccinés font peser une menace
Il n’est pas question, ici, de juger les choix de vie de chacun. Mais bien plus d’une centaine de joueurs de DN n’avaient pas pas reçu la moindre dose de vaccin, au moment où le gouvernement a décidé qu’il faudrait bientôt un schéma vaccinal complet pour pouvoir continuer à jouer au foot au pays. Et des clubs s’inquiètent aujourd’hui de ce qu’ils pourraient perdre du monde en route. Et donc d’une baisse de niveau particulière et… générale.
Julien Mollereau