D’une certaine manière, cela peut paraître démesuré. La police grand-ducale va mettre en place dès ce vendredi soir un très important dispositif pour éviter de nouveaux débordements lors des manifestations contre les restrictions sanitaires qui s’annoncent. Les faits survenus samedi dernier sont graves.
Mais combien de fauteurs de troubles se trouvent vraiment à l’origine de l’envahissement des marchés de Noël, des banderoles haineuses hissées devant la Gëlle Fra, de la tentative de forcer l’entrée de la Chambre et des incidents survenus devant le domicile du Premier ministre ?
Dans les faits, cette question importe peu. Gouvernement, police et Ville de Luxembourg ne veulent prendre aucun risque après un week-end où les forces de l’ordre ont bien été prises de court. La critique qui s’abat sur eux est compréhensible. Par contre, la faute est aussi à imputer aux anonymes qui ont appelé au «rassemblement national».
Personne ne veut être «l’organisateur» de ce mouvement. Le scénario survenu samedi risque de se répéter. Il semble confirmé qu’un second «rassemblement» aura lieu demain, encore une fois sans concertation préalable avec la Ville ou la police. Sans la mise en place d’un périmètre strict, dans lequel les manifestations seront autorisées, plusieurs groupements de personnes, casseurs compris, auraient à nouveau pu envahir le cœur de la capitale.
Ce genre de défilé «sauvage» ne correspond nullement au cadre légal qui accompagne les deux piliers démocratiques que sont la liberté d’expression et le droit à la manifestation.
Le dispositif renforcé mis en place n’est cependant pas une garantie à même d’éviter de nouveaux débordements. «Soyez-sur vos gardes!» ou «Place à la phase stratégique» sont les annonces énigmatiques que l’on retrouve sur les réseaux sociaux fréquentés par les covidsceptiques et antivaccins. En parallèle, des appels sont lancés pour des rassemblements près des églises des communes du pays. Le contexte est donc bien explosif.
Les autorités ne l’affirment pas ouvertement, mais les importants moyens déployés ce week-end doivent servir de dernier avertissement lancé à ceux qui sont tentés de dépasser les bornes. Au plus tard dimanche soir, on saura si la force de dissuasion a été suffisante.
David Marques