Peu utilisé à Differdange, Alexandre Hotton (32 ans) est titulaire à Käerjeng, où il vit une première partie de saison pour le moins mouvementée. Pour preuve, sa récente altercation avec Tommaso Cosanti.
Käerjeng vit une saison particulièrement compliquée…
Oui. La trêve va nous faire le plus grand bien. Déjà, ça va nous permettre de récupérer les blessés.
Mais pas votre capitaine, Tommaso Cosanti, écarté par le club à la suite d’une altercation verbale dans le vestiaire avec vous et Pierre-Yves Ragot. Vous êtes-vous expliqués depuis?
Non. Je sais qu’à la fin d’une rencontre, on peut être encore dans le feu de l’action. Impulsif, je peux l’être et, après le match de Berchem, je me suis sans doute aussi énervé, mais que je sache, je n’ai pas eu de propos déplacés envers Tommaso.
Jusqu’à cette altercation, il n’y avait pas de problèmes entre Tommaso et moi. À vrai dire, je n’arrive pas à expliquer comment on en est arrivés là…
Il en a eu envers vous ?
Avec Tommaso, on a joué ensemble à Pétange et ça se passait très bien. D’ailleurs, jusqu’à cette altercation, il n’y avait pas de problèmes entre Tommaso et moi. À vrai dire, je n’arrive pas à expliquer comment on en est arrivés là… De mon côté, s’il veut me parler, ma porte n’est pas fermée. Mais pas sûr qu’il en ait l’envie. Je ne sais pas si un retour en arrière est possible.
Les dirigeants ont décidé de l’écarter. Cette sanction vous paraît-elle justifiée?
Je ne suis pas à leur place. Personnellement, après cette altercation, j’aurais écarté les deux joueurs pour le match suivant, puis je les aurai convoqués une semaine plus tard, histoire de discuter de tout cela à froid. Mais, je le répète, les dirigeants ont pris la décision qui leur paraissait juste.
Vous vous seriez sanctionné?
Pour une altercation, il faut être deux. Alors oui.
Käerjeng a la plus mauvaise défense du championnat et devra donc se passer d’un défenseur…
Depuis le début de la saison, avec toutes les blessures, on n’a jamais pu aligner l’équipe au complet. Alors, être privé d’un joueur pour cause de blessure ou autre, c’est la même chose.
Votre départ des Red Boys, cet été, pour Käerjeng a surpris un peu tout le monde. Pourquoi avez-vous décidé de quitter Differdange?
Je voulais reprendre mes études. Or les horaires d’entraînement ne m’auraient pas permis d’assister à plus de deux séances. Alors, déjà qu’avec quatre entraînements par semaine, je ne jouais pas beaucoup, je n’ose même pas imaginer ce que ça aurait été…
Avez-vous souffert de ce qui pourrait s’apparenter à un manque de confiance?
En sport, c’est le meilleur qui joue. Et c’est normal. D’après les dirigeants, j’avais de meilleures statistiques que l’autre gardien (NDLR : Mikkel Moldrup), mais ce n’est pas pour autant que je jouais davantage…
Vous étiez pourtant assez proche de Sylvain Brosse, l’entraîneur de l’époque, avec qui vous faisiez le chemin. Vous ne lui avez jamais fait part de votre sentiment à ce sujet?
Sylvain, je le connais depuis longtemps. Il a été mon entraîneur au pôle espoirs de Pont-à-Mousson. J’ai joué aussi à Dieulouard, son club de cœur. Après, pouvait-il me faire jouer davantage? Avait-il des consignes de la part des dirigeants? Je ne sais pas…
Dans ces circonstances, votre titularisation en finale de la Coupe de Luxembourg contre Berchem fut assez surprenante, non?
Oui, d’autant que Mikkel avait fait une super demi-finale. À la mi-temps, Sylvain me demande si je veux entrer. Je lui dis qu’il est préférable pour l’équipe que Mikkel reste sur le terrain. Après la qualification, il m’a dit que je jouerais la finale.
Une finale lors de laquelle vous avez été particulièrement bon. Est-ce votre meilleur souvenir?
Le meilleur, il aurait pu l’être si le but de Swan Lemarié n’avait pas été refusé (NDLR : les arbitres ont estimé que le ballon avait franchi la ligne de but après le buzzer). C’était sur une relance de ma part, Swan réalise quasiment un kung-fu, ça aurait été génial. Je vous avoue que cette finale perdue me reste en travers de la gorge, car, selon beaucoup d’observateurs, le but était bien valable. Mais bon, sur le moment, ça allait très vite et ce n’était pas évident pour les arbitres de prendre une décision. Avec la VAR, ça aurait été différent (il rit).
Votre arrivée cet été à Käerjeng coïncide avec le départ de Chris Auger. Votre intégration en a-t-elle souffert?
Pas du tout! Aucun joueur ne m’a fait sentir que j’étais venu prendre la place de Chris. D’ailleurs, à mon arrivée, j’ai tenu à clarifier les choses avec les dirigeants : dans mon esprit, je venais à Käerjeng pour me relancer. Pas pour mettre Chris dehors. Je n’aurais rien à l’idée de jouer avec lui. Bien au contraire.
Son départ semble avoir eu un impact sur le vestiaire. Pour certains, ce fut même la goutte d’eau qui a fait déborder le vase…
Avec Chris, nous ne sommes pas intimes, mais je le connais depuis l’époque où il jouait à Thionville. On s’est recroisés cette saison, mais on n’a pas abordé le sujet. À Käerjeng, c’est évident qu’il avait une place à part. D’ailleurs, il a des relations bien plus fortes avec certains de mes partenaires que moi-même. Et c’est normal, ils ont un vécu commun bien plus important.
Cette première partie de saison avait des airs de chemin de croix pour Käerjeng. Comment imaginez-vous la seconde?
Je pense qu’une fois que l’on aura récupéré l’ensemble des blessés, ça ira mieux. Et puis, que ce soit contre Esch (33-32, 2e j.), Dudelange (29-28, 3e j.), Red Boys (30-31, 5e j.) et Berchem (33-34, 6e j.), on a perdu quatre matches d’un petit but. Ça veut dire que malgré tous nos pépins, on marque beaucoup. Maintenant, il faut régler le problème défensif, l’équipe montrera alors son vrai visage.
Charles Michel