Depuis son passage au Red Star, l’ailier niederkornois semble encore meilleur. Ses stats autant que son jeu le prouvent. Et le Progrès en profite.
La DN a accouché d’une nouvelle espèce. Le super attaquant. Un être à part qui cumule autant de statistiques dans la case «buts» que dans celle des passes. Le F91 a Sinani, 10 buts et 10 passes. Le RFCU a Mabella, 9 buts et 5 passes. Differdange a Bertino, 7 buts et 5 passes. Le Progrès aussi a désormais le sien, qui émerge clairement depuis sept semaines : Mayron De Almeida, 8 buts et 5 passes. Ce n’est pas forcément une information majeure d’apprendre que l’ailier gauche peut être prépondérant. C’est juste qu’avant son escapade au Red Star, la saison passée, il n’était pas aussi décisif et ne semblait pas avoir une influence aussi manifeste sur le jeu niederkornois. Après quatre journées sans aucune influence sur le rendement offensif de l’équipe, on a pu se poser des questions, mais depuis le Belge est ainsi impliqué dans… douze buts en six matches. L’automne en pente raide.
«Je savais que ça prendrait quelques semaines pour trouver le rythme et j’étais prêt à attendre pour revenir à mon meilleur niveau», sourit le joueur. Seulement c’est à se demander : son meilleur niveau de 2019 n’avait jamais atteint de tels sommets statistiques, si ? Avec notamment trois doublés sur ces cinq dernières rencontres de DN, l’ancien Virtonais a déjà dépassé son meilleur total de buts sur une saison de BGL Ligue alors qu’il n’a participé qu’à onze journées seulement. «C’est sans doute qu’il est bien entraîné», lâche, rigolard Stéphane Léoni, qui l’a aussi essayé à droite ou en soutien d’attaque. «Non, mais c’est vrai qu’il est super décisif. C’est pour ça qu’on l’a recruté. C’est un leader technique.» Le technicien l’avoue quand même, il a eu un peu peur, quand Issa Bah a décidé de rejoindre Venise au dernier jour du mercato. À ce moment-là, De Almeida était en pleine réathlétisation et un léger doute planait encore. Plus maintenant.
«Des moments où il se la jouait trop perso»
Le Progrès en est aujourd’hui à cinq succès consécutifs en BGL Ligue et vient d’inscrire quinze buts en deux rencontres. Comme par hasard, cela correspond au moment ou De Almeida a trouvé un rythme. Mais on sent bien qu’insinuer que son ailier de 26 ans est à la base de la reconquête démange la fibre collectiviste de Léoni, qui se fait fort de rappeler que c’est aussi un patient travaille de recherche de binômes sur le terrain, de remise en forme de blessés, qui est à l’origine de l’état de forme étincelant du Progrès. Seulement l’un de ceux qui a connu le De Almeida de 2019, Yannick Bastos, ne peut s’empêcher de remarquer, lui aussi, qu’il est tout simplement meilleur depuis son passage en région parisienne. «Je pense qu’il a beaucoup évolué dans son jeu. Même s’il savait déjà être décisif avant, il y avait des moments où il se la jouait trop « perso« , au sens où il faisait des choses compliquées qui n’étaient pas efficaces. Aujourd’hui, tout ce qu’il fait a une raison, tout est contrôlé, il y a quelque chose de pensé derrière.»
Il faut bien ça pour s’inviter à la table des super attaquants. Mais De Almeida confirme le ressenti de son coéquipier sans fausse modestie. Avant, c’est simple, il faisait tout pour être exceptionnel. Aujourd’hui, il est exceptionnel parce qu’il sait faire simple : «Le club attend beaucoup de moi et on compte sur moi pour débloquer certaines situations, comme face à Mondorf récemment (NDLR : victoire 3-1), où j’égalise avant de faire une passe décisive cinq minutes plus tard. Mais j’évite de me prendre la tête en me disant que je DOIS faire la différence.» Ce genre de considérations, effectivement, c’est bon pour les petits jeunes. Mayron ne DOIT pas faire des différences. Non, il les fait et on n’en parle plus. Demandez à Dejvid Sinani ou Yann Mabella, ils savent quel effet ça fait.
Julien Mollereau