Le champion en titre, victorieux du RFCU, se raccroche aux branches et reste dans le coup, malgré une année de folie qui aurait pu (dû?) le déstabiliser.
Le talent d’un coach tient peut-être aussi à ce qu’il sait raconter une histoire à laquelle tous ses joueurs croient et s’identifient. Il faut qu’ils finissent par s’en emparer au point de la rendre vivante. Celle que Sébastien Grandjean a décidé de mettre à la mode, ces dernières semaines, est celle d’un Fola en souffrance, qui a utilisé toute la première partie de l’année 2021 à aller chercher, sous la pression, un titre auquel personne ne le prédestinait, qui a passé son printemps à rebâtir un groupe délesté de tous ses éléments phares (Sinani, Hadji, Sacras…), puis son été dans une épuisante campagne d’Europa League.
Et qui donc, ne devrait pas forcément être là, aujourd’hui, au contact des meilleurs. Le technicien belge s’en est resservi samedi soir, après le coup de sifflet final : «Il faut se demander si ce n’est pas extraordinaire, aujourd’hui, d’être revenu à un petit point du RFCU. Avec tout ce qu’on a vécu ces derniers mois, c’est dingue d’être là.»
Ce n’est pas la première fois que Grandjean joue de cette corde sensible, mais après tout, elle résonne particulièrement bien dans ce club systématiquement donné mort aux ambitions à chaque début de saison depuis trois ans et qui résiste à tout.
On avait fini par se dire, le 6 novembre, après la claque que lui avait infligée le F91 au Galgenberg (0-3) que le moment de voir le club doyen dévisser était finalement arrivé. Et visiblement non. Dans la foulée, le Fola a arraché un nul dans les arrêts de jeu lors du derby eschois (3-3) et remporté une victoire qu’il ne méritait pas contre Hostert (2-0).
«C’est très, très bon pour le moral»
Samedi soir, au stade Achille-Hammerel, il ne s’agissait pas de trois points immérités ou arrachés au dernier moment, mais d’une partie sérieuse, maîtrisée et qui doit aussi en partie au niveau de jeu absolument dingue d’Emmanuel Cabral en ce moment. Le gardien de but se sera rendu coupable de quatre arrêts décisifs devant Mabella et Rossi.
Deux garçons plutôt intenables depuis le début de l’automne, mais que ce Fola, qui aurait été sévèrement décramponné par les équipes du podium en cas de défaite, a maintenu sous l’éteignoir. Ce n’est pas une mince performance : ils pèsent six buts à eux deux sur les cinq dernières journées.
«On était concentrés et on a fait ce qu’il y avait à faire défensivement, confirme Julien Klein, capitaine heureux. La première fois qu’on avait eu une occasion de revenir sur tout le monde, face au F91, on était complètement passés à côté. Là non. C’est très, très bon pour le moral.»
Pour retrouver le sourire et des ambitions, le club doyen n’a pas eu besoin d’énormément d’occasions de but. Si Ruffier a eu la main ferme, au pied de son poteau, sur une reprise déviée de Diallo (27e), si Nakache a sorti un corner rentrant de Grisez sur sa ligne (52e), si Dragovic a vu sa tête à bout portant repoussée (61e), c’est à l’un des symboles éclatants d’une dernière saison magique, un Diogo Pimentel terriblement en difficulté depuis quelques semaines, que revenait le droit de faire résilience.
Il subtilise un ballon de contre à Mabella aux vingt mètres, s’avance et déclenche un tir soudain avec rebond qui transperce Ruffier (0-1, 61e). Cela suffit, largement, à rester dans la catégorie des clubs qui postuleront à l’Europe.
Julien Mollereau