Le Luxembourg s’est incliné, samedi, contre la République tchèque (12-39). Satisfait de l’attitude de ses joueurs, qui ont plié dans les vingt dernières minutes, Michel Frachat est conscient du chantier qui l’attend.
Quel est votre sentiment après ce premier match à domicile, le premier au stade de Luxembourg ?
Ce matin (dimanche), on a réalisé un petit débriefing de ces trois jours passés ensemble. Et on est très satisfait ! Déjà, du point de vue de l’organisation générale, le rugby luxembourgeois a vécu un très beau moment. Je pense que celui-ci peut se résumer en trois mots : chaleureux, sérieux et confortable. Les joueurs vivaient quelque chose d’assez extraordinaire. Après, concernant le stade, que dire d’autre si ce n’est que c’est un superbe outil ? Sa configuration fait que lorsque l’on est sur la pelouse, les lumières et le son se diffusent parfaitement. C’est parfait pour l’ambiance.
Au vu de leur entame de match, les joueurs n’ont, semble-t-il, pas été bridés par l’événement…
C’est vrai. Ils sont très bien entrés dans la rencontre. Il faut dire que nous avons travaillé, avec les joueurs, sur la gestion de l’accumulation d’énergie plutôt que l’émotion, qui peut être contre-productive.
Comment vous y êtes-vous pris ?
Dès le premier jour, à l’entraînement, mais aussi, dès le premier soir, on a travaillé sur ce point. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais lors de ce premier soir, on a vécu des moments assez forts. Un peu particuliers. Il y a eu beaucoup d’émotions contradictoires. C’était très intéressant. Puis, nous avons eu recours à un travail de visualisation. Un travail d’imagerie collective où chaque joueur avait le droit de s’exprimer, de parler de son ressenti, etc. Le but était d’aligner les énergies et les logiciels de chacun pour être en phase avec le plan.
Les joueurs vont devoir opérer un travail d’athlétisation, car le déficit dans ce secteur est criant
Cela peut paraître quelque peu abscons, non ?
Peut-être, mais je ne vais pas dévoiler dans le détail ce que l’on a fait.
Si on a bien compris, vous avez travaillé sur la dimension davantage psychologique que purement technique…
Trois jours, c’est court, et sur le plan du jeu, tu ne peux pas faire de miracle. L’important était d’établir un plan relativement simple et que les joueurs soient mis dans les meilleures conditions psychologiques possibles pour pouvoir l’appliquer.
Et cela a marché ?
Plutôt oui ! Je suis très satisfait de la prestation des joueurs. Malgré le fait que nous ne disposions que de trois jours, d’une faible profondeur de banc et de talents hétéroclites, nous avons existé durant soixante minutes.
Les vingt dernières, la volonté n’a plus suffi…
À l’avenir, et si l’on veut être en mesure de tenir dans les vingt dernières minutes, il n’y a pas de secret : les joueurs vont devoir opérer un travail d’athlétisation, car le déficit dans ce secteur est criant. Physiquement, les Tchèques nous étaient largement supérieurs. Alors oui, nous avons tenu durant une heure grâce, essentiellement, à la force mentale. Mais voilà, celle-ci a ses limites. Ça peut marcher un match sur dix, mais si on veut se développer et se déployer, cela passe par un gain de 25% de puissance, de vitesse, etc. C’est un travail que les joueurs vont devoir faire durant plusieurs mois. On fera déjà un premier point lors du prochain stage, les 4-5 février.
Quel regard l’entraîneur que vous êtes porte sur ce match contre la République tchèque ?
Il y a eu de l’engagement, du combat et on a été plutôt bon dans le travail de conservation du ballon. Notamment au sol. Dans ce domaine, on a su relever le défi. Je suis très content du respect général du jeu souhaité. Avec notamment de l’alternance. Par exemple, on a su monter une chandelle quand il le fallait, etc.
William Browne, auteur de quatre pénalités, a bien failli inscrire un essai sur un coup de pied à suivre pour lui-même, stoppé à quelques centimètres de la ligne d’en-but…
Je ne veux pas sortir un joueur en particulier. William, au-delà de ses pénalités, a été bon dans l’animation du jeu.
Vous évoquiez le déficit athlétique. Le Luxembourg a souffert sur les phases de conquête…
Oui. Il nous manque des munitions dans ce domaine. On a perdu une quinzaine de ballons de conquête, c’est-à-dire sur touches ou mêlées, ce qui est beaucoup. Ce qui est trop. Cela étant, on a été bon défensivement dans le jeu courant.
Le premier essai des Tchèques intervient dans la foulée de la sortie sur blessure de votre capitaine, Guillaume Kimmel. Y a-t-il un lien de cause à effet ?
Non. On s’était jusque-là très bien sortis sur des mêlées adossées à notre ligne d’en-but. Et ce, grâce à une roublardise qui consistait tout simplement à les pousser à la faute. Ce qui a plutôt bien marché. Mais à un moment donné, quand tu manques de puissance en deuxième ligne, l’inéluctable finit toujours par arriver. Alors, même s’il était resté sur le terrain, Guillaume n’aurait rien pu changer.
Samedi, sur la feuille de match, ce n’était pas vous le sélectionneur, mais Alexandre Benedetti…
Oui. Le règlement de Rugby Europe veut que l’entraîneur prenne place en tribune. Moi, c’est hors de question, je veux être sur le terrain. Au plus près de mes joueurs.
Entretien avec Charles Michel
Les résultats
Samedi
Luxembourg – République tchèque 12-39
Classement
1. République tchèque 10 (2;+25)
2. Suède 5 (1;+46)
3. Hongrie 0 (1;-18)
4. Luxembourg 0 (2;-73)
5. Lettonie 0 (0;0)