[Phases de groupes] Devenu superstar grâce à son fantastique but de l’aller au Bernabeu, Sébastien Thill veut faire durer le rêve européen du Sheriff.
Sortez les calculettes. Cela vaut un peu plus la peine pour le Sheriff Tiraspol de Sébastien Thill que pour Christopher Martins avec les Young Boys Berne : les Moldaves n’auraient même pas besoin de jouer contre le Real Madrid pour valider leur maintien en Coupe d’Europe.
Suffirait que l’Inter Milan, qui n’a été battu que deux fois à domicile sur ses vingt dernières rencontres à domicile contre… la Juve et le Real Madrid, fasse le boulot contre le Shakhtar Donetsk. Et alors le Sheriff passera l’hiver au chaud, il verra, au moins, les huitièmes de finale de l’Europa League quel que soit le résultat de son match retour contre le grand Real Madrid.
Mais est-ce cela, que souhaitent le club moldave et son point d’équilibre luxembourgeois ? N’ont-ils pas le droit de rêver à plus puisqu’ils pourraient, selon toute logique, devoir se déplacer le 7 décembre prochain, en Ukraine, contre une équipe qui n’a plus rien à jouer ? On ne saura pas. Mardi, les dirigeants du Sheriff ont expressément demandé à leurs joueurs de ne répondre à aucune interview. En mode union sacrée, concentration totale et mission impossible. Surprendre une deuxième fois le club qui a remporté treize Ligues des champions ? Ébranler son entrejeu Kroos – Casemiro – Modric, qui pèsent respectivement 126, 76 et 109 matches de C1. Vraiment ?
«Ça en valait la peine, non ?»
Cela se fera alors sans la moindre pression. Et espérons-le avec un Sébastien Thill qui régale autant qu’à l’aller. L’ancien capitaine niederkornois arrivera d’autant plus frais pour faire ses traditionnels 12 kilomètres qu’il a pu profiter de la trêve internationale pour refaire du jus en sélection, qui l’a très peu utilisé. Mais il souffrira, il le sait. Suffit de se rappeler ses mots au lendemain du déplacement en Espagne qui l’avait vu expédier une demi-volée en lucarne de Thibaut Courtois, offrant la victoire-surprise à son Sheriff, privé de ballon quasiment tout le match, hormis quelques contres fulgurants : «Oui, on a beaucoup couru et à la fin, j’avais des crampes, mais ça en valait la peine non ?».
Ce but, ce succès, lui ont permis de faire le tour de la planète depuis son canapé. Toute l’Europe l’a appelé. Mais aussi l’Afrique et les États-Unis. En un match, il a conquis une notoriété que son coup franc au San Siro, contre l’Inter, est encore venu renforcer. Forcément, il n’a pas envie que ça s’arrête : «On vit des moments extraordinaires et les vivre avec la plus petite équipe du plateau de Ligue des champions, c’est encore plus beau, avait-il confié il y a quelques semaines à la chaîne RMC Sports. Et si on passe, j’aimerais bien tirer le Bayern Munich.» Non, «Séba» ne veut pas s’arrêter là. Le leader de la Liga est prévenu. Son génial buteur Karim Benzema, 15 buts en 17 matches cette saison, aussi : il y a un petit Luxembourgeois qui rêve de lui faire de l’ombre.
Julien Mollereau