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Pour un fonds spécial « catastrophes naturelles »


Si les catastrophes naturelles ont coûté quelque 160 millions à l’État depuis 2016, les coûts pourraient être bien plus élevés à l’avenir en cas d’inaction contre le réchauffement climatique, prévient la Cour des comptes. 

La Cour des comptes propose la création d’un fonds spécial afin de soutenir rapidement les victimes de catastrophes naturelles et lorgne le fonds souverain intergénérationnel pour contribuer au bien-être des générations futures.

La lutte contre le changement climatique avait dominé le discours de Xavier Bettel sur l’État de la Nation, et le ministre des Finances, Pierre Gramegna, en présentant son projet de budget avait assuré que la lutte contre le changement climatique était considérée comme le défi du siècle et se situait au centre des préoccupations et des priorités du pays.

La Cour des comptes en prend bonne note dans son avis concernant le projet de budget et profite de l’occasion pour suggérer au gouvernement des mesures à mettre en place «pour réagir à des crises de toutes sortes afin d’en améliorer la gestion».

La crise climatique pourrait mettre réellement en danger la pérennité des finances publiques du pays, mais aussi l’ensemble de l’économie si le gouvernement ne passe pas à l’action.

«Les coûts liés à la crise climatique auxquels seront exposées les futures générations dépasseront de loin les dépenses qui devraient être effectuées aujourd’hui pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique», prévient la Cour des comptes.

Depuis la catastrophe de la vallée de l’Ernz, en juillet 2016, suivie par les inondations du Mullerthal en juin 2018, et les dernières inondations en juillet dernier, 160 millions d’argent public ont été injectés pour réparer les dégâts.  Pour les assurances, ces catastrophes ont coûté 360 millions en incluant la tornade du 9 août 2019 sur Pétange et Bascharage.

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Avant 2016, les compagnies d’assurance luxembourgeoises ne couvraient que les risques d’inondation dans les zones situées le long de la Moselle et de la Sûre, mais depuis elles ont étendu la couverture à une mutualisation globale en plafonnant les indemnités à 20 000 euros pour les résidents vivant dans des zones inondables et à 200 000 euros pour les habitants des zones non inondables.

Non seulement l’État devra intervenir pour combler les écarts afin d’atténuer l’impact social des catastrophes naturelles, mais encore de plus en plus de zones risquent d’être reclassées en zones inondables.

Conséquence : une diminution du seuil indemnisable de 200 000 euros à 20 000 euros, débouchant sur une augmentation des dépenses publiques, comme le prédit la Cour des comptes.

Elle craint une augmentation de ces coûts pour l’État et propose, pour «garantir une plus grande visibilité et un meilleur suivi de ces dépenses», la création d’un fonds spécial dédié au financement des dommages occasionnés par les catastrophes naturelles permettant de soutenir les victimes rapidement sans pour autant trop impacter le budget étatique.

Selon la Cour des comptes, ce fonds aurait l’avantage «de rendre les coûts liés au changement climatique plus transparents et de simplifier le suivi et l’évaluation de ces dépenses».

Pourquoi pas le FSIL

Les auteurs de l’avis lorgnent le Fonds souverain intergénérationnel du Luxembourg (FSIL), institué en 2014 par la coalition tricolore, qui a pour mission de réaliser une épargne dont les revenus pourront être utilisés pour contribuer au bien-être des générations futures.

Voilà qui tombe à pic, car les fonds engrangés depuis – 400 millions au 31 décembre 2020 –, «pourraient servir à financer des mesures de protection et de résilience pour supporter les conséquences du changement climatique et ainsi contribuer au bien-être des générations futures», suggèrent-ils.

Dans cet avis, la Cour des comptes qui analyse l’impact financier et les effets socio-économiques d’une inaction en la matière, a été confrontée à une absence de données «exhaustives et centralisées sur l’impact financier, social, sanitaire et environnemental des catastrophes climatiques».

Pour y remédier, elle recommande l’instauration d’une cellule environnementale chargée de répertorier l’ensemble des mesures mises en œuvre dans le cadre du changement climatique, d’en assurer le suivi et l’évaluation et de formuler des recommandations.

Les Banques centrales pointées du doigt

La Cour des comptes adresse à l’attention des Banques centrales un message clair concernant leur soutien toujours actuel à l’exploitation des combustibles fossiles par le biais de leurs achats d’actifs et de leurs politiques monétaires qui fait tache avec leur discours de lutte contre le réchauffement climatique.

La Cour des comptes recense pourtant «les puissants outils dont elles disposent pour mettre fin au financement des énergies riches en carbone qui restent souvent inutilisés». Les Banques centrales «devront agir et apporter leur contribution face à la crise climatique», conclut la Cour.

Geneviève Montaigu

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