Jenny Warling a terminé son année, ce samedi 20 novembre, avec une défaite pour la médaille de bronze aux championnats du monde de karaté à Dubai. Mais le bilan 2021 est très positif malgré tout.
La joie de réaliser un parcours sans faute jusqu’en demi-finale, la déception d’être menée 1-5 dans ce combat par l’Américaine Trinity Allen, l’inquiétude après une chute des deux jeunes femmes alors qu’il restait moins de 50″ au chrono, la joie contenue d’être désignée vainqueur à la suite de l’impossibilité pour l’Américaine de reprendre le combat, le coup de massue, quelques minutes plus tard, quand elle apprend qu’elle est disqualifiée au profit de son adversaire, l’espoir de voir la réclamation – somme toute légitime – aboutir avant que celle-ci ne soit définitivement rejetée pour des raisons obscures : Jenny Warling est passée par toutes les émotions avant d’arriver à ce combat pour la troisième place des championnats du monde, samedi 20 novembre à Dubai.
On se demandait dans quel état, surtout psychologique, la Walferdangeoise allait se retrouver pour tenter d’aller décrocher une belle breloque dans ces mondiaux émiriens : «C’est derrière moi, maintenant je vais me concentrer sur ce qu’il y a devant», confiait-elle la veille de ces retrouvailles avec la Bulgare Ivet Goranova. Cette dernière, qui pointe actuellement au 13e rang mondial, avait dominé Jenny Warling lors du match pour la troisième place du tournoi de qualification olympique et s’était ainsi qualifiée pour Tokyo… où elle a décroché l’or!
Malheureusement pour elle, la nuit précédente n’a pas été bonne. Mais rien à voir avec un éventuel stress : «J’ai mal dormi. J’avais chaud et soif, je me suis réveillée plusieurs fois. Mais je n’étais pas stressée. Simplement, je coupe la clim pendant la nuit pour éviter de tomber malade.» Quand on sait qu’il fait aux alentours de 30 degrés en ce moment là-bas, on comprend qu’elle ait eu chaud.
Une meilleure nuit aurait-elle changé la donne? On ne le saura jamais. Toujours est-il que samedi, tout a commencé comme à Paris, cinq mois plus tôt, à savoir avec un premier point inscrit par Goranova, qui prend donc le senshu (en cas d’égalité, la première à marquer l’emporte).
Obligée d’attaquer, la Luxembourgeoise, 11e mondiale, parvient à égaliser : «J’ai continué à mettre la pression et j’attendais le bon moment pour attaquer. Malheureusement, elle attaquait en même avant : elle a obtenu deux drapeaux pour son coup de pied et moi un seul pour mon coup de poing.»
Le score final est donc de 1-4 en faveur de la championne olympique, qui s’empare du bronze. L’Américaine Trinity Allen, plâtrée, n’a pas pu combattre pour l’or et décroche donc l’argent sans combattre alors que le titre est pour l’Égyptienne Ahlam Youssef. Même s’il s’agit de la troisième défaite en autant d’affrontements face à elle, la combattante grand-ducale se montre volontaire : «J’ai perdu trois fois contre elle, mais elle est battable. Ce n’est pas facile, il faudra que tout soit de mon côté.»
Objectif Birmingham-2022 !
Une fois la tension relevée, la combattante grand-ducale tirait le bilan de sa compétition : «C’est dommage de ne pas avoir pu aller chercher la médaille. Mais je suis contente de mon parcours, j’ai tout donné et je reçois quand même des points pour la qualification pour les World Games.»
Le rendez-vous de Birmingham, l’été prochain, sera le gros objectif de Jenny Warling. Mais à l’instar des JO, il y a très peu d’élues. Seules les trois meilleures des Mondiaux sont d’ores et déjà qualifiées. Trois autres places seront désignées au mois de mars prochain, à l’issue du K1 Premier League de… Dubai en février, où Jenny Warling devra être très performante puisque seules les trois premières au classement mondial décrocheront leur billet : «C’est jouable. Je pense qu’avec les points pris ici, je devrais être dans le top 8. Si je prends encore quelques points au K1, c’est possible!»
Mais d’abord, place à quelques semaines sans karaté. Un peu de vacances bien méritées après une superbe année calendaire : «En fait, il ne me manque que la cerise sur le gâteau», sourit Jenny Warling. Si on regarde bien, elle est passée tout près d’une qualification pour les JO, elle a fait médaille de bronze au K1 de Moscou, elle fait 5e des championnats du monde et aurait même pu disputer le match pour le titre avec des victoires face à des adversaires de top niveau mondial, elle gagne le GP de Pilsen, s’impose à Kayl…
Souvent elle n’était pas loin, mais elle a démontré, malgré un genou toujours douloureux après une blessure en août dernier lors d’un stage en Belgique, qu’elle faisait bien partie du gratin mondial du karaté. Et quand on sait qu’elle n’a encore que 27 ans, on se dit qu’elle a encore de belles années devant elle.
Romain Haas