Fleuron de l’industrie luxembourgeoise, le groupe Ceratizit, qui compte aujourd’hui 7 000 collaborateurs dans le monde, dont 1 300 rien qu’au Grand-Duché, célébrait son centenaire ce vendredi en présence du Grand-Duc héritier.
Fondé en 1921 en Autriche, avant de s’implanter au Luxembourg dix ans plus tard, le groupe Ceratizit a fêté son centenaire vendredi, dans les locaux de son siège situé à Mamer. À l’occasion de l’anniversaire de ce fleuron de l’industrie nationale, le ministre de l’Économie, Franz Fayot, et le Grand-Duc héritier Guillaume, ont ainsi participé à une visite des installations et assisté à une série d’appels vidéo en direct de certains sites à l’étranger.
Véritable pionnier sur le marché des produits en carbure – un composé chimique incluant du carbone – et dans les applications de matériaux durs pour la coupe et la protection contre l’usure, Ceratizit développe et fabrique des outils de coupe hautement spécialisés, des barreaux en matériaux durs et aussi des pièces d’usure.
Trois sites au Luxembourg
Au Grand-Duché, le groupe Ceratizit occupe trois sites : le siège, qui se situe à Mamer et occupe 1 200 employés; le site de Livange, qui abrite Ceratool et Ceraspin réunissant une centaine d’employés; et Niederkorn, où Ceratungsten emploie une cinquantaine de personnes.
Le groupe compte 25 sites de production partout dans le monde et est actif dans plus de 80 pays. Orienté vers la recherche et le développement, 200 collaborateurs imaginent le futur de Ceratizit qui a déjà remporté une quinzaine de prix dans les domaines de l’innovation. Le groupe affiche un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros.
Peu connu du grand public, mais reconnu mondialement pour son expertise de pointe, le groupe est entré récemment dans le top 5 du marché international des outils d’usinage : les clients de Ceratizit sont dispersés à travers plus de 80 pays et œuvrent dans le secteur automobile, dans la construction, le domaine médical ou encore l’aérospatial.
Une success story qui débute en 1931 au Luxembourg, quand Nicolas Lanners lance la «Luuchtefabrik» à Bereldange, qui deviendra Cerametal en 1949. Et c’est à la fin des années 1970 que le groupe choisit la commune de Mamer pour installer son siège social.
La clé : allier tradition et innovation
Les activités de Ceratizit sont fortement axées sur la recherche et l’innovation. Le groupe détient ainsi plus de 1 000 brevets et modèles d’utilité, et l’entreprise développe en permanence de nouvelles applications et matériaux pour un large éventail de machines et d’outils, notamment pour le travail du bois et de la pierre.
Les départements consacrés à la recherche et au développement occupent pas moins de 200 collaborateurs. Un aspect souligné, dans son discours, par le ministre de l’Économie, Franz Fayot : «En l’espace d’un siècle, Ceratizit a connu un développement remarquable. Grâce à une vision axée sur des investissements dans la R&D et l’innovation, le savoir-faire de cette entreprise emblématique de l’industrie luxembourgeoise est internationalement reconnu et contribue au rayonnement du Luxembourg à l’étranger», a affirmé le ministre.
De son côté, Thierry Wolter, membre du conseil d’administration du groupe Ceratizit, a présenté le volet digitalisation, en plein développement, avec des solutions concrètes déjà opérationnelles, comme cette application qui permet aux équipes de Ceratizit d’intervenir pour accompagner à distance un client à l’autre bout du monde.
«Nous combinons réflexion sur l’avenir et passion pour la nouveauté. Notre expérience constitue la base du développement de produits en carbure intelligents et à la pointe de la technologie», poursuit Thierry Wolter, tout en présentant le tout dernier bâtiment logistique construit par le groupe sur son site de Kempten en Allemagne.
«Nous avons investi 40 millions d’euros dans ce nouveau centre logistique ouvert depuis un mois et qui va nous permettre d’assurer la livraison de nos produits en 24 heures pour l’Europe», précise-t-il.
Christelle Brucker
Lucca Picco, l’un des premiers apprentis de Ceratizit : «Jamais je n’aurais imaginé ça»
Entré à l’usine, où travaillait déjà son père, en 1978, il ne l’a plus jamais quittée : il y a rencontré sa femme et aujourd’hui, leur fils fait aussi partie des employés!
Alors que son père travaille chez Cerametal dès 1968, dix ans plus tard, le jeune Lucca Picco suit ses traces et intègre la société en plein développement en tant qu’apprenti. Le site de Mamer compte alors à peine 150 employés. «J’ai été le tout premier apprenti à obtenir un diplôme de tourneur façonneur au Luxembourg», se rappelle-t-il avec nostalgie. Et c’est au sein de l’entreprise qu’il rencontre quelques années après celle qui est son épouse depuis plus de 30 ans.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, puisque depuis dix ans, leur fils Philippe a rejoint ses parents et travaille lui aussi chez Ceratizit, au service des achats. «Lors de la pandémie, pour aider à la préparation de certaines commandes, on a même pu travailler ensemble à la production», raconte Lucca.
Un moment précieux pour ce père et employé dévoué qui n’a cessé d’évoluer : «En 1982, j’ai développé un procédé d’extrusion et j’ai appris à mieux connaître le carbone de tungstène. Et par la suite, j’ai pu travailler sur un procédé de moulage par injection pour fabriquer un boîtier de montre suisse inrayable», relate-t-il fièrement.
Durant 25 ans, Lucca dirigera ces deux départements avant de quitter la production et la soixantaine de personnes sous ses ordres pour devenir product manager dans un segment usure : «J’ai développé de nombreux produits pour des clients du monde entier. Jamais je n’aurais imaginé ça! Le carbure est un matériau passionnant : on ne fait jamais la même chose», confie celui qui n’a pas rechigné lorsqu’on lui a demandé d’attendre un peu avant la retraite, et qui supervise aujourd’hui l’ingénierie.
Ch. B.