Le gardien de but n° 2 du pays est finalement très sollicité depuis cinq ans. Et il répond en général présent.
Tout a commencé par un 7/10, un soir de novembre 2016 contre les grands Pays-Bas. Avant ça, Ralph Schon était le grand dadais dont on se demandait s’il garderait un jour les buts de la sélection – et s’il y arriverait s’il le devait – puisqu’il n’était que le n° 3 d’une hiérarchie qui semblait déjà un peu hérétique : après tout, le Nordiste était encore quelques mois auparavant un obscur gardien de PH du côté du Norden 02. Mais dont on voyait déjà bien qu’il était content d’être là.
Et d’un coup d’un seul, par la grâce d’une prestation très aboutie contre Wesley Sneijder, Arjen Robben et Memphis Depay sur un terrain désastreux, il était devenu le chouchou de la nation. L’instituteur à qui ses élèves demandaient des autographes des joueurs stars de la Bundesliga et qui commençait à avouer, toujours gentiment, que le travail avec le psychologue du sport dépêché par la FLF avait fait un bien fou.
Il avait demandé un passe-droit…
Il en aurait bien besoin quelques semaines plus tard. Car Ralph est aussi arrivé à un moment dingue de l’histoire de cette sélection. Un groupe éliminatoire du Mondial russe de folie et la deuxième rupture des croisés de Moris. Fin mars 2017, le portier s’écroule à la 19e minute du match contre les Bleus de Giroud, Dembélé, Mbappé, Griezmann… Schon rentre. Il en ressort avec la note de… 7/10, un penalty touché et deux énormes parades.
Et le voilà arrivé à Bakou, en 2021, à 31 ans, 13 sélections et bientôt une paternité sur les bras. Car curieusement, quand Ralph enfile le maillot des Roud Léiwen, c’est souvent de lui dont on finit par parler. Question d’empathie peut-être. Lui qui avait demandé un passe-droit exceptionnel à Luc Holtz afin d’être sûr de pouvoir assister à la naissance prochaine de son enfant, n’a pas hésité à revenir sur sa décision quand le sélectionneur lui a agité l’intérêt de la nation sous le nez, après le test covid positif d’Anthony Moris.
Beaucoup l’auraient-ils fait? L’un de ses grands potes en sélection, Laurent Jans, refuse de spéculer, mais entre les lignes, on comprend : «C’est un gars fantastique. Il fait toujours tout pour le groupe et sa décision en est une preuve magnifique. Tout le groupe est heureux qu’il l’ait prise.»
«Ralph, c’est un patriote à 2 000 %»
Même le grand absent du jour, Anthony Moris, qui a trouvé la formule juste au sujet de son remplaçant : «C’est un gars qui s’est créé un statut dans ce groupe en ne jouant pas beaucoup. Et il en faut, du mérite, pour ça!» Moris, aussi, avait demandé un bon de sortie exceptionnel pour filer à la maternité, en 2018, plutôt que d’aller jouer un amical à Malte. Et n’avait pas eu à changer d’avis en catastrophe, ce qui lui permet de mesurer le sacrifice qu’a consenti le portier wiltzois. «C’est un garçon qui a énormément de respect et qui mesure la chance qu’il a de représenter son pays. C’est un patriote à 2 000 %. Il est prêt à tous les sacrifices pour son pays et ce qu’il vient de faire là, en est la plus belle preuve.»
Lui reste maintenant à s’aligner sur tout ce qu’il a pu montrer à chaque fois qu’il a pu jouer avec les Roud Léiwen. Le Schon du FC Wiltz, depuis le début de saison, a déjà été meilleur. Dimanche, à Strassen, une glissade couplée à une erreur de communication au cœur de sa surface a amené à un troisième but sublime mais un peu gag de Nicolas Perez, et David Vandenbroeck n’a pas caché que «ça ne devait pas arriver». Schon devra aussi hausser son niveau de jeu au pied pour rester dans les standards réclamés par Luc Holtz à Anthony Moris en matière de relance. Mais le n° 1 ne se fait pas plus de soucis que son capitaine, Laurent Jans.
«Il a fait des choix de vie qui n’ont pas été dictés que par le sportif, estime Moris, mais il avait largement les moyens de faire une autre carrière en DN, voire à l’étranger.» «Il sera pleinement concentré sur son sujet, assure Jans. Je ne vais pas vous parler de sa vie privée à sa place, mais soyez rassuré. Et il nous a déjà sorti assez de grands matches pour qu’on ait confiance». Gendre idéal et très bon gardien de but? On peut aborder Bakou l’esprit tranquille…
Julien Mollereau