(Après la 9e journée en Nationale 1) Le champion sortant a décidé de remplacer ses deux Américains. Pour, l’espère-t-il, prendre un nouveau départ.
On pouvait s’attendre à ce que la défense de son titre soit quelque peu compliquée pour le T71. Il faut dire qu’avec les départs des deux légendes Frank Muller et Tom Schumacher ainsi que le changement au poste de coach avec Denis Toroman qui remplace Ken Diederich, dont il est l’assistant coach avec la sélection nationale, les défis étaient nombreux pour une formation dudelangeoise qui récupérait notamment deux jeunes joueurs de l’équipe nationale, à savoir Philippe Arendt, en provenance du Sparta, et Joe Kalmes, qui venait des Musel Pikes.
Du talent, il y en a, c’est certain. Maintenant, ce qui manque à Dudelange, c’est de l’expérience. Si, lors des dernières saisons, c’était l’une des premières qualités du groupe du T71, cette année, ce sont essentiellement des prospects. Des talents en devenir qui ne demandent qu’à grandir.
Pour commencer ce qui est forcément une nouvelle ère, Dudelange avait tenté le pari de prendre deux Américains également inexpérimentés. Même si on ne peut pas tout leur mettre sur le dos, toujours est-il que le bilan très décevant comptablement parlant (3-6 et une élimination prématurée en Coupe par le Telstar) est en partie due à ses pros.
Au Luxembourg, quand les choses ne vont pas, il n’y a pas trente-six solutions : il n’y a que deux fusibles qui peuvent sauter, le coach et les Américains. Le technicien croate vient d’arriver et il n’est, pour l’heure, pas remis en question : «Peu de personnes connaissent aussi bien le basket que lui», se félicite d’ailleurs Marcel Wagener, le président du club cinquantenaire. On décide donc de laisser sa chance au produit.
Les Américains, «le seul levier»
En revanche, le parcours de Quintin Dove et Dikembe Dixson au Grand-Duché s’est donc arrêté après une dizaine de rencontres seulement. Même si le premier n’était pas vraiment le poste intérieur attendu et que le second ne pouvait finalement pas vraiment aider sur le poste de meneur, ce ne sont pas les qualités sportives et encore moins humaines qui sont remises en cause.
«Les deux sont de super mecs. D’excellents coéquipiers avec une très bonne attitude», indique Denis Toroman. «Ils ne sont, bien sûr, pas la seule raison pour laquelle l’équipe ne performe pas actuellement, mais c’était le seul levier qu’il était possible d’actionner rapidement pour changer quelque chose.»
Une décision «pas facile» mais devenue évidente après l’élimination en Coupe face au Telstar. La défaite contre Esch, ce week-end – le troisième revers de suite pour les Dudelangeois après également celui face aux Musel Pikes il y a une semaine – n’a rien changé. Les deux joueurs vont donc partir. C’est déjà fait pour Dikembe Dixson, qui a trouvé un point de chute en Suisse et le T71 fera en sorte de faire de même avec Quintin Dove, lequel sera toutefois présent toute la semaine au cas où il y aurait le moindre souci avec l’un des deux nouveaux pros.
Devin Gilligan et Terrence Thompson : expérience, maturité, qualité
En effet, la cellule de recrutement dirigée par Cliff Schroeder s’est rapidement mise en action. C’est ainsi que le club espère pouvoir compter, dès vendredi, sur Devin Gilligan et Terrence Thompson. Le premier est âgé de 28 ans, il a joué sur les cinq continents et a été élu meilleur joueur du championnat de Norvège.
Le second, qui sort de Wake Forrest, a, sur le papier en tout cas, le profil pour apporter les 12-15 rebonds par match et toute la défense intérieure dont Dudelange manque cruellement. En effet, hormis Joe Kalmes, il n’y a plus de joueur de grande taille et costaud qui puisse rivaliser avec les mastodontes de la ligue.
Et surtout, l’un comme l’autre ont cette expérience internationale qui faisait vraiment défaut à la jeune troupe de la Forge du Sud : «Notre équipe manque d’expérience et nous espérons qu’avec l’apport de ces nouveaux joueurs, nous allons remédier à cela», indique encore Denis Toroman, pris entre la tristesse de se séparer de deux joueurs et l’excitation de travailler avec de nouveaux éléments : «Mes sentiments sont mêlés. Mais d’après les informations que j’ai pu recueillir auprès des coaches, des clubs et au vu des matches que j’ai visionnés, je pense que Devin et Terrence ont le niveau d’expérience, de maturité et de qualité pour être les bons joueurs pour nous.»
Les premiers contacts ont été rassurants, comme l’explique Marcel Wagener : «Quand nous avons contacté Devin, il savait de quoi il parlait, il avait suivi les matches de l’équipe. C’est un joueur qui espérait trouver une équipe plus forte après la Norvège, mais ça n’a pas été le cas. Il peut être un meneur sur le parquet comme en dehors.»
Agir vite pour créer un électrochoc
On aurait pu se dire qu’une telle décision, aussi radicale – «Ça n’est jamais arrivé depuis que je suis président» de se séparer en une fois de ses deux joueurs pros – aurait peut-être pu attendre la trêve internationale, dans une semaine.
Mais il a été décidé d’agir vite : «Les deux matches qui viennent (NDLR : à l’Amicale, vendredi et contre le Telstar dimanche) sont très importants. Imaginez qu’on garde les mêmes pros et qu’on perde les deux avant la trêve… Là, en changeant les Américains, j’ai le sentiment que cela peut donner un surplus de motivation également aux Luxembourgeois, qui ont également leur part de responsabilités dans les mauvais résultats de l’équipe. C’est un pari certes risqué, mais on a décidé de le tenter.»
On pourrait dire que la situation est grave, mais pas désespérée. En effet, le championnat est très équilibré, Dudelange est actuellement en position de play-offs, ce qui reste de toute façon le tout premier objectif : «Je pense qu’on n’a joué qu’une seule fois les play-downs, avec Carsten Steiner, ça devait être en 2008. Sinon, une fois, on avait gagné notre place en play-offs lors du dernier match et on avait été champions au début des années 2010.»
Si un quatuor semble petit à petit se détacher, derrière la lutte sera chère. Et Dudelange compte bien sur ce renouveau dans son effectif pour montrer que cette première partie de saison n’est qu’un accident. Et rapidement prouver à ses adversaires qu’il faudra toujours compter sur le champion sortant! «On a donné au coach deux nouveaux Américains, il a une deuxième chance de rebondir. Il passe beaucoup de nuits blanches, il est préoccupé. Maintenant, on le laisse travailler en toute sérénité en espérant que ça aille mieux.»
Romain Haas