Selon une étude, le nombre de banques privées en Suisse devrait encore diminuer à l’avenir. L’écart ne cesse de se creuser entre les petits instituts financiers et la poignée d’établissements qui parviennent à tirer leur épingle du jeu, selon une étude publiée mardi par KPMG et l’université de Saint-Gall (Suisse).
Durant les trois prochaines années, quelque 30 % des banques privées suisses pourraient disparaître, soit à la suite d’un rachat par un autre établissement, soit d’une liquidation, ont indiqué les auteurs de l’étude dans un communiqué. Au cours des trois prochaines années, le nombre d’établissements en activité pourrait ainsi passer de 130 actuellement à moins de 100, selon leurs projections. Le secteur de la banque privée en Suisse n’a cessé de s’atrophier depuis la crise financière de 2008.
À l’époque, il comptait encore 170 établissements. L’an passé, les opérations de fusion et acquisition s’étaient multipliées, notamment sous l’impulsion de banques étrangères qui se sont séparées de leurs filiales suisses, sous pression face à l’érosion du secret bancaire. Mais le mouvement de consolidation a marqué une pause sur les sept premiers mois de 2015, à la fois en raison de l’absence de vendeurs mais aussi des inquiétudes des acquéreurs potentiels face «aux risques non calculables liés aux avoirs de clients non-déclarés», ont pointé les auteurs de l’étude.
Alors que 11 opérations avaient été répertoriées en 2014, seules quatre transactions ont été conclues cette année, dont la vente des activités internationales de gestion de fortune de la banque Coutts, cédées par Royal Bank of Scotland (RBS) à la banque genevoise UBP (Union bancaire privée). Les opérations de fusion et acquisition ont toujours «le vent en poupe», estime toutefois KPMG, tout d’abord grâce au nombre croissant d’ententes entre les banques suisses et le département américain de la Justice qui permettent de régulariser la situation des clients des banques suisses outre-Atlantique.
De surcroît, la pression s’est encore accrue pour les petites banques cette année. Une part importante de leurs clients sont domiciliés dans la zone euro. Or le franc suisse s’est beaucoup apprécié depuis le changement de cap dans la politique monétaire de la banque centrale suisse, en janvier dernier, entamant encore davantage leur rentabilité. S’y ajoute également les taux d’intérêt négatifs qui réduisent les revenus qu’ils tirent des produits de taux. Depuis quatre ans, le cabinet d’audit et de conseils KPMG dresse chaque année un état des lieux du secteur en partenariat avec l’université de Saint-Gall.
L’étude passe au crible 91 banques privées, mais exclut UBS et Credit Suisse, les deux plus gros établissements de Suisse, qui jouent « une autre ligue », a expliqué Christian Hintermann, directeur du conseil pour les services financiers chez KPMG, qui détaillait la méthodologie lors d’une conférence de presse à Zurich. Cette étude, intitulée «Clarté sur les banques privées suisses», a mis en lumière un écart grandissant entre banques privées, notamment au niveau de leurs avoirs sous gestion. En 2014, ceux-ci ont augmenté de 7,3 % grâce à la bonne tenue des marchés financiers et au renforcement du dollar. Mais les afflux d’argent frais n’y ont contribué qu’à hauteur de 0,5 %.
AFP / S.A.