José se dit victime d’un complot. Pourtant sa fille serait formelle : une fois par semaine pendant treize ans la jeune femme aurait dû répondre aux attentes sexuelles de son père.
José est suspecté d’attouchements, de viols, de menaces et de harcèlement sur sa fille aujourd’hui âgée d’une petite vingtaine d’années. À la barre de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg lundi, l’homme de 58 ans continue de nier les faits qui lui sont reprochés. Sa fille Joanna dit avoir été violée et avoir subi des attentats à la pudeur de l’âge de 5 ans à sa majorité. Ana Rosa, son épouse, aurait cautionné les agissements de son ex-mari par son silence. Seulement, la veille du jour où Joanna a porté plainte, le 30 août 2019, une violente dispute aurait éclaté entre elle et son père. Il aurait menacé de demander la garde exclusive de sa petite-fille, l’enfant de Joanna.
José prétendait que Diogo, le père de la petite, et son frère auraient abusé sexuellement de l’enfant. «José dit que la famille de Diogo a poussé Joanna à porter plainte pour le court-circuiter», indique le commissaire en chef du service de protection de la jeunesse qui a mené l’enquête. José serait victime d’un complot et n’en démordrait pas.
Selon le récit qu’a livré Joanna à l’enquêteur, les abus auraient commencé par des attouchements. José aurait profité de l’absence de la mère partie travailler. Il s’en serait toujours pris à sa fille dans la chambre parentale des différents logements qu’ils ont occupés. Dans une phase suivante, il lui aurait montré son pénis, lui aurait demandé de le toucher et de le masturber. Petit à petit, il aurait commencé à la pénétrer avec les doigts dans un premier temps, puis avec son sexe. Lors de vacances au Portugal, José l’aurait forcé à avoir un rapport sexuel anal.
Les abus auraient eu lieu une fois par semaine, selon la victime qui aurait dit à l’enquêteur ne pas se souvenir d’une semaine de répit. «C’est normal. Tout le monde le fait», lui aurait dit José pour justifier ses actes. Joanna aurait supporté les assauts de son père sans jamais se confier à personne par «peur et par honte». Elle ne se serait confiée à Diogo que deux semaines avant de porter plainte contre son père. Sa maman, Ana Rosa, aurait surpris José, mais se serait murée dans le silence. José lui aurait dit pour la calmer et expliquer son geste que Joanna lui aurait dit vouloir essayer une certaine pratique sexuelle. Il se serait plié sans sourciller au désir de sa fille.
Le prévenu se dit victime d’un complot
Le policier du service de protection de la jeunesse poursuit le résumé de son enquête. Entendue à la suite de la plainte, Ana Rosa a prétendu dans un premier temps avoir découvert les faits le jour de la dispute entre Joanna et son père avant de reconnaître que sa fille avait raison : elle les aurait bien surpris quelques années plus tôt. Ana Rosa, 44 ans, parlerait peu, avec la police comme avec sa fille. Sans doute peu habituée à ce qu’on l’écoute. Diogo a témoigné que José l’aurait constamment rabaissée, dominée et enfoncée. José aurait tout voulu contrôler et prétendrait avoir toujours raison.
Suspectée de non-assistance à personne en danger, Ana Rosa aurait eu du mal à expliquer son inaction. «J’ai cru mon mari et je n’ai pas voulu me faire plus de mal et faire du mal à ma fille», aurait-elle dit à l’enquêteur. José lui aurait dit n’avoir jamais entretenu de rapports incestueux avec sa fille avant d’avoir été pris sur le fait. Ana l’aurait cru, puisque Joanna ne se serait jamais confiée à elle avant.
José quant à lui, prétend n’avoir rien à se reprocher. Il ne serait pas attiré par les mineures, aurait-il assuré au commissaire en chef. Les accusations de Joanna à son encontre seraient une machination de la famille de Diogo pour l’empêcher de porter plainte contre Diogo et son frère. Joanna serait sous l’emprise du jeune homme. Aucun indice ne permettrait pourtant de conclure à des mauvais traitements de la part du jeune homme et de son frère sur la fillette, assure le policier.
Joanna aurait craint que son père ne commence à faire subir à sa fille ce qu’il lui aurait fait subir. José qui ne se serait jamais occupé d’elle quand elle était enfant et ne lui aurait jamais témoigné beaucoup d’amour, aurait été un grand-père très prévenant et attentionné. Trop pour la jeune maman.
Une kyrielle de témoins a été convoquée ce mardi pour apporter de la lumière sur cette sordide histoire et sur ses différents protagonistes. Deux camps se seraient créés autour du prévenu et de la victime. L’enquêteur poursuivra également son récit et devrait revenir sur les menaces et les faits de harcèlement reprochés à José en plus des viols et des attouchements.
Sophie Kieffer