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Selon les députés, les communes doivent se soucier des risques d’inondation


Moins bétonner, construire plus haut, entretenir les cours d’eau et les renaturer sont quelques idées que Gusty Graas souffle aux communes, mais aussi à l’État. (Photo : archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

Les députés ont débattu jeudi de la réduction du risque d’inondation à la suite d’une interpellation de Gusty Graas (DP). Le gouvernement est invité à sensibiliser davantage les communes encore trop indifférentes.

Les deux débats auraient pu être couplés, cela aurait évité des redites, selon le député chrétien-social Michel Wolter. Le calendrier a voulu que la Chambre programme une interpellation sur la gestion des catastrophes naturelles mardi dernier et une autre sur les réductions des risques d’inondation, jeudi.

Après Gilles Roth (CSV) en début de semaine, ce fut au tour de Gusty Graas (DP) de revenir sur les inondations de juillet dernier et il n’a pas épargné ses efforts pour donner des bons conseils aux communes et au gouvernement. Les phénomènes de pluies intenses se multiplient en toute saison et il est temps de redonner ses droits à la nature et son chemin à l’eau.

Le député libéral n’en finit pas de plaider pour l’aménagement d’espaces verts partout où c’est possible dans les communes à la place de «bétonner des parkings». Les communes doivent être plus vigilantes «quant à une utilisation plus rationnelle des sols», l’État aussi.

Le logement doit rester une priorité, mais il faudrait songer à construire plus haut et plus vert, suggère encore Gusty Graas. Il invite ses pairs à réfléchir sur l’installation de tiny houses, ces petites maisons individuelles et mobiles très en vogue. «Qu’est-ce qui nous empêche d’accepter ces tiny houses? », questionne-t-il à la ronde.

Des communes mal préparées

Il plaide aussi pour la renaturation des cours d’eau, se dit irrité par ces jardins minéraux qui ont remplacé les pelouses autour des maisons et incite les communes à veiller aux risques d’inondations quand elles décident d’autoriser des constructions.

Surtout, il les invite à rendre leur avis sur le deuxième plan de gestion des risques d’inondation et il se dit déçu du peu de retours, alors que l’administration de l’Environnement a besoin de leurs précieuses connaissances du terrain pour améliorer ce plan. La même chose vaut pour les citoyens. Carole Dieschbourg, la ministre de l’Environnement, a informé jeudi que sept particuliers seulement avaient introduit un avis.

Ce ne sont plus les grandes rivières qui connaissent des crues auxquelles les communes de la vallée de la Moselle ou de la Sûre sont habituées, mais également les petits cours d’eau qui sont sortis de leur lit pendant les pluies torrentielles de juillet «et des communes pas préparées à de tels scénarios se sont retrouvées désemparées», comme le souligne à son tour Michel Wolter.

Ce qui préoccupe le député, tout comme Cécile Hemmen (LSAP), c’est la question de la responsabilité des communes dans l’entretien des cours d’eau et des berges. L’article 36 de la loi sur l’eau dispose que l’administration de la Gestion de l’eau coordonne et surveille l’entretien des eaux de surface, en veillant à ce que soient mises en œuvre les mesures nécessaires pour prévenir la détérioration de ces eaux et des écosystèmes aquatiques.

Un État pourtant généreux

«Cette question est importante, car se posera bientôt le problème de la responsabilité civile des communes et un particulier pourrait se retourner contre l’une d’elles après des inondations dues au mauvais état d’entretien d’un cours d’eau», illustre Michel Wolter.

La ministre Carole Dieschbourg comprend les craintes émises et précise que la loi ne dit pas que l’administration doit tout faire. Mais elle offre des outils qui peuvent aider les communes à gérer les risques. Outre ce deuxième plan de gestion des risques d’inondation en procédure de finalisation, il existe des cartes des zones inondables, des risques existants pour différents cours d’eau et des cartes pour les risques de crues soudaines.

L’État est généreux, il finance les mesures anticrues à hauteur de 90 % et la renaturation jusqu’à 100 %. Les communes devraient en profiter et prendre conscience de l’enjeu.

Jeudi, les députés ont voté une motion invitant le gouvernement à sensibiliser davantage la population et les communes aux différents outils en place leur permettant d’évaluer les risques liés aux fortes pluies. Le gouvernement devrait également sensibiliser les communes aux effets de la crise climatique pour qu’elles puissent mieux s’y préparer.

Les députés invitent encore le gouvernement à préciser les responsabilités et compétences concernant l’entretien des cours d’eau.

Geneviève Montaigu