Depuis quatre mois, 8 000 habitants de l’agglomération testent une nouvelle poubelle pour accueillir les biodéchets. Un effort supplémentaire qui demande visiblement un temps d’adaptation plus long. Et parfois des révisions en profondeur quant à nos habitudes de tri.
La communauté d’agglomération Portes de France Thionville teste la collecte des biodéchets depuis le 14 juin dernier auprès de 3 000 foyers des quartiers Saint-Pierre, La Milliaire, Œutrange et la commune d’Angevillers. On nomme biodéchets les restes des repas (gras de viande, arêtes de poisson, coquillages, coquilles d’œufs) mais aussi les épluchures, végétaux fanés. Tout ce qui est fermentescible, en somme.
Les premiers résultats
Il est encore trop tôt pour dresser un bilan, mais des tendances se dessinent. À Saint-Pierre La Milliaire, « nous constatons qu’il faudra d’abord revoir les fondamentaux, car le tri n’est pas bien respecté », indique la responsable du service Environnement. Des réunions s’organisent déjà avec l’association Apsis Émergence et les ambassadrices du tri de l’agglo. Le tri des biodéchets n’est donc pas pour tout de suite.
Dans les villages, les habitants semblent être de meilleurs élèves. « À la collecte du lundi, nos agents relèvent environ 400 bacs sur les 1 300 que nous avons distribués en juin. Cela représente 1,8 tonne : nous sommes dans ce que l’on attendait à trois mois », poursuit la chef du service Environnement. Prochainement, un questionnaire sera distribué pour évaluer le ressenti des participants. Le système sera affiné si besoin.
Ce qu’ils en pensent
En attendant le résultat de cette enquête, nous sommes allés prendre le pouls des premiers concernés, à Œutrange. Visiblement, le tri des biodéchets ne va pas de soi. « Nous trions le verre, le carton, les emballages recyclables. Dernièrement, j’ai opté pour une poubelle à déchets verts alors, honnêtement, le bac marron, c’est celui de trop, pour le moment en tout cas », reconnaît un père de famille. « Nous sommes comme tout le monde, je pense : nous voulons bien faire, mais le temps manque », poursuit sa compagne.
Chantal, la soixantaine, admet : « Je m’efforce de faire ce nouveau tri, mais on nous a équipés de sachets biodégradables… qui coulent ! Alors on ne peut pas y mettre n’importe quoi. Alors je fais le minimum : j’y mets les épluchures de pommes et de patates, parfois les coquilles d’œufs. Voilà ». Une de ses amies a testé le bioseau distribué par l’agglo, mais elle a vite renoncé : « Ça fait trop ! » Dans le village, une habitante dont les fenêtres donnent sur le point d’apport volontaire hausse les épaules. « J’ai un chien, des poules et un jardin. Les déchets, je n’en ai quasiment pas… »
« Besoin de temps »
À Angevillers, le maire admet que, pour les habitants disposant déjà d’un composteur et de poules, cette troisième poubelle ne sert pas à grand-chose. « Pour les autres, en revanche, c’est intéressant. Si je prends mon cas, je ne sors plus ma poubelle à déchets classiques qu’une fois par mois ! » L’élu voit régulièrement ses administrés venir en mairie chercher de nouveaux sachets. « Un bon signe, mais il faudra encore communiquer sur le sujet. Les gens ont besoin de temps pour s’y mettre. »
Chrystelle Folny (Le Républicain lorrain)