Invitée hier à Paris au grand raout de la présentation de la première édition femmes, Christine Majerus témoigne.
Qu’avez-vous ressenti lors de cette présentation du Tour de France femmes dont ce sera, en juillet 2022, la première édition?
Christine Majerus : C’était impressionnant de voir ça pour la première fois. C’était agréable de voir l’engouement que provoque le Tour de France auprès des gens, des spectateurs. Cela fait plaisir de faire partie réellement de cette famille-là. On a pu découvrir ce qui nous attendra en juillet prochain.
On imagine que vous avez naturellement l’envie d’être au départ de ce premier Tour de France femmes?
(Enthousiaste) Oh, oui, j’ai très envie d’être au départ. Je pense que le tracé est bien équilibré, avec des étapes qui vont plaire, d’autres qui me plairont moins. J’ai vraiment envie de participer, je ne peux pas parler d’objectif pour moi mais d’une belle course à effectuer, je l’espère, avec mon équipe SD Worx.
J’ai toujours pensé que si on proposait nos courses, les gens seraient intéressés et adhéreraient. cela reste du vélo et le public est le même
On a l’impression qu’avec ce lancement du Tour femmes, il s’agit d’une étape importante qui vient d’être franchie…
Oui, c’est une étape importante. On avait réussi à démontrer qu’on pouvait exister sans le Tour de France. Mais le Tour de France, c’est la course vitrine du cyclisme mondial. C’est donc juste de faire partie de cette famille-là. Cela fait plaisir que les organisateurs nous proposent plus qu’une journée de course, même si c’était déjà bien dans le passé. Mais on en attendait un peu plus depuis quelques années. Les organisateurs ont réussi à trouver le bon équilibre. Au final, on ne revendique pas trois semaines de course, ni des courses de 200 kilomètres. Mais il s’agit d’une course qui pourrait devenir la plus importante course par étapes du cyclisme féminin, huit étapes, c’est un très bon compromis avec des profils divers et variés. Je pense que c’est le bon départ.
Le mois de juillet peut permettre le succès populaire que connaît la course masculine. C’est une bonne date, selon vous?
C’est un pari de le proposer en décalé avec les garçons. La première idée aurait été de profiter des infrastructures du Tour masculin avec le public déjà présent. Mais je comprends les arguments des organisateurs et je les accepte. Je suis prête à regarder ce que cela va donner. Je me laisse convaincre que c’est la bonne façon de faire. Pour ASO, c’est la bonne stratégie. Après, on verra si cela sera la bonne stratégie pour le peloton féminin. J’ai hâte de découvrir ça, je pense qu’on va enchaîner après le Tour masculin, cela permettra à certains spectateurs d’accrocher. C’est une idée intéressante. Ils feront le nécessaire pour que ça marche, c’est aussi leur intérêt économique, je leur fais confiance pour faire ce qu’il faut pour permettre le meilleur spectacle possible.
L’exemple de Paris-Roubaix est là avec une forte audience pour la première édition féminine, une édition qui était donc placée la veille de l’épreuve masculine…
Je ne suis pas surprise. J’ai toujours pensé que si on proposait nos courses, les gens seraient intéressés et adhéreraient. Cela reste du vélo et le public est le même. Nous, on court juste un peu moins vite que les garçons, mais l’essence de notre sport reste le même. J’ai toujours pensé qu’à partir du moment où on pouvait proposer nos courses au public, il adhérerait autant que pour les garçons. Un million et demi de téléspectateurs sur France Télévisions pour notre course contre deux millions et demi pour les hommes, c’est plus qu’attendu. Cela fait plaisir que les gens étaient au rendez-vous, car nous l’étions également. Je peux juste formuler la promesse qu’on rendra la course la plus intéressante possible. Les étapes du Tour masculin ne le sont pas toutes, et pourtant, on les regarde avec passion et engouement. J’espère ainsi qu’on va nous suivre.
Recueilli par Denis Bastien