ÉLIMINATOIRES DU MONDIAL-2022 La concurrence grimpe chez les Roud Léiwen. Comment mettre au mieux en musique cet afflux de joueurs ? Guy Hellers, l’ancien sélectionneur, donne son avis.
Il n’y a, a priori, pas à attendre de miracle de cette semaine internationale. Le Luxembourg a dépassé ce stade du rêve tout éveillé et aujourd’hui, il s’en tient à une certaine forme de logique : il peut embêter les grandes nations, il sait le faire, mais est encore en mesure de voir ce qu’il sépare du très haut niveau. Seulement dans un mois, en Azerbaïdjan et contre l’Irlande, il aura deux énormes coups à jouer et ces rendez-vous-là se préparent, aussi un peu, dès aujourd’hui. Aussi sommes-nous allé trouver l’ancien sélectionneur national pour le faire réfléchir sur quelques caps essentiels de la construction de cette équipe.
En l’absence de Gerson, Carlson s’est-il imposé comme le complément idéal de Chanot?
Guy Hellers : À première vue oui, mais c’est toujours délicat à affirmer quand on ne vit pas avec eux. L’important, comme pour n’importe quelle association sur un terrain, c’est de voir comment ça se passe entre eux, et pas seulement footballistiquement mais aussi dans les personnalités. La complémentarité, c’est un tout. Et ça va loin. Ça va jusqu’à savoir ce que l’autre va faire du ballon quand il l’a dans les pieds. Ce genre de confiance ne se fabrique pas en un jour. Donc la réponse à cette question, c’est oui, a priori…
En face, les autres ne jouent pas avec des sabots non plus
Mica Pinto, défenseur strict ou joueur de couloir au sens le plus large?
Je l’ai connu au CFN quand il était jeune et avait déjà ce côté joueur de couloir avec un volume physique et une technique – il n’est pas manchot. Jeune, il faisait déjà tout le flanc et apportait ce petit plus au milieu de terrain, donc pas de doute : il peut faire plus que « simple« défenseur.
Sébastien Thill doit-il jouer devant la défense?
Le trident avec lui, Christopher Martins et Leandro Barreiro, cela tient la route… sur le papier mais au-delà de ça, il faut bien observer les disponibilités des uns et des autres sur le terrain. Il y a des chemins, des efforts, qui doivent être faits pendant le match et tout le monde ne veut pas toujours les faire. Cela sous-entend aussi de savoir si l’on ne pense que « possession« . J’ai bien compris l’idée que porte la sélection en ce moment mais il ne faut pas se faire hara-kiri non plus parce qu’en face, les autres ne jouent pas avec des sabots non plus. Sébastien Thill devant la défense, pourquoi pas puisqu’il a la polyvalence et l’intelligence de jeu mais tout est question, là encore, de trouver un juste équilibre entre le défensif et l’offensif.
Où Olivier Thill doit-il évoluer?
Il doit jouer là où il apporte le plus et au vu de ses qualités, il doit tenir un rôle dans l’axe directement derrière l’attaquant ou les deux attaquants. On parle là d’un garçon qui doit toucher le ballon et beaucoup! Ils doivent passer par lui et pas le cantonner à un rôle dans un couloir, où il ne pourra jouer que par à-coups.
La sélection a-t-elle encore besoin d’un profil à la Omosanya?
Un gars comme lui peut toujours aider parce qu’il a le sens du but et qu’il veut travailler pour l’équipe. Dès lors qu’il s’agit de travailler, il n’y a pas un mètre qui soit de trop pour lui et pour l’avoir eu à Dudelange, chez les jeunes, j’en sais quelque chose. Toutes proportions gardées, je le comparerais un peu à Lukaku, qui avait des problèmes de tactique, de jeu en remise… avant de se retrouver deux ans avec Antonio Conte. Omosanya, on va voir comment il remise dos au but, mais au niveau abnégation, je n’ai aucun doute.
Julien Mollereau