Uniquement une production locale et la mise en place d’un circuit court directement du producteur au consommateur… le gouvernement semble donc vouloir rétropédaler en matière de cannabis récréatif. Fini les 30 grammes par mois de cannabis que pouvaient s’acheter les résidents de plus de 18 ans en toute légalité, adieu l’idée des quatorze points de vente répartis sur tout le territoire luxembourgeois. La légalisation du cannabis ne verra pas le jour au Luxembourg malgré les promesses de la coalition au pouvoir. La loi sera adaptée, certes, mais nous serons bien loin de l’ambition du gouvernement. Comme nous l’évoquions dans nos colonnes mardi, seules la consommation et la culture dans la sphère privée devraient être tolérées. Et encore dans des quantités limitées. Certains balcons au Grand-Duché vont avoir fière allure…
Pourquoi ce changement de cap alors que le gouvernement avait multiplié les conférences de presse, les réunions préparatoires et effectué quelques voyages au Canada, pays cité en exemple dans la légalisation du cannabis récréatif? La faute notamment à la législation européenne, mais aussi peut-être à la convention unique de l’ONU sur le contrôle des stupéfiants, à laquelle le Luxembourg a adhéré en 1972. Eh oui, la loi, toujours la loi… Cette volte-face du gouvernement a été une grande surprise. Elle a été annoncée par la ministre de la Santé, Paulette Lenert, sur la radio socioculturelle 100,7, mardi matin. Pas de conférence de presse, donc, pour marquer ce grand pas en arrière.
La légalisation du cannabis récréatif était une des mesures fortes du gouvernement, qui voulait jouer l’innovation, briser les tabous et ouvrir le débat. Finalement l’expérience a fait l’effet d’un pétard mouillé. Même si les discussions ont été enrichissantes, cette fin en queue de poisson laisse un goût d’inachevé dans la bouche. Elle donne l’impression d’un battage inutile autour d’un projet qui voulait placer le Grand-Duché dans la liste des pays ayant dépassé le stade de la simple répression en matière de stupéfiants. L’ambition était peut-être trop élevée. En tout cas, les dealers de cannabis du pays peuvent être soulagés de voir disparaître ce risque de concurrence déloyale.
Laurent Duraisin