À quelques jours de la conférence dédiée à la 5G «Connecting tomorrow» à Luxembourg, un expert détaille ce que cette technologie pourrait concrètement changer dans notre quotidien.
Le déploiement du réseau 5G au Luxembourg depuis 2020 suscite de nombreuses questions et les possibilités offertes par cette nouvelle technologie sont encore floues pour le grand public. Pour y voir plus clair, le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) planche depuis cet été sur une plateforme pédagogique qui présente tout le potentiel de la 5G.
Alors que ce projet, en cours d’élaboration, sera présenté à Luxexpo du 5 au 7 octobre lors de la conférence «Connecting tomorrow», un expert du LIST lève le voile et évoque à quoi pourrait ressembler notre futur grâce à cette nouvelle génération de communication cellulaire : «La 5G consiste à exploiter des bandes de fréquences hautes qui n’ont encore jamais été utilisées, via des antennes d’un tout nouveau genre, composées d’une multitude de microantennes et capables de n’émettre que lorsqu’un périphérique s’y connecte», explique Sébastien Faye, chef de projet au sein du département IT for Innovative Services du LIST.
«À la clé, trois avancées majeures : une plus grande vitesse de téléchargement, un délai de transmission de l’information quasiment instantané et le fait de pouvoir connecter un très grand nombre d’objets à une seule antenne.» Loin de se limiter à la téléphonie, cette connectivité décuplée ouvre la voie à un champ illimité d’applications, dont la communication entre machines à grande échelle, sans intervention humaine.
«Avec la 5G, on peut tout imaginer. Les domaines les plus prometteurs sont la mobilité connectée, avec des véhicules qui communiquent entre eux, la gestion énergétique, pour mieux distribuer la charge sur le réseau, ou encore la santé, avec des opérations chirurgicales à distance. L’industrie aussi, avec des capteurs installés dans les usines qui dialoguent ensemble pour automatiser certains processus. La réalité virtuelle : aujourd’hui, l’intelligence est contenue dans le casque mais avec la 5G, on peut imaginer de simples écrans et des calculs effectués à distance», poursuit le jeune homme dont le domaine de prédilection est précisément la mobilité connectée.
Une infrastructure encore loin d’être opérationnelle
Il travaille ainsi sur la capacité des voitures, des trains ou des bus, à échanger avec leur environnement extérieur – le principe des véhicules autonomes – mais pas seulement : «On explore les possibilités de connectivité dans une file de véhicules par exemple : un seul conducteur dans le premier, les autres étant autorégulés en temps réel par rapport à l’attitude du chef de file», ajoute-t-il.
La régulation de trafic, quant à elle, pourrait bien mettre fin au cauchemar des automobilistes aux heures de pointe : «On peut imaginer les routes du Luxembourg équipées de caméras de comptage de véhicules aux différentes intersections, qui envoient un flux vidéo 5G à un centre de contrôle capable de prendre des décisions pour activer ou non tel ou tel feu de circulation. Finis les embouteillages!»
Mais ce doux rêve n’est pas pour demain. Si le déploiement de la 5G est en cours au Luxembourg par les différents opérateurs de téléphonie mobile, il ne concerne encore que les antennes – la partie visible du réseau. L’infrastructure complexe sur laquelle s’appuie la 5G et qui permettra toutes ces innovations est, elle, encore loin d’être opérationnelle. «Dans les prochaines années, on assistera à une densification des antennes 5G pour parvenir à une couverture optimale du territoire et l’infrastructure sera compatible 5G elle aussi. La recherche essaye justement d’accélérer le déploiement de cette technologie», commente le chercheur, qui travaille chaque jour à la conception et l’optimisation de nouveaux réseaux 5G.
Pour cela, Sébastien Faye dispose de reproductions fidèles du pays et de ses infrastructures en 3D sur ordinateur – des drones ont par exemple scanné et modélisé Belval au centimètre près – qui permettent de tester différentes configurations et de prendre les meilleures décisions. Une réplique appelée «jumeau numérique». «Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut simuler la mise en service d’une antenne à un endroit précis et mesurer quelle zone exacte elle va couvrir et avec quelles performances en fonction des arbres et des bâtiments à proximité.» C’est l’un des outils innovants que le LIST veut mettre à profit auprès du grand public au sein de sa future plateforme pédagogique. Un autre consistant à créer une antenne 5G en mode «laboratoire» permettant à toute personne équipée d’un téléphone 5G d’expérimenter par elle-même les capacités du réseau.
Après Luxexpo, les équipes du LIST présenteront leur projet à Barcelone en novembre lors du congrès Smart City Expo et dans des conférences scientifiques en Europe. Enfin, en février 2022, un atelier rassemblera dans la capitale une trentaine de participants issus de l’écosystème luxembourgeois qui travaille sur la 5G et un premier concept de jumeau numérique de réseau 5G pour le Luxembourg sera dévoilé.
Christelle Brucker