Christine Majerus, qui avait chuté lourdement voici un mois, n’a pas suivi une préparation idéale pour les Mondiaux. Mais elle garde la flamme…
Sa chute survenue le 26 août sur la troisième étape du Simac Ladies Tour était impressionnante et si aucune fracture n’avait alors été décelée, force est de constater que, depuis, elle ne s’est alignée que sur une course régionale, mais avec les garçons de la série élite du côté de Dippach. Mais une fois de plus, la Luxembourgeoise repart au front pour des Mondiaux au parcours alléchant.
Comment avez-vous récupéré de votre chute ?
Christine Majerus : J’ai fait de mon mieux pour récupérer et on essaie de positiver pour les courses qui viennent.
Cette chute s’est finalement avérée très lourde…
Oui, au final, j’ai encore eu de la chance, je m’en suis sortie sans fracture. Après, cela a quand même pas mal tapé et cela a fait sortir des rails mon plan pour les deux semaines qui suivaient et je n’ai pas pu m’aligner dans les dernières étapes du Simac Ladies Tour, deux étapes qui me semblaient essentielles pour la préparation de la fin de saison. Ce n’était vraiment pas le bon moment.
Comment avez-vous procédé alors ?
J’ai pris quelques jours de repos. J’avais une commotion cérébrale et on ne rigole pas avec ça. J’ai laissé passer les maux de tête, j’ai repris doucement ensuite. Mais après, on est toujours un peu dans le doute, car on a quand même mal. Même sans fracture, je ne parvenais pas à tourner ma tête correctement deux semaines après la chute. On se pose des questions. Voici une semaine, j’ai passé un contrôle au Luxembourg qui a pu écarter les derniers doutes. Cela me soulage de vraiment savoir qu’il n’y a rien de plus et que je ne peux pas aggraver les choses. Bon, je me suis quand même bien entraîné, je suis partie dans le nord du Luxembourg pour être efficace. Je me suis alignée à Dippach avec les garçons en élite. C’était un bon entraînement en fin de stage. À partir de là, il restait deux semaines et j’ai essayé de récupérer. J’ai fait également des intensités, car ne rien faire ne te rend pas meilleur non plus. Tout compte fait, j’ai pratiqué comme j’ai pu avec les moyens que j’avais et les circonstances. Je me suis adaptée, comme bien souvent ces derniers mois. Je n’ai rien à me reprocher, ça passe ou ça casse !
J’ai seulement pu bien m’appliquer à l’entraînement. J’espère que cela suffira
Dans ces conditions, est-ce possible d’établir un objectif ?
C’est vrai qu’il me manque des repères, je n’ai pas couru beaucoup, au contraire de mes adversaires. Il y avait beaucoup de courses ces derniers temps, mais des coéquipières de mon équipe SD Worx sont aussi dans la même situation que moi. Bon, je serai peut-être un peu plus fraîche que les autres. Mais ça peut aller aussi dans l’autre sens. Dans mon cas de figure, j’ai devant moi trois semaines de courses intenses, avec les Mondiaux, Paris-Roubaix et le Tour d’Angleterre. Si ça ne réussit pas aux Mondiaux, ce qui serait évidemment dommage, ça me laisse également espérer que pour les deux autres courses, j’aurai un peu plus de fraîcheur que les autres. Je pense que ça peut jouer en ma faveur, comme en ma défaveur. On verra bien.
En ce qui concerne le parcours de ces championnats, vous en pensez quoi ?
J’ai fait la reconnaissance, ce circuit, je ne vais pas dire que je l’adore, mais normalement, cela devrait me convenir en raison de mes caractéristiques de coureuse : j’aime bien frotter lorsqu’il faut se battre pour la position. Ce sont des efforts courts. C’est du pavé, de la ville, du technique. Sur le papier, le circuit me convient. Maintenant, il faut voir comment je m’y présente, je suis un peu dans l’incertitude. Je n’ai pas pu me comparer là où je voulais me comparer. J’ai seulement pu bien m’appliquer à l’entraînement. J’espère que cela suffira. Mais sur le terrain, je n’aurai pas l’excuse que le circuit ne me convient pas. Il me convient très bien. Il faut juste espérer que ce que j’ai pu faire à l’entraînement sera suffisant pour encaisser les efforts de la compétition.
On va voir une course de mouvement et c’est ça que j’adore dans le cyclisme, cela ne sera pas prévisible
Concernant la participation, quel est votre avis ?
Ce championnat reste très ouvert, ce sera un championnat difficile, car toutes les courses sont difficiles, avec dénivelé ou non. Il n’y a pas non plus des obstacles insurmontables. Ce qui fait que plusieurs nations ont plus de moyens de faire bien. Cela reste une course très ouverte. Dans cette optique-là, j’espère avoir le bon feeling pour suivre les bonnes roues et prendre les bonnes décisions si les jambes le permettent. Je pense que ce sera une course très ouverte, très intéressante à voir de l’intérieur comme de l’extérieur.
Un scénario est-il prévisible ?
Normalement, on peut prédire que la course va se passer comme ci, comme ça. Là, c’est compliqué de prédire, surtout qu’il y a plusieurs grandes nations qui possèdent des favoris. Cela peut se neutraliser et finir au sprint, comme en petit groupe de six ou sept. Après, ça restera une course qui se jouera à l’usure. Avec les relances dans le circuit en ville, c’est sprint après sprint. À la fin, tout le monde est émoussé. Pas besoin de 2 500 mètres de dénivelé, 1 200, ce sera assez. On va voir une course de mouvement et c’est ça que j’adore dans le cyclisme, cela ne sera pas prévisible. Il faudra avoir les bonnes jambes, mais aussi le bon flair et savoir prendre les bonnes décisions au bon moment. Il va falloir avoir aussi un peu de chance, c’est ce que j’aime, alors j’ai hâte de courir cette course.
Et il y a le public belge, unique pour sa ferveur…
(Elle rit) Oui, j’ai suivi les premières courses à la télévision, il y avait beaucoup de monde. Bon, en Belgique, il fallait s’y attendre. C’est une bonne chose, cela nous motive tous. Cela aurait pu être comme ça lors des championnats du monde de cyclo-cross en janvier (NDLR : à Ostende). Cela a l’air d’être parti pour un moment d’émotion, en espérant que cela restera dans les règles.
Entretien avec Denis Bastien