Publicité, automobile, cartographie, biotechnologie, moteur de recherche… Google, pardon, Alphabet, est devenu un titan. Ce conglomérat tentaculaire, qui veut organiser «toute l’information de la planète», ne cesse d’étendre ses champs d’influence. Donc de faire peur. À raison?
Il est indéniable qu’avec ses logiciels, Alphabet rend de nombreux services aux citoyens et aux entreprises. C’est moins le cas lorsqu’il abuse de sa situation dominante ou déclare que le concept de vie privée est «une anomalie».
Le slogan originel de Google, «don’t be evil» (ne faites pas le mal), est plutôt rassurant. Le fait que Google trouve désormais cette idée «dépassée» l’est moins, surtout quand le géant dit avoir comme nouvelle devise de «résoudre un grand nombre des problèmes des humains».
Changer le monde. Ce qui était auparavant l’apanage des nations devient le leitmotiv des multinationales. Et c’est ce nouveau rapport de force qui est inquiétant. Car aujourd’hui, la moitié des 100 premières puissances économiques mondiales sont des États. L’autre des multinationales. Qui sont parfois plus «fortes» que des États. La capitalisation boursière d’Apple (750 milliards de dollars) a dépassé le PIB de la Suisse. Google pesant près de 470 milliards de dollars, il pourrait bouffer tout cru l’Autriche. Ou s’il préfère se faire un assortiment, avaler des dizaines de pays africains…
Bien sûr, toutes les multinationales ne sont pas des vampires et, de leur côté, les nations brillent rarement dans la défense de leurs citoyens. Mais il existe quand même une grosse différence. Lorsqu’un pays mène des recherches dans des secteurs clés tels que la santé ou l’environnement, il existe, dans les États démocratiques, un droit de regard politique et citoyen. Mais lorsque ces investissements sont menés par des multinationales, qui n’ont de compte à rendre qu’à leurs actionnaires et peuvent contourner les législations nationales grâce à leurs sociétés écrans, c’est une autre paire de manche. Pourtant, à mesure que le pouvoir glisse des États vers les multinationales, le «citoyen» devient un «consommateur». Mais est-ce que le client aura toujours raison?
Romain Van Dyck