Meilleur buteur et meilleur passeur de DN, le transfuge dudelangeois a encore tout changé dans le choc face au Titus. Où s’arrêtera-t-il ?
Six buts, cinq passes décisives. On veut bien que Dejvid Sinani ait fini la saison passée, avec le Fola, en boulet de canon, mais de là à débarquer au F91 et à se retrouver impliqué dans 64 % de ses buts des six premières journées de championnat… Aujourd’hui, c’est bien simple, le milieu de terrain offensif plane sur les classements individuels du championnat. Il en est le meilleur buteur mais aussi le meilleur passeur. L’alpha et l’oméga. Et avec sobriété : «Oui, j’ai bien démarré. Je suis dans la continuité de la dernière saison, j’espère que ça va durer.»
On a joué un cinquième du championnat et Sinani a déjà fait plus du tiers du chemin qui le sépare de ses statistiques déjà pharaoniques de la saison passée, conclue à 16 buts et 13 passes, qui l’avait d’ailleurs vu terminer deuxième meilleur joueur du championnat avec une note moyenne de 6,17. Finalement, avec cette valse de chiffres, impossible pour Carlos Fangueiro de ne pas reconnaître l’évidence : il y a eu un déplacement du centre de gravité de son équipe, qui existait surtout par ses couloirs la saison passée et qui bat désormais au rythme des exploits de son meneur de jeu. «Effectivement», a-t-il simplement souri. Rien de plus à ajouter ? «Il est en confiance et notre concept de jeu lui convient.»
Le F91 veut apprendre à calmer le jeu
C’est ce que dit aussi le joueur, à qui le concept a été présenté en amont de sa signature. «Mon positionnement me convient, j’ai des coéquipiers idéaux et ça me donne plus d’impact.» On a vu ça. Contre Pétange, il a frappé sur sa première occasion : un petit ballon court de Van den Kerkhof, un contrôle pied gauche, une frappe pied droit qui transperce Barrela petit côté (1-0, 16e). À quoi auraient ressemblé ses statistiques du week-end si Bettaieb, auteur d’un joli mouvement, l’avait vu, complètement seul au deuxième, au lieu de frapper juste au-dessus (18e), ou si Bettaieb avait mieux appliqué sa tête, seul aux six mètres, sur l’un de ses centres (50e) ? Toujours est-il que Sinani a ensuite un maximum de réussite sur un coup franc que Barrela repousse dans son propre petit filet, à cause d’un rebond juste au mauvais moment (2-0, 67e).
Ne soyons toutefois pas monomaniaques. Ce F91-là ne vit pas que par sa recrue. Bettaieb encore (36e), Hadji, d’un ciseau (41e), Bojic de loin (44e et 53e), ont manqué la cible de quelques centimètres et cela ne devait rien à l’intervention divine du messie. Pas plus que l’action d’école qui a vu Hassan partir en profondeur et servir Muratovic, qui a coupé au premier poteau pour faire 3-0 (79e).
On ne parle donc pas de dépendance. Parce qu’elle n’existe pas, même si ce monstre de réalisme phagocyte tout à l’heure actuelle. Fangueiro a d’autres soucis en tête que ce réalisme dont il ne va quand même pas se plaindre et le principal d’entre eux tient à la gestion de match de ses hommes, qu’il a trouvé émoussés sur la fin : «J’avais demandé plus d’intelligence, plus de gestion. Parce qu’on met beaucoup d’intensité et je voulais qu’on se ménage des moments où l’on respire. Or là, on a vu qu’on avait eu aussi de mauvais moments et ça, je n’ai pas l’habitude.» Et Sinani, il peut aussi mettre le pied sur le ballon et faire tourner ?
Julien Mollereau