Il manque encore un tout petit quelque chose à la Jeunesse et au RFCU pour se mêler aux grands. Leur affrontement, ce samedi, est-il un tournant?
Il ne leur manque pas grand-chose. Mais suffisamment pour être à la remorque de l’énorme ventre mou du classement de BGL Ligue. La Jeunesse, 12e de BGL Ligue d’une part, le RFCU de l’autre, 8e («alors que si on avait battu le F91, on serait leaders», râle gentiment Saibene), quoi qu’ils en disent, jouent un peu plus que leur simple envie de «progresser», ce samedi. Même s’il faut bien reconnaître que l’incroyable homogénéité de cette DN dans laquelle les dix premiers se tiennent en trois points leur laisse une marge de manœuvre assez confortable.
En attendant le résultat de leur confrontation, qui orientera malheureusement les analyses sur la forme plus que sur le fond, voilà deux équipes qui progressent, lentement mais sûrement. La Vieille Dame, qui a affronté et battu Rosport en amical durant la trêve internationale, s’est réjouie après le 0-3 ramené d’Hostert, d’avoir enfin disputé deux matches consécutifs sans encaisser de but, «ce qui me semble être une très bonne base pour faire un résultat», estime Jeff Strasser, en passe de chercher à poser les fondations qui ont conduit en son temps le Fola à deux titres de champion. Le Racing, lui, a de nouveau flanché sur phases arrêtées, énervant beaucoup son technicien par sa «passivité», mais aussi comptabilisé une dizaine d’occasions de but en plus des trois inscrits contre le F91, dimanche, «ce qui prouve une progression et que cela se joue sur des détails», assure Jeff Saibene. Du positif dans le négatif, les deux Jeff sont dans leur rôle de chefs de chantiers.
«Aujourd’hui, ils sont leaders et nous…»
Ils restent lucides sur les problèmes du moment, ceux qui font qu’ils ne sont pas actuellement dans le top 5 auquel on les destine. Remonter au classement avec une telle densité de clubs de niveau plus ou moins égal sera compliqué sans passer un cap. «Le F91, par exemple, avait un peu plus de maturité que nous, avoue Saibene après le 3-4 de dimanche dernier. Cela se joue certes sur des détails, mais aujourd’hui, ce sont eux qui sont leaders, et nous huitièmes. On commet encore des erreurs dérangeantes.» Celles auxquelles la Jeunesse semble avoir dit adieu après plusieurs erreurs individuelles criminelles en août, ont-elles disparu pour de bon? «Ils me font un peu penser à nous», dit Saibene. Pas faux, car le potentiel eschois est visible comme le nez au milieu de la figure, le travail de mise en forme aussi. Ce qui l’empêche d’en profiter également.
«La différence, complète Jeff Strasser, c’est que si je regarde la feuille de match de RFCU – F91, eux n’ont qu’un nouveau joueur dans le onze de base : Büch. Alors que nous… Nous, on est en reconstruction.» Le Racing, lui, est en avance ou parti de moins loin. Disons qu’il est… en affinage. Perdre à la Frontière ne fera pas reculer un de ces deux outsiders dans son boulot, mais il l’éloignera des objectifs qui vont avec. On demandera donc aux individualités, dans ce bouillonnement tactique à assaisonner, d’être au niveau. Et là aussi, le Racing a une longueur d’avance. Puisque la Jeunesse en est à familiariser pas mal de nouveaux joueurs aux subtilités de la BGL Ligue quand son hôte étoffe sa base de titulaires potentiels en faisant monter en puissance des joueurs en panne de réussite ou de temps de jeu la saison passée. Dimanche, face à Dudelange, Mersch et Tinelli ont ainsi été épatants. Mais Saibene a surtout apprécié la performance de Dembélé, qui «a de plus en plus d’influence sur le jeu, que j’avais écarté il y a quelques semaines mais qui n’a pas boudé. Et ça, c’est le genre de réaction que je veux voir». Jeff Strasser, lui, ce qu’il veut voir, c’est une Vieille Dame qui ne prend toujours pas de but. Il y aura forcément un Jeff frustré, samedi soir.
Julien Mollereau