Nouveau stade, victoire de choix, classement au poil, joueurs au taquet… Même la défaite en Serbie n’amoindrit pas le constat que ça va bien.
Une victoire, un nul, une défaite, mais l’impression d’avoir gagné sur tous les plans! C’est le curieux mais réjouissant constat de ce début du mois de septembre qui doit s’étendre sur toute la fin d’année. Et on ne voit pas pourquoi cela ne serait pas le cas.
LA STAR, C’EST LE STADE!
Dans ces colonnes, Raymond François, ancien membre du M-Block et aujourd’hui président des Compadres Tridefa, n’a pas caché son émotion au lendemain de la grande première au stade de Luxembourg, malgré une jauge à 2 000 spectateurs, soit seulement un peu plus de 20 % de la capacité totale du stade : «On a même surpris des Luxembourgeois qui n’appartenaient pas à un groupe de supporters en train de se lever pour encourager leur équipe nationale au moment où cela devenait difficile. Pour moi, c’est du jamais vu. Non mais voir les gens pousser le Luxembourg? C’est exceptionnel ici!» Dans la foulée, Luc Holtz a lui assuré avoir vécu, devant ces 2 000 privilégiés et contre un adversaire modeste (l’Azerbaïdjan) la «plus belle soirée de sa carrière de sélectionneur».
On a difficilement pu mesurer plus avant la capacité de ce stade à porter l’équipe face au Qatar puisque le M-Block a préféré adopter une posture responsable face à la venue du champion d’Asie et boycotter l’événement, plutôt que de surfer sur la vague du succès populaire acquis une semaine plus tôt. On ne peut qu’être d’accord sur le principe : dénoncer les conditions dans lesquelles s’organise le prochain Mondial et appeler à son boycott, bien que les Roud Léiwen participent aux qualifications de leur plein gré, fait tout aussi sens que d’aller poursuivre le grand œuvre d’appropriation de ce nouveau stade. Et l’acoustique de ces travées sera encore là en octobre pour la venue de la Serbie, démonstration ayant déjà été faite que tout, absolument tout, change radicalement avec cet équipement.
LA 3e PLACE, UN OBJECTIF
Si certains rêveurs – qui vont commencer à devenir de plus en plus nombreux, c’est désormais inévitable – ont pu se dire, après le succès contre l’Azerbaïdjan (2-1), le 1er septembre, qu’avec un peu de réussite, le Grand-Duché pourrait peut-être se mêler contre toute attente à la lutte pour les deux premières places, le match en Serbie (4-1), trois jours plus tard, a remis les pieds sur terre à tout le monde.
L’objectif comptable est pourtant là, devant les yeux de la sélection : passer le cap des six points pour la première fois dans ce siècle, peut-être atteindre les 10 comme en 1995, mais surtout éviter de terminer à l’une des deux dernières places de ce groupe A. Dans l’histoire du pays, ce n’est jamais arrivé et même lors des fameuses éliminatoires de l’Euro-96, la bande de Paul Philipp n’avait pu faire mieux qu’avant-dernière de son groupe 5.
Or mardi, en marge de l’amical contre le Qatar, pas mal de choses ont tourné en faveur de Luc Holtz et de ses hommes. L’Azerbaïdjan a été fessé chez lui par le leader portugais (0-3) tandis que l’Irlande, à domicile, n’a pu faire mieux qu’un match nul face à la Serbie (1-1). Cela laisse une marge de quatre et cinq points d’avance aux Roud Léiwen, qui ont un match de plus à disputer que tout le reste du groupe et qui doit d’ailleurs encore affronter ses deux poursuivants.
LES REMPLAÇANTS, ENFIN AU NIVEAU
On a souvent fait le constat, ces dernières années et encore tout récemment, que la base de travail de Luc Holtz restait encore assez limitée et qu’au-delà d’un contingent d’une quinzaine de joueurs, le niveau baissait sensiblement, rendant compliqué tout turn-over en compétition. Cela semble moins vrai depuis cette semaine internationale qui a enfin vu certains garçons nous montrer qu’ils sont en train de franchir un cap. Et cela va au-delà du cas Yvandro Borges (lire ci-dessous), buteur à 17 ans pour sa deuxième sélection seulement.
Avec Marvin Martins, Vincent Thill, Vahid Selimovic, Chris Philipps et Lars Gerson absents, avec Diogo Pimentel et Eldin Dzogovic conviés mais positifs au covid, Christopher Martins et Gerson Rodrigues libérés pour rejoindre leurs clubs, Luc Holtz en a eu des tracas. Mais il a vu émerger des forces vives contre le Qatar. Vingt minutes très costaudes d’un revenant, Kevin Malget, en défense centrale. Un boulot de harcèlement fantastique sur le flanc droit de Maurice Deville, lui, l’éternel attaquant qui sort du banc et qui vient d’être honoré pour ses 50 capes. La démonstration qu’Eric Veiga, désormais titulaire en D2 portugaise, est en train de monter en puissance en tant qu’arrière gauche de substitution. Florian Bohnert est animé d’une nouvelle confiance évidente malgré son arrivée en DN, à Niederkorn. On a aussi pu assister à 45 minutes bluffantes d’aisance à la distribution de Timothé Rupil, dont on comprend enfin pourquoi Holtz l’appelle encore et encore. C’est évident : le sélectionneur a de plus en plus de cartouches.
Julien Mollereau