Gestion des pros, chance offerte aux seconds couteaux : l’amical de ce mardi soir face au Qatar sera un numéro d’équilibriste.
Il est temps que la campagne de septembre se termine. Après l’inauguration mémorable du stade de Luxembourg contre l’Azerbaïdjan (2-1) et une gifle qui paraissait inévitable contre la Serbie (4-1), voici venu un match amical dont on se serait finalement bien passé face au Qatar. Puisqu’il n’est aujourd’hui plus question que d’une chose : de la gestion des corps de tous ces professionnels que leurs clubs espèrent revoir dans le meilleur état de forme possible.
C’est le lot de toutes les sélections du monde, mais le Grand-Duché et son sélectionneur ont peut-être un peu moins que d’autres l’habitude de gérer les coups de pression des coaches et directeurs sportifs. Luc Holtz n’en est plus à prendre ses marques, mais on sent bien que la gestion d’un troisième match en une semaine est un combat de tous les instants, physiquement et moralement : «Toute la journée d’aujourd’hui (NDLR : lundi), je l’ai passée au téléphone à mener des conversations qui ne sont pas obligatoirement de mon domaine. C’est difficile de se concentrer sur le match. Je dors peu, je suis fatigué. Quand les communications avec les directeurs sportifs ou les coaches sont ouvertes et toujours dans l’intérêt du joueur, c’est agréable. J’en ai d’autres nettement moins agréables.»
Quelle équipe dans la «nouvelle maison»
Qui doit jouer combien de temps, au maximum? Qui est fatigué? Qui risque de se blesser s’il en fait trop? Maxime Chanot lui-même est allé voir son coach de New York City pour avoir le droit de rester face au Qatar, a indiqué le sélectionneur, à titre d’exemple. Holtz est aujourd’hui dans la gestion de l’après plus que dans celle de la performance sportive pure. C’est donc pour ça qu’il a prévenu ses joueurs : «Si vous n’avez pas le temps d’être prêt à 100 % physiquement et mentalement, dites-le, car on devra compenser la baisse de qualité par une grosse mentalité. Je veux des gars qui aient faim.» Qu’on se le dise, Holtz, lui, a envie de le jouer, ce match. Déjà parce que ça le ramène dans ce stade qui lui a offert, dit-il, sa «plus belle soirée de sélectionneur. C’est notre nouvelle maison, autant qu’on s’y sente vite chez nous». Ensuite parce que ce match donnera l’occasion aux coiffeurs, surtout ceux qui évoluent en BGL Ligue, de se montrer dans un contexte de fatigue et d’usure généralisé.
À côté de ça, les Qatariens, eux, sont de grands malades. Depuis leur premier match contre le Luxembourg, le 24 mars dernier, dans le cadre des amicaux qu’ils disputent dans le groupe A de la zone Euro, histoire de se faire la main avant leur Mondial, ils ont disputé… treize rencontres internationales. Sept de plus que les Roud Léiwen. Les instances leur ont aussi ouvert en grand les portes de toutes les compétitions avec une complaisance un peu agaçante. Et après avoir déjà disputé la Copa America en 2019, après avoir joué les éliminatoires de la zone Asie alors qu’ils sont naturellement qualifiés d’office, après avoir traîné leurs valises sur la Gold Cup cet été, les hommes de Felix Sanchez ont ramené leur cirque itinérant du côté du Vieux Continent. Ce soir, ils sont en représentation au stade de Luxembourg, armés d’une expérience acquise grâce à la mansuétude internationale et qui fait dire aujourd’hui à Luc Holtz que le Qatar, c’est «très attractif, avec un football fait de vitesse et de technique. Leurs adversaires auront du mal à les battre au Mondial». La FIFA les y aura bien aidés.
Julien Mollereau