Comment aider les Afghans sans que l’aide soit détournée par les talibans? Comment épauler les habitants de ce pays sans, par ricochet, aider les nouveaux maîtres de Kaboul à surmonter les difficultés qui se présentent à eux et à raffermir sans le vouloir leur pouvoir. Le dilemme est grand dans les pays occidentaux. Les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis en Slovénie, vendredi, pour aborder cet épineux problème. Pour que des relations puissent être imaginées à l’avenir, ils veulent mettre en place des garde-fous. Ils demandent ainsi aux talibans de rompre avec toutes les organisations terroristes, de respecter les droits de l’homme, et en particulier le respect de la dignité des femmes, de former un gouvernement de transition inclusif… Connaissant les talibans, c’est loin d’être gagné. Actuellement, les fondamentalistes religieux tentent de montrer un visage bien différent de celui d’avant 2001. Mais, quel crédit peut-on accorder à des personnes qui n’ont pas hésité à utiliser une violence inouïe contre les minorités ethniques ou religieuses du pays, les femmes ou les voix discordantes?
Les tergiversations risquent de durer et c’est une nouvelle fois le peuple afghan qui va en souffrir le plus. Le Programme alimentaire mondial a déjà tiré la sonnette d’alarme il y a un peu plus d’une semaine : un Afghan sur trois est confronté à la faim à l’insécurité alimentaire dans le pays. Cela fait 13 millions de personnes! Le temps presse, il faut agir. Aider les populations par le biais des organisations non gouvernementales et les agences de l’ONU est une première solution. Encore faut-il que les seigneurs de guerre talibans n’utilisent pas la manne qui va tomber du ciel à leur avantage et… aux désavantages des populations qui ne leur sont pas acquises.
Un drame humanitaire de grande ampleur couve donc en Afghanistan. Avec lui, l’inquiétude chez les gouvernements d’une nouvelle vague migratoire massive qui risque d’alimenter encore les populismes et les tensions. Peu de pays pourront agir comme ils l’ont fait lors de la crise syrienne. La communauté internationale semble encore dans l’impasse avec l’Afghanistan.
Laurent Duraisin