La moitié nord de la Moselle luxembourgeoise est un territoire qui offre à la fois de très beaux vins, de magnifiques paysages et des localités qui ont su garder leur charme hérité du passé. Belles découvertes garanties !
L’âme, de Remich à Wasserbillig
À peu de chose près à la mi-temps de son passage au Luxembourg (autour de Remich, donc), le cadre dans lequel glisse la Moselle évolue. Les pentes douces du Sud commencent à s’élever. Sur les versants apparaissent même désormais à intervalles réguliers des falaises que l’on retrouve jusqu’à Grevenmacher. Leur couleur ocre indique qu’elles sont faites de dolomies, un calcaire dur qui a souvent été utilisé en tant que matériau de construction dès l’Antiquité et jusqu’au milieu du siècle dernier. D’anciennes carrières, souvent bien cachées, émaillent ainsi le tracé de la rivière qui serpente désormais au fond d’amples méandres, offrant une série de points de vue remarquables. Les vignes sont plantées sur des coteaux escarpés où il n’est pas rare que l’inclinaison dépasse les 30%. D’anciennes terrasses en pierres sèches, dont certaines sont rénovées depuis peu, structurent élégamment le paysage. Nous sommes ici sur des terres à riesling.
Les villages vignerons les plus typiques du pays se trouvent ici. Si Wormeldange s’est autoproclamée «capitale du riesling», elle le doit à la Koeppchen, magnifique terroir qui surplombe le village, mais aussi à Ehnen et Ahn, deux petits bourgs rattachés à la commune qui ne sont habités que par quelques centaines d’habitants, mais où la viticulture est omniprésente. Vous y trouverez pratiquement une cave à chaque coin de rue et, force est d’admettre qu’il est difficile de ne pas s’enthousiasmer pour ces producteurs qui travaillent de magnifiques terroirs : le Wousselt à Ehnen (et ses vignes parfois centenaires), la Koeppchen à Wormeldange (le paradis des rieslings luxembourgeois), le Palmberg à Ahn (au cœur d’une zone protégée)…
Plus au nord, Grevenmacher est l’agglomération la plus peuplée de la Moselle luxembourgeoise. Elle est aussi peut-être une des villes les plus surprenantes du pays, pour qui s’intéresse à l’histoire et est un tantinet curieux. Derrière un front de Moselle bétonné pas des plus avenants (bien que les rives réaménagées, notamment autour du nouveau quai du Marie-Astrid, soient réussies) se cache un vieux centre étonnant qui a gardé son plan daté du Moyen Âge (une rareté au Luxembourg). On peut y découvrir par endroits les anciens remparts, le vieux lavoir… Il faut y flâner pour s’en imprégner, cela vaut le coup !
Les incontournables
De nombreux sentiers pédestres jalonnent le parcours de la Moselle au Grand-Duché, mais s’il y en a un qu’il ne faut pas louper, c’est la Boucle de rêve (Traumschleife, en allemand) du Palmberg, à Ahn. Référencée par l’Institut allemand de la randonnée (un gage de qualité), cette balade d’un peu moins de 9 km est magnifique. Elle permet de découvrir un écosystème unique, quasi méditerranéen, où prospèrent les buis (Pällem, en luxembourgeois), les cigales de montagne (unique dans le pays !) et même les orchidées. Cette bulle climatique généreuse est due aux falaises abruptes qui entourent le secteur : elles emmagasinent la chaleur et la redistribue lorsque la nuit tombe. Après avoir contemplé le Donverbaach qui jaillit tout en bas et les terrasses en pierres sèches qui donnent un cachet fou, rien de mieux que de goûter un des crus produits sur ces pentes : les vignerons et les belles caves ne manquent pas dans le village !
Pour découvrir la production viticole, deux grands établissements peuvent se visiter. La cave de Vinsmoselle, à Wormeldange, est le centre d’élaboration des crémants Poll Fabaire. De l’imposant bâtiment des années 1930 situé à la sortie nord du village sortent toutes les bulles du plus gros producteur du pays. La visite permet de mieux comprendre ce qu’est la méthode traditionnelle (avec une deuxième fermentation en bouteille), l’unique procédé autorisé pour produire le crémant du Luxembourg. À Grevenmacher, au pied du pont transfrontalier, c’est la cave de Bernard-Massard que l’on peut découvrir. On y produit non seulement la Cuvée de l’Écusson, mais aussi des vins tranquilles de grande qualité, notamment ceux du Clos des Rochers, propriété personnelle des propriétaires, la famille Clasen.
Le coin à découvrir
À Ehnen, tout est petit… à l’exception des vins ! Le bourg est ramassé autour de la confluence entre le Lennéngerbaach et le Gouschténgerbaach, qui fusionnent juste avant de plonger dans la Moselle. Les rues sont étroites et les pentes solides dès que l’on quitte le centre. Si les maisons modernes et cossues, à l’architecture pas toujours très heureuse…, se trouvent au sommet des coteaux alentour, le cœur du village a gardé son âme d’autrefois. Les vieilles pierres et les rues pavées sont adorables, elles sont même très animées lors du Wënzerdag, la journée où les vignerons ouvrent leurs caves. Et puis, en attendant la réouverture du musée du Vin (fermé pour travaux), il ne faut pas manquer de jeter un œil dans la seule église ronde du pays.
De notre collaborateur Erwan Nonet
Via Mosel’ sur le web
Créé par Terroir Moselle, Via Mosel’ est un concept transfrontalier qui embrasse toute la rivière, de sa source dans les Vosges jusqu’à sa confluence avec le Rhin, à Coblence. L’objectif est double. Il vise à mettre en valeur le patrimoine sous le thème «Vins et architecture». Plus de 60 domaines et 40 villages ont déjà intégré ce programme. Souligner l’intérêt touristique de la Moselle et de ses vins permettra aussi de développer le commerce des vins dans la Grande Région. Aider les vignerons à faciliter les ventes au-delà des frontières nationales en simplifiant les démarches administratives est le deuxième volet de Via Mosel’, certainement pas le plus simple ! Grâce à une carte interactive disponible sur viamosel.com, tous les sites référencés peuvent être facilement repérés. Les informations pratiques et des descriptions de lieux y sont disponibles en français, anglais et allemand.
Dans le répertoire de Via mosel’
Les villages viticoles
Ehnen : bourg particulièrement pittoresque, chaque coin de rue est un décor de carte postale! Ce village vigneron respire une viticulture qui s’épanouit là depuis des siècles et des siècles.
Ahn : Ici, pratiquement tous les habitants possèdent un lien avec la viticulture : Ahn compte presque plus de caves que de rues ! Au pied du Palmberg, la localité se niche dans un des plus beaux paysages du pays.
Les domaines viticoles
Le domaine Cep d’Or, à Hëttermillen (15, route du Vin) : Le grand pressoir en béton, signé François Valentiny, marque cette cave moderne fondée par Jean-Marie Vesque en 2001. La terrasse de son bar à vin appelle à la dégustation.
Le domaine Alice-Hartmann, à Wormeldange (72-74, route Principale) : La maison, un des fleurons de la viticulture luxembourgeoise, vient de construire de nouvelles installations et de rénover l’ancienne maison. À l’image des vins produits : tout est beau !
La cave des crémants Poll-Fabaire (Vinsmoselle), à Wormeldange (115, route du Vin) : Impossible de louper ce grand bâtiment d’inspiration art déco, construit dans les années 1930. Depuis trois décennies, la coopérative produit ici les crémants Poll-Fabaire.
La Winery Jeff Konsbrück, à Ahn (35, rue de la Résistance) : Le jeune vigneron a construit sa cave en 2013, juste en face du Palmberg. Depuis les grandes baies vitrées ou la terrasse panoramique, la dégustation est une expérience totale.
La Wäistuff Déisermill, des caves Schlink, à Machtum (85, route du Vin) : Si la cave se trouve dans le village, le bar est vin est situé au creux d’une boucle de la Moselle. On y déguste d’excellents vins et crémants, tout en laissant s’arrêter son regard sur les péniches qui voguent tout près.
Les caves Bernard-Massard, à Grevenmacher (22, route du Vin) : Tout juste centenaire, le bâtiment abrite les installations du producteur luxembourgeois sans doute le plus connu à l’étranger. Le bar à vin et la terrasse ont été très joliment rafraîchis récemment.
La cave de Vinsmoselle, à Grevenmacher (22, route du Vin) : Un lieu véritablement historique : voici la première cave coopérative du pays. Fondée en 1921, on note la volonté de faire beau : la salle des pressoirs avec sa grande voûte en béton est aussi spectaculaire que fonctionnelle.