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Comment aider les Afghans ?

Le vent de panique qui a soufflé sur Kaboul commence lentement à retomber. Très lentement. Les ressortissants étrangers et les Afghans ayant obtenu un précieux visa pour l’étranger sont toujours actuellement évacués en lieu sûr depuis l’aéroport. Hier, les talibans ont tenté de rassurer le monde concernant le statut des femmes et des filles dans le pays et les droits fondamentaux des habitants. Ils ont aussi essayé de montrer des gestes d’ouverture en rencontrant d’anciens hauts dirigeants qui se trouvaient à la tête du pays lors de la guerre commencée en 2001, après les attentats du 11 septembre. Mais rien n’y fait. Les pays occidentaux sont dubitatifs, les nations les plus optimistes se disent heureuses de ces «signaux positifs», mais tout le monde attend de voir.

Ces tentatives de «séduction» semblent calculées. L’Afghanistan était sous perfusion grâce à l’aide internationale. Son économie, ses infrastructures, sa fonction publique étaient portées à bout de bras par les puissances étrangères qui avaient investi le pays il y a 20 ans de cela. Qu’en sera-t-il maintenant? Le Luxembourg veut continuer à aider les habitants sur place via ses partenaires locaux, mais ne compte pas avoir affaire de près ou de loin avec les talibans. Cela sera-t-il vraiment possible? L’aide luxembourgeoise est actuellement en cours de réévaluation. Le Grand-Duché n’est pas le seul pays à réfléchir aujourd’hui à une nouvelle façon d’aider les Afghans qui vont devoir rester dans leur pays qui est d’une pauvreté extrême et désormais tenu par un pouvoir tyrannique… malgré les beaux discours des fondamentalistes.

Un calcul difficile va se mettre en place, car abandonner le pays d’un seul coup risque de provoquer une crise humanitaire sans précédent. Il va falloir rapidement trancher, car déjà la crainte d’une nouvelle vague d’immigration massive vers l’Europe commence à poindre. Dans l’est de la Turquie, les autorités ont commencé à construire un nouveau mur de 243 km pour stopper les migrants afghans à la frontière avec l’Iran. Erdogan a promis d’ailleurs de stopper toutes les entrées illégales sur le territoire de son pays. L’avenir des Afghans s’annonce bien sombre.

Laurent Duraisin