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Birmanie : plus de 1 000 civils tués depuis le coup d’État militaire


Malgré la répression sanglante, les Birmans continuent de descendre quotidiennement dans la rue. (archives AFP)

Les forces de sécurité birmanes ont tué plus de 1 000 civils depuis que l’armée a chassé Aung San Suu Kyi du pouvoir il y a un peu plus de six mois, a déclaré mercredi une ONG de surveillance des droits.

Le pays est en proie au chaos depuis que l’armée a pris le pouvoir le 1er février, déclenchant une répression sanglante contre les manifestations prodémocratie et mettant l’économie à plat. Les forces de sécurité ont notamment utilisé des balles réelles contre les civils. Malgré ces violences, les foules anti-junte, dont certaines ont formé des groupes d’autodéfense, continuent de descendre quotidiennement dans la rue lors de manifestations éclair.

Selon l’ONG Assistance Association for Political Prisoners (AAPP), qui vérifie les décès et les arrestations massives commises par le régime, le nombre de personnes tuées par les forces de sécurité a atteint 1.001 mercredi.
Mais le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé, a déclaré Ko Bo Gyi, co-secrétaire de l’AAPP. « Tant que les militaires seront au pouvoir, ils continueront à tuer des jeunes, des professionnels comme les médecins et les enseignants, des hommes, des femmes et des enfants », a-t-il affirmé. « Ils ne suppriment pas seulement nos vies, mais aussi l’avenir du pays et ses espoirs démocratiques ».

La crise s’en mêle

Ko Bo Gyi, qui vit caché et dont le groupe a été déclaré illégal par la junte, a également accusé les autorités de « militariser » le Covid, alors que le pays traverse une forte vague de contaminations. La crise sanitaire a été aggravée par la faiblesse du système de santé, de nombreux hôpitaux ayant été vidés de leurs personnels pour participer à un mouvement de désobéissance civile. Les patients hésitent également à se rendre dans les hôpitaux gérés par l’armée, ce qui crée de longues files d’attente pour se procurer oxygène et fournitures médicales dans les pharmacies de Rangoun, la plus grande ville du pays.

La junte a justifié sa prise de pouvoir comme un moyen de protéger la démocratie, alléguant des fraudes électorales lors des législatives de novembre, remportée par le parti de Aung San Suu Kyi. Selon les autorités, le nombre de victimes civiles est beaucoup plus faible et celles-ci ont également déclaré en juin que plus de 90 membres des forces de sécurité avaient été tués dans des affrontements.

L’ancienne cheffe de facto du gouvernement, 76 ans, entame son septième mois assignée à résidence. Inculpée d’une multitude d’infractions (importation illégale de talkies-walkies, non respect des restrictions liées à l’épidémie de coronavirus, corruption, sédition… ), elle risque de longues années de prison.

Le chef de l’armée, Min Aung Hlaing, a été nommé Premier ministre d’un gouvernement « intérimaire », que la junte a baptisé « Conseil d’administration de l’État ».

LQ/AFP