Omar Natami (ex-Mondorf, Strassen, F91, Jeunesse) s’est engagé en D2 danoise, au début du mois d’août. Il est heureux au milieu de nulle part, mais dans un nulle part professionnel.
Omar Natami a une maison et un jardin, «avec une cabane en bois qui pourra servir si des amis veulent passer». Le Jutland du Nord, région touristique très peu peuplée du bord de mer, a fait une petite place à un Luxembourgeois de 22 ans dans «un coin perdu où tout le monde se connaît, à 20 minutes de la première ville». Heureusement pour son équilibre mental, l’ancien milieu de terrain offensif de Strassen ne sait pas qu’il s’y tient aussi annuellement le festival de la sculpture de sable ainsi que le plus grand festival de la laine de toute la Scandinavie. Cela pourrait entamer la foi inébranlable qu’il a placée en cette nouvelle étape surprenante mais exaltante de sa carrière.
«Mon but, c’était de toucher le monde pro. J’y suis. Maintenant, pour aller plus loin, ce n’est que du travail, du développement physique et des objectifs. Là, je veux viser la sélection, je me concentre là-dessus.» Il n’aura pas énormément de distractions parasites à Pandrup. De ce point de vue, c’est très réussi, ses interactions sociales les plus marquées se déroulant les soirs, autour de la Playstation, «pour garder le contact avec les potes du Luxembourg».
Angleterre – Danemark dans l’avion
Mais le hasard a globalement merveilleusement fait les choses pour le joueur formé au F91. Puisque son orientation professionnelle, il l’a choisie alors que le Danemark était en train d’impressionner tout le monde à l’Euro, valorisant la compétition dans laquelle il était en train de s’engager. «Je suis arrivé le jour même de leur demi-finale, se marre Natami. Ils étaient en train de jouer quand j’étais dans l’avion. Le pilote nous tenait au courant alors qu’on volait! J’avoue que c’est une très bonne pub. Les championnats danois vont prendre la lumière, ça peut ouvrir des portes.»
Pour l’heure, lui est occupé à les enfoncer à l’échelle locale. À son crédit, pour l’instant, trois kilos de muscles pris dans le haut du corps grâce aux «quatre séances de musculation chaque semaine», trois entrées en jeu en trois journées de championnat (pour zéro victoire et une 10e place sur 12 engagés) dans une équipe «très technique avec beaucoup de jeunes prêtés par le club (NDLR : suédois) de Malmö». La situation sportive, prometteuse à son échelle, laborieuse à celle de son club, n’est pas pour lui déplaire. Elle lui redonne le sourire après un été calvaire, les quiproquos se multipliant autour de son avenir.
Des soucis pour quitter le pays
Il en garde d’ailleurs de sérieux griefs qui l’incitent à parler, puisque, comme l’indique son entourage, le système permettant à des clubs de faire signer des contrats de deux saisons alors que les licences leur appartiennent pour trois met énormément de footballeurs dans l’embarras. Natami a failli être l’un d’entre eux. «Cela a été très, très compliqué de partir. Je me suis retrouvé dans une situation bordélique après avoir signé un transfert définitif avec Mondorf, alors que je pensais avoir signé un transfert temporaire. Après avoir été prêté un an à Strassen où on m’a dit qu’on ne me garderait pas, beaucoup de clubs de DN m’ont contacté. Tous ceux qui jouent l’Europe en fait. Mais j’ai vite compris que Mondorf ne me libérerait que pour le Swift. Mais là-bas, je ne recevais pas de garanties de jeu, alors on m’a bloqué. Heureusement, mon agent m’a trouvé cette solution au Danemark. Moi qui ai toujours été réglo, qui ai toujours tout donné pour le maillot, j’ai failli me retrouver à 22 ans à faire une saison blanche. Parce qu’on ne va pas se mentir : à Hesperange, j’aurais été au mieux sur le banc. Je trouve ça grave que des clubs du Luxembourg jouent avec la carrière des jeunes, comme ça…»
Ces ennuis, il les a laissés derrière lui. La preuve, il se projette, anticipe la suite et notamment l’hiver scandinave, qui pourrait lui poser des problèmes d’adaptation. Alors qu’en fait, non, pas du tout : «Je m’en suis inquiété et on m’a dit qu’avec la proximité de la mer, il y avait très peu de neige… mais beaucoup de vent. D’ailleurs, ils font ici deux mois de trêve hivernale. Comme au Luxembourg. Je ne serai pas perturbé.» On en reparle après le festival de la laine?
Julien Mollereau