Le milieu de terrain sait que le Fola a de la marge au moment de retrouver Linfield pour la deuxième manche, en Conference League. Mais il veut que son équipe évite l’excès de confiance.
Ressentez-vous une certaine forme d’excitation avant ce match retour contre Linfield, qui peut vous offrir une place en barrages de la Conference League ?
Personnellement… non. Et même au niveau du groupe d’ailleurs, on sent bien qu’il y a absolument zéro stress. On le vit bien parce qu’on sait qu’on a gagné le premier match. Je trouve qu’au niveau qualité, d’ailleurs, on était supérieurs à eux. On se l’est d’ailleurs dit à la mi-temps, en Irlande du Nord, « ce n’est pas possible qu’on perde contre eux ».
On dit souvent que les équipes britanniques sont toujours plus fortes sur leur île. Il faut donc s’attendre à sentir encore plus fortement la supériorité technique du Fola sur ce match retour ?
Il y a des jours où on en prend cinq, comme contre Gibraltar parce qu’on n’est pas humble… Mais on a appris de cette histoire et je vous dirai qu’un match de foot, ça dure 90 minutes, qu’on y entre avec une tactique mise en place par le coach mais que si on prend un but d’entrée de jeu ou qu’on reçoit un carton rouge, rien ne peut se passer comme on l’attendait.
Mais c’est le genre de rencontres qui vous convient parfaitement : un combat !
C’est vrai, ce sont des matches que j’aime jouer. D’autant que ce n’est pas tous les jours qu’on a l’opportunité de se hisser en barrages d’une grande compétition européenne. Pour le club, ce serait même un pas historique puisque jamais il n’a atteint un tel niveau. Mais il faut aussi respecter le fait que jouer pour une place en barrages, ce n’est pas comme disputer une 10e journée de championnat de DN. Les objectifs ne sont pas les mêmes et cela se ressent forcément au niveau mental. Moi, de mon côté, en ce moment, j’essaye surtout de ne pas trop penser aux poules.
Le changement opéré par Sébastien Grandjean sur la hauteur du bloc, cela change-t-il quelque chose pour vous, concrètement ?
Je ne sais pas si cela changera quelque chose pour moi en championnat puisque je n’y ai encore pas joué cette saison, mais cette tactique plus défensive, c’est surtout pour l’Europe, face à des joueurs plus expérimentés et à des équipes qui proposent une meilleure qualité de jeu. Mais ça ne change rien à mon activité : contre Soligorsk, qui nous a vraiment fait souffrir physiquement, j’ai fait 11 kilomètres, ce qui ne change pas de la saison passée en championnat. Je n’ai pas vérifié combien de kilomètres j’ai couru contre Linfield mais tout ce que ça change pour moi, c’est que je dois juste penser à jouer en songeant d’abord à défendre avant d’attaquer.
On a beaucoup parlé d’un départ pour le monde pro vous concernant, cet été. Avec cette campagne européenne, vous ne devez pas regretter que cela ne se soit pas fait…
L’occasion n’est pas venue, aucune équipe ne m’a contacté. À moi de travailler pour que ça arrive mais jusqu’à présent, je commencerai à être très content d’être resté si on atteint les barrages. Mais alors si on atteint les poules, là, oui, je serai très satisfait.
Et avant ça, bientôt la sélection nationale ?
Eh bien, maintenant, je suis enfin luxembourgeois donc on verra. Mais Luc Holtz ne m’a pas encore appelé.
Entretien avec Julien Mollereau
Le barrage au bout du doigt
Le Fola part en ballotage favorable, ce soir, contre Linfield. Il vise les barrages en favori.
Ce n’est pas arrivé si souvent dans l’histoire récente du football de clubs luxembourgeois : ce serait une déception de ne pas voir le Fola passer son 3e tour de Conference League. Ceux qui ont consenti à payer la bagatelle de 9 euros pour voir le «streaming» du match aller en Irlande du Nord, contre Linfield, n’ont pas pu ne pas voir ce qui sautait aux yeux, à savoir la supériorité technique du champion du Luxembourg, reparti de Belfast avec une victoire (1-2) qui aurait pu prendre des proportions plus conséquentes.
C’était déjà une bonne base de réflexion mais il faut y ajouter quelques variables d’ajustement qui semblent toutes aller dans le même sens : le favori est Eschois. Cette sacro-sainte croyance (vérifiée en général) que les clubs britanniques galèrent loin de leur île, d’autant que la température ne les avantagera pas puisqu’ils prendront 10°C dans les gencives entre l’Irlande du Nord et le Grand-Duché. «Effectivement, cela ne plaide pas en leur faveur, admet Sébastien Grandjean. Ce sont des combattants, mais nous, on a la maîtrise technique et on va continuer à taper sur ce clou là. Soyons juste rigoureux. Si on ne commet pas d’erreur comme à l’aller et si on joue juste, on peut faire mal.»
Ce soir, le Fola ne sera pas loin d’être au complet. Voire au complet si Jules Diallo, qui a mal au pied, a digéré la séance de mercredi soir. Tant Cabral que Bensi, sont OK, eux. Tout comme devrait l’être Christy Manzinga, l’attaquant belge de Linfield légèrement touché aux ischios à l’aller et ennemi public n°1, que son équipe tentera d’optimiser au maximum de ses compétences.
«Envisageons la prolongation et les tirs au but»
C’est insuffisant a priori pour rebattre totalement les cartes entre ces deux clubs qui se feraient un bien fou en accédant aux barrages. Le Fola partira avec un but d’avance et les faveurs des pronostics. C’est pile-poil la configuration qui actionne les signaux d’alerte chez tout entraîneur normalement constitué. «Avec les joueurs, il faut toujours faire attention. Ils ont envie, ils sont motivés, mais parfois aussi, ils manquent de concentration. Nous, dans le staff, on est plus vieux, on a vécu des choses qu’ils n’ont pas vécues. On leur a dit de ne pas se préparer à une qualification mais à souffrir. Qu’ils se préparent à la difficulté, pas à la facilité. Envisageons que nous pourrions jouer une prolongation. Envisageons même les tirs au but. Il faudra être capable de jouer les deux, qu’on y soit préparés.»
Interdiction totale de s’y voir. Le staff eschois exclut aussi totalement de parler, de près ou de loin, de la suite. Il refuse aussi de s’étendre sur le principe de séparation de l’effectif en une équipe «européenne» et une autre de «DN». Les sacro-saints principes d’humilité et d’unité doivent prévaloir jusqu’au coup de sifflet final. Après avoir été fessé par les Lincoln Red Imps au 1er tour de la Ligue des champions, le Fola ne veut pas se permettre de dire qu’il croit à l’exploit. Car il a beau être favori, cela n’en demeurerait pas moins un exploit, venant d’une équipe qui, comme le F91 de 2019, a dû se réinventer totalement en un temps record. Belle parenté…
Julien Mollereau