La Grèce était mardi en proie à de nouveaux feux de forêt, en particulier au Nord d’Athènes, où quelque 300 personnes ont été évacuées selon les pompiers, tandis qu’en Turquie, où les feux ont fait huit morts, les flammes se rapprochent d’une centrale thermique à Milas, dans le Sud du pays.
Mardi après-midi, le feu n’était toujours pas contrôlé et a dépassé « le point critique » selon le maire de Milas (Sud) Muhammet Tokat. « Si nous ne pouvons arrêter l’incendie par une intervention aérienne (…), il se dirigera vers la centrale thermique. La situation est très sérieuse », s’était-il alarmé lundi soir dans une vidéo qu’il a partagée sur Twitter.
La Turquie subit les pires incendies depuis une décennie, qui ravagent des forêts et des terres agricoles, ainsi que des zones habitées sur les côtes méditerranéennes et égéennes.
Conditions extrêmes
En Albanie voisine, un homme de 64 ans a été tué mardi dans un feu de forêt dans la région de Gjirokastrale (sud), où des centaines de pompiers et de soldats luttaient contre plusieurs dizaines d’incendies, a annoncé la police. Au total, neuf foyers étaient actifs mardi soir dans le pays.
Plus au Sud, la Grèce a été confrontée à près de 80 feux mardi, dont 40 encore actifs, selon le ministre adjoint à la protection civile, Nikos Hardalias. « Nous faisons face à des conditions extrêmes avec des températures autour de 45°C en Attique », a-t-il déclaré.
Après le mont Penteli la semaine dernière, c’est le mont Parnès, la deuxième des trois collines qui encadrent Athènes, qui était en feu mardi, répandant d’épaisses fumées sur la capitale grecque. Les feux s’approchant des habitations, trois villages ont été évacués au pied du mont Parnès, à une trentaine km au nord-ouest d’Athènes, selon les pompiers. « C’est une tragédie », a confié sur la chaîne de télévision Skai Spyros Vrettos, le maire du chef-lieu, Acharnon. « Mais heureusement, la vie d’aucune personne n’est en danger ».
En Turquie et à Chypre, d’intenses vagues de chaleur ont vu les températures au niveau du sol grimper jusqu’à plus de 50 degrés Celsius pour la deuxième fois en un mois, a indiqué mardi l’Agence spatiale européenne (ESA). Ces températures sont celles que l’on ressentirait si l’on touchait le sol à un endroit donné, selon les explications de la Nasa.
Ces derniers jours, des températures supérieures à quarante degrés (dans l’air), dans plusieurs villes de Turquie, ont provoqué une augmentation record de la consommation d’électricité, donnant lieu à des coupures de courant lundi dans les grandes villes comme Ankara et Istanbul. Une équipe de l’AFP dans la ville égéenne de Marmaris a vu des agriculteurs sortir leurs animaux de leurs étables en feu et les conduire vers une plage. « Une de mes vaches est morte. Elle a brûlé. Je n’ai jamais vu quelque chose comme cela. Je ne peux même pas appeler cela un feu. C’était comme une bombe », a raconté Mevlut Tarim, un paysan de Hisaronu, près de Marmaris.
Manque de bombardiers d’eau
L’Union européenne a envoyé trois avions bombardiers d’eau pour aider la Turquie à lutter contre les incendies. Ankara avait déjà emprunté des avions auprès de la Russie, de l’Ukraine, de l’Azerbaïdjan et de l’Iran, mais le pays ressent cruellement les conséquences de la disparition graduelle de sa propre flotte de Canadairs depuis quelques années.
Le principal parti d’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), a reproché au président turc Recep Tayyip Erdogan d’avoir démantelé l’infrastructure d’une organisation semi-publique qui détenait dans le passé des bombardiers d’eau et qui était en charge de la lutte contre les incendies.
Le chef de l’Etat turc a aussi suscité la colère de nombreux Turcs sur les réseaux sociaux pour avoir jeté des sachets de thé à des habitants confus alors qu’il visitait la ville touchée de Marmaris avec une forte escorte policière le week-end dernier. Face aux voix croissantes sur les réseaux sociaux reprochant au gouvernement une intervention insuffisante, le chef des communications de la présidence Fahrettin Altun s’est plaint des « fausses nouvelles » qui seraient partagées pour donner l’impression d’une Turquie « faible ».
Le Haut Conseil turc de l’audiovisuel (RTUK en turc) a de son côté mis en garde les chaînes de télévision contre la diffusion d’informations sur les incendies qui pourraient « provoquer la peur et l’inquiétude » au sein de la population.
LQ/AFP