COUPE D’EUROPE À BALIKESIR Une fois la déception de sa non-sélection olympique passée, Bob Haller est reparti au boulot. Et ça paie avec une 6e place en Turquie.
Le coup avait été très dur à encaisser : même s’il avait globalement une meilleure saison que son compatriote, c’est bien Stefan Zachäus qui avait été retenu par la FLTRI pour représenter le Luxembourg aux JO de Tokyo. Bob Haller, qui rêvait de vivre enfin le rêve olympique, devra patienter trois ans de plus au minimum.
Mais le garçon est un compétiteur. Et sitôt acquis le fait qu’il ne serait pas au Japon, il s’est tout de suite tourné vers Paris. Après tout, les prochains JO sont déjà demain. En effet, la période de qualification devrait débuter dès le mois de mai prochain. Et cette fois, Bob Haller veut mettre d’entrée toutes les chances de son côté. Et ça commence par l’assurance de pouvoir participer aux plus grandes courses du monde, les Coupes du monde et les WTS, celles qui apportent le plus de points. C’est donc dans cette optique qu’il a décidé de se présenter, samedi, au départ de la Coupe d’Europe de Balikesir avec pour objectif de prendre un max de points pour progresser un ranking mondial : «Je ne veux pas devoir attendre le dernier moment pour savoir si je peux participer ou non. Je veux tout de suite avoir un classement qui me permet de programmer mes courses et de tout faire correctement.»
Mais tout ne se présentait pas sous les meilleurs auspices pour le protégé de Thomas Andreos. En effet, il a contracté le covid et a dû respecter la traditionnelle quarantaine si bien que, s’il a pu continuer de s’entraîner en course à pied et vélo, il n’a pas pu nager pendant une bonne dizaine de jours : «J’étais fatigué. C’était dur de s’entraîner. Les médecins m’ont même dit que je n’aurais pas dû le faire», reconnaît-il. Avec un mental «pas au top», il a dû puiser dans ses réserves pour aller chercher ce qu’il fallait. Finalement, il était prêt à prendre le départ, samedi : «J’ai pu faire une bonne semaine d’entraînement et cette Coupe d’Europe c’était un bon moyen de voir où on en était.» Mais évidemment, tout n’allait pas se passer comme il en rêvait : «Je sors de l’hôtel et après 20 m, je crève. Je vais voir la réception pour qu’on m’envoie un taxi. Mais comme toutes les routes sont fermées, il met un temps fou à arriver. J’arrive sur place vers 11 h, je cours avec le vélo sur 500 m pour aller voir le mécano pour qu’il me règle mon problème de crevaison. Pendant ce temps, je fais 7 minutes d’échauffement en course à pied, je vais reprendre mon vélo, je retourne à l’athlete’s lounge, je m’échauffe cinq minutes avec les élastiques pour la natation. Il me reste ensuite 5 minutes pour me changer et courir au départ à 500 m. J’ai pu tourner les bras deux minutes et c’était parti.»
Mentalement, j’étais très fort aujourd’hui
S’il prend un bon départ, au bout de 250 m, il est incapable de suivre le rythme en natation : «Je n’étais pas prêt pour ça», confie-t-il. Il laisse donc échapper un premier groupe et se retrouve dans un deuxième pack à vélo : «Il y avait huit mecs devant. Dans mon groupe, j’ai essayé de rouler, mais il n’y avait que deux ou trois autres qui travaillaient. J’ai bossé pendant trois tours sur quatre et j’ai levé le pied dans le dernier et comme tout le monde l’a fait, on n’est jamais revenus sur eux. Et on a perdu pas mal de temps sur le premier groupe.» Mais une fois le vélo posé, le triathlète luxembourgeois se lance dans une course effrénée : „Je pars troisième de mon groupe. Pevtsov et Mengal me dépassent, je ne peux pas les rattraper mais je ne suis jamais très loin d’eux. Au début du deuxième tour, je suis encore 11e et je commence à reprendre des mecs du premier groupe. Ça me donne de la motivation et de la confiance.“ Sur les huit du premier groupe, ils seront trois à prendre les trois premières places. Derrière on retrouve Mengal, Pevtsov et… Bob Haller, sixième, qui signe son meilleur résultat en carrière en Coupe d’Europe : «C’est bien. Mais je me dis que si j’avais fait une natation juste correcte, j’aurais pu attraper le premier groupe à vélo et au vu de ma perf en course à pied j’aurais pu faire un podium.» Et de conclure : «Je pense que, mentalement, j’étais très fort aujourd’hui.»
Ce déplacement turc est de toute façon une bonne chose puisqu’il devait au moins faire un top 12 pour que ce soit rentable. Avec ce top 6, il va prendre quelques points précieux qui devraient le faire un peu progresser au ranking mondial. On retrouvera Bob Haller le 20 août à Edmonton, à l’occasion des finales. Il sera ensuite à Hambourg en septembre avant de prendre part aux championnats d’Europe à Valence, une semaine plus tard.
Romain Haas
Le classement
1. Lasse Nygaard-Priester (All) 52’31″; 2. Simon Westermann (Sui) à 45″; 3. Johannes Vogel (All) 57″; 4. Arnaud Mengal (Bel) 1’19″; 5. Rostislav Pevtsov (Aze) 1’24″; 6. Bob Haller (Lux) 1’27″…