(J-8 avant la reprise) L’UNA a par la force dû changer de coach. Son président, Luc Hilger, a pris Christian Lutz pour faire de cette petite déception une chance. Mais que doit-il espérer cette saison ?
Que vaut Strassen ? On aimerait bien savoir ce qu’en pense son patron, Luc Hilger, mais sûrement a-t-il lui-même du mal à situer ce que son club peut bien faire dans ce contexte ultra-compétitif à six voire sept postulants pour l’Europe. Naviguant depuis plusieurs années entre les 5e et 10e places, dans un vaste ventre mou qui lui évite généralement toute tracasserie de fin de championnat mais la laisse tout aussi systématiquement à l’abri d’avoir à se demander si elle peut viser une place d’honneur, l’UNA n’a pas d’autre choix que de construire patiemment pour attendre son heure. Plus tard. Souvent plus tard. Toujours plus tard ?
On le déterminera dans les saisons à venir mais avec moins de moyens que d’autres, l’UNA a encore bâti un effectif solide avec un nouveau capitaine à la barre. Hilger rêvait que Manuel Correia puisse faire monter la mayonnaise sur le long terme, mais les contingences personnelles de son homme fort ont eu raison de son investissement. C’est peut-être une chance pour le club puisque si cet homme à l’investissement jamais remis en question reste au contact du club, Strassen a dû se lancer dans un pari qui n’en est pas un en recrutant Christian Lutz. Hilger l’a directement brossé dans le sens du poil et mis sous pression en affirmant tout de go qu’il pourrait bien être «le nouveau Toppmöller». Belle filiation. Impressionnante aussi. Et qui a l’inconvénient de son avantage : quand il était à Hamm, Toppmöller n’a rien pu faire d’autre que de maintenir le club à un niveau très appréciable sans pouvoir passer au-dessus de ses limites financières et structurelles. C’est au F91, avec un vrai grand portefeuille, que Toppmöller est devenu Dino, entraîneur à succès sur la voie du professionnalisme.
Pas de surprise en théorie
Lutz à Strassen, est donc là pour se chercher personnellement mais aussi faire du gagnant-gagnant, c’est-à-dire faire grandir lentement le projet. L’UNA, cette saison, n’aura vraisemblablement que ça à penser : assurer tranquillement son maintien, faire grandir ses jeunes, attendre ses nouvelles infrastructures qui pourraient lui faire passer un nouveau cap. On appelle ça de la gestion intelligente.
Pour l’aider, il y a eu un recrutement comme d’habitude au stade Jean-Wirtz : pas pourri du tout. Avec en tête de gondole une très bonne pioche, l’un des buteurs du Swift Nicolas Perez. Ce dernier a fini la saison dernière en boulet de canon et s’il tient ce rythme, il pourrait tirer tout le monde vers le haut, y compris Benjamin Runser, qui se bonifie avec l’âge et vient de signer, lui, sa saison la plus prolifique.
Si l’on a le loisir de se demander ce que le secteur offensif pourra bien produire, c’est que derrière, on reste sur du solide. Du Lourenço et son sens de la dernière passe. Du Lahyani et son abattage incessant. De l’Agovic, du Bernardelli et du Siebenaler pour verrouiller. Il n’y aura théoriquement pas de surprise avec ce Strassen-là. C’est la force de l’habitude qui l’a conduit là, à cette certitude qu’il a de quoi être tranquille, malgré un changement de coach, malgré une division très compétitive. Et la tranquillité, ça n’a pas de prix. Mais ça a un coût : dur de l’imaginer faire beaucoup mieux qu’un bas de première partie de tableau… si la saison est réussie.
Julien Mollereau