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Nigeria : une attaque de Boko Haram fait 150 morts


Capture d'écran réalisée le 2 octobre 2014 d'une vidéo diffusée par Boko Haram, montrant le chef de file du groupe islamiste nigérian, Abubakar Shekau. (Photo : AFP)

Près de 150 personnes sont mortes noyées ou ont été abattues alors qu’elles fuyaient une attaque du groupe islamiste Boko Haram dans un village reculé de l’Etat de Yobe, dans le nord-est du Nigeria, ont déclaré des habitants mardi.

Des dizaines de membres de Boko Haram, arrivés sur des motos et dans une voiture ont attaqué jeudi dernier le village de Kukuwa-Gari, provoquant la panique parmi ses habitants.

Les hommes de Boko Haram « ont immédiatement ouvert le feu, ce qui a poussé les habitants à la fuite. Ils ont abattu plusieurs personnes. Malheureusement, beaucoup d’habitants qui tentaient de s’échapper ont sauté dans la rivière, qui est haute à cause des pluies. Beaucoup se sont noyés », a déclaré à l’AFP un villageois, Modu Balumi.

« Selon notre dernier bilan, nous avons 150 personnes qui ont été soit abattues, ou qui se sont noyées durant cette attaque. Les hommes armés ont délibérément tiré sur un pêcheur qui tentait de secourir les villageois qui étaient en train de se noyer », a-t-il dit.

Il a ajouté que les corps de nombreuses victimes avaient été retrouvés par des habitants à plusieurs kilomètres du village.

L’annonce de cette attaque a été retardée à cause de la destruction par Boko Haram des réseaux téléphoniques dans les environs du village, situé à environ 50 kilomètres de Damaturu, capitale de l’Etat de Yobe, depuis le début de leur insurrection en 2009.

« La plupart des habitants, majoritairement des femmes et des enfants, ont couru vers la rivière dans la panique. Ils ont été pourchassés par des hommes armés qui continuaient de tirer dans leur direction. Dans une tentative désespérée de leur échapper, ils ont sauté dans la rivière qui débordait », a raconté Bukar Tijjani.

Un responsable du gouvernement local a confirmé cette attaque, en faisant état de son côté d’un bilan d’environ 50 morts.

Un village encore sous le choc

L’embuscade est survenue pendant la haute saison des pluies dans cette région. La majorité des cours d’eau du Nigeria sont alors en crue et peuvent atteindre un débit dangereux.

Le village était encore sous le choc d’un autre raid mené par des membres présumés de Boko Haram, le 31 juillet, quand au moins 10 personnes ont été tuées par des hommes armés qui ont incendié des maisons, des stocks de nourrriture et du bétail.

Le district de Gujba, dans l’Etat de Yobe, où est situé le village de Kukuwa-Gari, a été la cible de nombreuses attaques islamistes par le passé, et Boko Haram s’en est même emparé pendant plusieurs mois, mais aucune violence n’y avait été signalée depuis que l’armée avait repris le contrôle de la zone en mars.

En septembre 2013, de nombreux étudiants avaient été massacrés dans leur sommeil à l’université agricole qui se trouve dans les environs. En février 2014, plusieurs dizaines d’étudiants avaient aussi été exécutés dans leur dortoir à Buni Yadi, le chef-lieu du district.

Boko Haram, qui a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique, avait revendiqué ces deux attaques.

L’insurrection de Boko Haram et sa répression par l’armée ont fait plus de 15.000 morts au Nigeria depuis 2009, essentiellement dans le Nord majoritairement musulman. Sous le mandat du prédécesseur du président Muhammadu Buhari, Goodluck Jonathan, l’armée avait été vivement critiquée pour avoir échoué à contenir l’insurrection islamiste.

M. Buhari, qui depuis son investitutre le 29 mai a érigé en priorité la lutte contre les islamistes, a donné trois mois à ses forces armées pour en finir avec les insurgés de Boko Haram, la semaine dernière.

Mais depuis son arrivée au pouvoir, une nouvelle vague de violences a frappé le nord-est du Nigeria, faisant plus de 1.000 morts dans le pays, selon un calcul de l’AFP. Mais les embuscades mortelles et les attentats-suicides, souvent perpétrés par des femmes, se sont également étendus au Cameroun et au Tchad voisins.

Une Force d’intervention conjointe multinationale (MNJTF), à laquelle doivent participer le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin, a été mise en place pour combattre Boko Haram. Elle doit compter 8.700 hommes et devrait être déployée de façon imminente.

AFP